16 novembre 1643. Jean Chardin chez les Perses

publié le 16 November 2021 à 01h01 par José LONCKE


Jean Chardin (1643-1713) est un voyageur français, connu surtout pour sa relation de ses séjours en Perse au 18ème siècle. Fils d'un bijoutier protestant, Jean Chardin décide de partir pour la Perse et l'Inde à l'âge de 22 ans pour faire du commerce de diamants. Très vite le roi de Perse, Shah Abbas II, en fait son marchand jusqu'en 1670, année où Jean Chardin rentre en France. Il publie alors « Le couronnement de Soleïmann troisième, roy de Perse ».

16 novembre 1643. Jean Chardin chez les Perses
En 1671, il retourne en Perse, en passant par Smyrne, Constantinople, la Crimée, le Caucase et la Géorgie. Il arrive en Perse en juin 1673 et y reste quatre ans. Il entreprend son voyage de retour vers la France en traversant l'Inde et arrive en Europe en 1680, passant par le Cap de Bonne Espérance.

A son retour, les protestants sont persécutés en France. Il s'installe donc en Angleterre en 1681, où le roi Charles II le fait chevalier et le nomme bijoutier de sa cour. En 1682, il devient membre de la Royal Society.

Mais à nouveau le besoin de voyager se fait sentir. Jean Chardin reprend la route, cette fois en tant que représentant de la Compagnie anglaise des Indes Orientales. Direction la Hollande.

C'est à Amsterdam qu'il publie en 1686 la première partie des « Voyages de monsieur le chevalier Chardin en Perse et autres lieux de l'Orient. Un ouvrage qui sera largement salué par Montesquieu, Rousseau, Voltaire et Gibbon. Jean Chardin est alors considéré comme le spécialiste de la culture persane. Aujourd'hui encore ses écrits restent d'un grand intérêt et témoignent de la vie persane de cette époque.

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Voici un extrait de son Voyage en Perse et aux Indes orientales (1673) à propos de la capitale de l’actuelle Géorgie :

« Cette ville (Tbilissi en Géorgie) est une des plus belles de Perse, encore qu’elle ne soit pas fort grande. Elle est située au bas d’une montagne, dont le fleuve Kur lave le pied du côté d’Orient. La ville est entourée de belles et fortes murailles, excepté du côté du fleuve. La place d’armes, qui est au devant, sert aussi de place publique et de marché.

Elle a plusieurs églises, on en compte quatorze. C’est beaucoup dans un pays où il y a très peu de dévotion. Six sont tenues et servies par les Géorgiens. Les autres appartiennent aux Arméniens. La cathédrale qu’on appelle Sion, est située sur le bord du fleuve, et toute construite de belles pierres de taille. C’est un ancien bâtiment fort entier, semblable à toutes les anciennes églises que l’on voit en Orient, qui sont composées de quatre nefs, et dans le milieu est un grand dôme soutenu par quatre gros pilastres, et couvert d’un clocher. Le grand hôtel est au milieu de la nef opposé à l’Orient. Le dedans de l’église est rempli de plates peintures à la grecque, faites depuis peu et par de si mauvais peintres, qu’on a toutes les peines du monde à vouloir reconnaître ce qu’ils ont voulu représenter.

Il n’y a point de mosquée à Tbilissi, quoique cette ville appartienne à un empire mahométan, et qu’elle soit gouvernée avec toute la province par un prince qui l’est aussi. Les persans ont fait ce qu’ils ont pu pour y en bâtir, mais ils n’en ont pu venir à bout. Le peuple se soulevait aussitôt, abattait l’ouvrage, et maltraitait les ouvriers.

Les Géorgiens sont mutins, légers et vaillants. Ils conservent un reste de liberté. Ils sont proches des Turcs. Tout cela empêche les persans d’en venir aux extrémités, et conserve à la ville de Tbilissi et à toute la Géorgie, une heureuse liberté de garder presque toutes les marques extérieures de sa religion.

Tous les clochers des églises ont des croix à leurs pointes. Tous les jours on vend la viande de cochon en public et le vin au coin des rues. Il y a de beaux bâtiments publics à Tbilissi. Les bazars, ce sont les lieux de marché, sont grands, bâtis en pierre et bien entretenus, Les caravansérails, qui sont les demeures des étrangers, sont de même. Il y a peu de bains dans la ville parce que chacun va aux bains d’eau chaude qui sont dans la forteresse. L’eau de ces bains est minérale, sulfurée et très chaude. Les gens qui s’en servent, pour les incommodités et les maladies, ne sont pas en moindre nombre que ceux bien bâtis et bien entretenus ».

Source : Géorgie, Petit futé, 2013, p 141

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