24 août 1572. 450e anniversaire de la mort de Coligny.

publié le 24 August 2022 à 02h01 par José LONCKE

24 août 1572, mort de Coligny lors de la Saint-Barthélemy.


L’amiral de Coligny, la plus haute figure huguenote de son temps, était un grand seigneur protestant qui prit part aux guerres de religion lorsqu’elles éclatèrent. En 1571 il revint à la cour et le roi Charles IX lui fit bon accueil.
Deux ans après la paix de St-Germain, les chefs huguenots sont invités à Paris pour le mariage d’Henri de Navarre.

Itinéraire autour de la famille de Coligny à Paris :

1. Rue de La Chapelle
Le village de La Chapelle se trouva au centre d’un grand combat, la « bataille de Saint-Denis » (10 novembre 1567), que se livrèrent les troupes de Condé et de Coligny, renforcées et la milice parisienne. Inquiétés par l'armée espagnole envoyée depuis le Milanais vers les Pays-Bas en longeant la frontière française pour réprimer la révolte des gueux et par l’entrevue de Bayonne, entre Philippe II d’Espagne et Catherine de Médicis,  les villes protestantes se soulèvent à nouveau. Les troupes de Condé et Coligny campent à Saint-Denis. La milice parisienne est stoppée par le feu des arquebusiers qui ont creusé des tranchées pour s’abriter. L’issue n’est pas claire mais  l’élan de l’armée royale est stoppé. Le 23 mars 1568 est conclut la paix de Longjumeau qui rétablit l’édit d’Amboise.

2. Rue Perrault
Pourtant, le vendredi 22 août 1572, peu après le mariage d'Henri de Navarre (futur Henri IV), Le vendredi 22 Coligny est victime d'une première tentative d'assassinat.  Charles de Louviers, seigneur de Maurevert, tira sur Coligny depuis une maison appartenant à l’ancien précepteur des Guise.  Il est seulement blessé car il avait bougé la tête pour mieux lire un placet qu’on venait de lui remettre (presbytie).
Charles IX se rendit au chevet du blessé, lui promettant justice. Mais l’assassinat de tous les chefs protestants fut alors décidé et dans la nuit du 23 au 24 août 1572 éclata le massacre de la Saint-Barthélemy.


3. La Saint-Barthélemy à Paris
 -Catherine de Médicis, mère du roi Charles IX était jalouse de l'influence que l'amiral de Coligny prenait sur son fils et inquiète de leurs projets de guerre (guerre contre l'Espagne pour soutenir le désir d'émancipation des protestants des Provinces-Unies, qui appartenaient alors à la catholique Espagne). Elle encourage (ou laisse faire) le duc de Guise et le duc d’Anjou à exercer leur vendetta sur l'amiral.
-Charles IX, apprenant par sa mère qu'elle est complice de l'attentat manqué, se lasse convaincre qu'il ne peut sauver la couronne qu'en faisant tuer tous les gentilshommes huguenots rassemblés à Paris pour le mariage d'Henri de Navarre (futur Henri IV) et de Marguerite de Valois (la reine Margot).
-Pour cela, il a besoin du concours du prévôt des marchants et de son prédécesseur ainsi que de la population de Paris. Celle-ci, chauffées par les prédicateurs (déchaînés contre le mariage « non religieux »), et par la peur (de la famine, d’une invasion espagnole) ou encore par le souvenir du siège de 1567,   en font beaucoup plus qu'on ne leur demandait, le 24 août et les jours suivants.
-Dans les provinces, les explications embarrassées du pouvoir royal font croire aux catholiques qu'ils doivent ou qu'ils peuvent suivre l'exemple de Paris.


4. Saint-Germain l'Auxerrois
Le dimanche 24 août 1572, jour de la Saint-Barthélemy, la cloche de Saint-Germain-L’auxerrois, sonnera les matines (5h du matin), ce qui servira de signal au massacre (et non le tocsin).
Le carillon du beffroi de la mairie est, avec ses 40 cloches, un des plus importants de France. En souvenir de la Saint-Barthélemy, il joue tous les jours le cantique de Luther « C'est un rempart que notre Dieu » à 20 h et le dimanche à 12 h 45 (à cause de l’opéra de Meyerbeer, les Huguenots, 29 février 1836)

5. Le 136 rue de Rivoli
Il est emmené dans sa maison, que l’on situe aujourd’hui au 136 de l’actuelle rue de Rivoli. La rue de Rivoli  n'existait pas encore. Mais son côté nord correspond bien sur cette partie, au coté nord de la rue de Béthisy, où se situait l’hôtel de l’amiral. C'est là, à peu près au fond de la cour intérieure de l’immeuble, qu'il fut assassiné le jour de la Saint-Barthélemy

Coligny avait demandé au pasteur Merlin de faire la prière. La menace se précisant, il se confia « en Jésus-Christ son Dieu et Sauveur ».
Après quoi il parla ainsi : « il y a longtemps que je me suis disposé à mourir. Vous autres, sauvez-vous, s’il est possible ; car vous ne sauriez garantir ma vie. »
Il est supplicié : frappé de deux coups d'arquebuse, jeté en bas, frappé au visage, jeté à l'eau, repêché et pendu à Montfaucon (Buttes-Chaumont) : la cour et les dames à la mode venant pendant longtemps se rassasier du spectacle…

Merlin essaya de suivre ceux qui s’échappaient par une fenêtre qui donnait sur les toits. Mais ne pouvant les suivre à cause de sa mauvaise vue, il passa trois jours et demi dans un grenier à foin, entre, entre le mur et le tas, couvert de foin qu’il avait entraîné dans sa chute. D’Aubigné raconte qu’il « fut mort de faim, sans une poule qui en ce temps vint lui pondre « trois oeufs dans la main. » Étant sorti de sa cachette, il trouva asile à l’hôtel de Renée de France, rue Séguier.


6.  Le 6 rue Séguier (ancienne rue Pavée)
Au milieu de la rue existait l’hôtel de Nemours-Savoie. Il s’étendait jusqu’aux 5-7 de la rue des G-Augustins, la  rue de Savoie étant construite au travers de l’hôtel, avec ruelle d’accès par la Seine.
L’hôtel fut habité par la duchesse de Ferrare Renée de France, fille de Louis XII et d‘Anne de Bretagne, élevée par Madame de Soubise qui amena la jeune princesse à partager ses idées évangéliques fut mariée au  duc de Ferrare. Sa cour fut l‘asile des protestants italiens persécutés malgré les rigueurs de son mari. Revenue en France à la mort de celui-ci,  elle fit de son château „L‘Hôtel-Dieu des pauvres persécutés“.

Le jour de la Saint-Barthélemy, plusieurs personnes se réfugièrent « chez la duchesse de Ferrare, rue Pavé. » :
-Louise de Coligny qui réussit à s'échapper par les toits 
-la femme du pasteur Merlin puis Merlin.
-la fille du chancelier Michel de L’Hospital.

7. Les 53 - 57 rue de la Grange aux Belles
Gibet de Montfaucon : le cadavre de Coligny y est pendu par les pieds

8. L'Oratoire du Louvre
Au chevet de l'Église réformée de l'Oratoire du Louvre, s'élève le monument de l'amiral Gaspard de Coligny érigé en 1889 à la suite d'une souscription publique (initiée par le pasteur Eugène Bersier). Il est l'œuvre de l'architecte Scellier de Gisors et du sculpteur Crauck.
Sur le fronton qui le couronne, se trouvent les armes de l'amiral ainsi que sa fière devise: « Je les éprouve tous ».
Aux deux extrémités du socle, des figures de femmes symbolisent respectivement: à gauche, la Patrie tenant une couronne avec l'inscription « Saint-Quentin 1557» (pour rappeler que l'amiral défendit la ville assiégée par les Espagnols); à droite, la Religion portant une palme où se lit la date du 24 août 1572, jour du massacre de la Saint-Barthélemy.
Sur le socle, repose une table de marbre sur laquelle sont gravées ces paroles mémorables du testament de l'amiral:
«J'oublierais bien volontiers toutes choses qui ne touchent que mon particulier, soit d'injures, soit d'oultrages, pourveu qu'en ce qui touche la gloire de Dieu, et le repos public, il y puisse avoir seureté ».
La date de naissance gravée sur le monument est erronée : tous les documents consultés indiquent la date de 1519. C’est son frère Odet qui naquit en 1517.

24 août 1572. Mort de Coligny lors de la Saint-Barthélémy.


9. Rue de l'amiral de Coligny
La rue qui passe devant l'église Saint-Germain l'Auxerrois a reçu le nom de l'Amiral  de Coligny en 1972, pour le quatrième centenaire.

10. Pont-Neuf

Jour qui avec horreur parmi les jours se comptent / qui se marque de rouge, et rougit de sa honte... ». Ces mots du poète protestant Agrippa d'Aubigné sont inscrits sur une plaque inaugurée le 13 avril 2016 au pied du Pont Neuf, à quelques mètres du fleuve où  furent jetés tant de corps.

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