29 mars 1852. Naissance de William Jenkyn Jones (1852-1925), pasteur, évangéliste, prédicateur de l'abstinence alcoolique et véritable auteur de l'hymne breton .
L’hymne gallois : le parolier, Evan James
Tisserand et pasteur, Evan James, de son nom bardique « Ieuan Ap Iago », habitait au sud du Pays de Galles, dans la ville de Pontypridd. Poète à ses heures, il écrivit en 1856, un poème qu’il intitula : « Hen Wlad fy Nhadau », (Vieux pays de mes pères). Cet air peut être comparé à un choral par sa majesté, sa noblesse, son allure recueillie, modérée et régulière. Les couplets et le refrain proclament leur admiration et leur amour pour le pays de Galles.
La terre de mes ancêtres m’est chère ;
Pays ancien où les trouvères sont honorés et libres ;
Les guerriers si nobles et si vaillants
Donnent leur sang et leur vie pour la Liberté.
Vieux pays de montagnes, l’Eden des bardes,
Chaque gorge, chaque vallée conserve son charme ;
Pour l’amour de mon pays, des voix clameront avec enchantement
Pour moi, ses torrents, ses rivières.
Chorus : O mon foyer, je te suis fidèle,
Alors que les mers protègent la pureté de mon pays,
Puisse être éternelle, ma langue ancienne.
L'hymne gallois : le musicien, James James
James James, de son nom bardique, "Iago ap Ieuan", "propre fils d’Evan", musicien amateur, aurait composé la musique 24 heures après que son père ait composé la poésie, la lui jouant sur la telen. Pour d’autres, la mélodie existait, et le père aurait écrit la poésie par la suite.
En 1858, l'hymne fut exécuté lors du fameux "Llangollen Eisteddfed", concours de musique et de poésie, et remporta un immense succès. A partir de là il fut considéré comme hymne national. Cet hymne national est joué aux matches de rugby, entre autres le fameux tournoi des cinq nations.
L'hymne breton
L’hymne breton « Bro Goz ma Zadou » (Vieux pays de mes Pères) dont la musique est rigoureusement la même que celle de l’hymne gallois, aurait été composé entre 1897 et 1900, par le militant breton Taldir Jaffrennou.la première publication date de 1900.
Hymne breton « Bro goz ma Zadou » écrit entre 1897 et 1900
Nous bretons de cœur, aimons notre vrai pays.
Le pays d’Armor est renommé dans le monde des alentours,
Sans peur au milieu de la guerre, nos pères si bons
Versèrent pour lui leur sang.
Il n’y a aucun pays que j’aime autant dans le monde,
Chaque mont, chaque vallée est chère à mon coeur.
Les bretons sont gens solides et forts
Il n’y a pas de peuple aussi courageux sous le ciel.
Refrain : O Bretagne mon pays ! J’aime mon pays,
Tant que sera la mer comme un mur autour,
Sois libre mon pays !
Ce texte est celui qui est chanté actuellement à travers la Bretagne, adopté en 1902, en tant qu’hymne national breton, par le « congrès de l’Union régionaliste bretonne »
Mais Jaffrennou se serait inspiré très largement d’un cantique qui fut écrit deux années avant, en 1995, par le pasteur protestant William Jenkyn Jones.
Ce dernier fit éditer en 1895, trois recueils de cantiques en breton. Le cantique 77 se trouve bien être à l’origine de l’hymne breton. Il se chantait sur l’air de l’hymne gallois.
Cantique 77 « Doue ha va bro » (Dieu et mon pays » écrit en 1895)
Chaque breton chaleureux aime sûrement son pays
Le pays d’Armor est renommé dans le monde des alentours ;
Dans la guerre, nos ancêtres courageux
Versèrent pour lui leur sang.
Les breton, hommes durs, sont forts comme le chêne ;
Il n’y a pas de pays comme la Bretagne sous le ciel
Nous chérissons chaque mont, chaque vallée
Nos pères les peignirent de leur sang.
Refrain : O, ma patrie ! J’aime mon pays,
Tant que sera la mer comme un mur autour,
Sois libre toujours mon pays.
C’est un hymne à portée humaniste. La lecture des deux textes, le cantique et le chant de Jaffrennou, se passe de commentaire. Le plagiat est flagrant. C’est donc bien le pasteur William Jenkyn Jones qui est le véritable auteur. Il a d’ailleurs protesté contre le « vol » de son texte dans une lettre adressée de Quimper en 1904, à la librairie Le Dault qui attribuait la paternité à Jaffrennou.
« Je vous fait remarquer cette date (1895), car il paraîtrait que le cantique 77, le dernier du recueil, se fait chanter sous une forme un peu modifiée comme étant la composition d’un autre, et quoique ne me présentant pas au rang des poètes je n’hésite pas à dire que l’hymne national volé à un gallois ne vaut pas l’original. « Spoilt in the stealing » (volé et gâté), comme le disait le grand critique Macaulay. Je ne comprends pas cette ambition de faire sa réputation avec la propriété d’autrui, car tôt ou tard la déloyauté se fait jour. Il est vrai que l’idée n’est pas volée… »
Sources : L’Europe des hymnes, pp 97-100 ; Bourguet, Samuel, Un pionnier de l'évangelisation en Bretagne : William Jenkyn Jones, Éditions "Je Sers", Clamart, 1927.