Au début du 17ème siècle naquit en Pologne un certain Albert Bobowski (1610-1675). Encore enfant il fut victime d’une razzia des Tartares. Vendu comme esclaves au sérail de Topkapi, Albert reçu une éducation raffinée. Converti de force à l’islam, le jeune homme resta secrètement chrétien de cœur.
Albert, ou plutôt Ali Bey, rencontra l’ambassadeur hollandais, lequel le persuada de traduire la Bible en langue turque. Albert-Ali Bey acheva cet énorme travail en 1666. Mais il ne vit jamais sa traduction publiée. Mais cette traduction qui devait si longtemps demeurer inutile avait déjà accompli une grande oeuvre, elle avait ramené son auteur à la foi chrétienne.
Ali Bey, dit l'histoire, était décidé à rentrer dans le sein de l'Église chrétienne en recevant le baptême. La mort, malheureusement, survint avant qu'il eût accompli son dessin. Il est permis de penser que l'étude des Écritures n'était pas étrangère à sa décision.
Pendant cent cinquante ans, le manuscrit d'Ali Bey dormit à l'Université de Leyde.
Le 3 mars 1796, Jean Daniel Kieffer (1767-1833) est nommé interprète à l’Ambassade de France à Constantinople. Il sera emprisonné (sept. 1798-fin août 1801)….
En juillet 1817, le comité de la Société biblique britannique demanda à Kieffer de continuer la révision et la publication de la Bible turque. Kieffer accepta. L'Université de Leyde consentit à prêter le manuscrit.
En 1827, M. Kieffer qui, entre temps, en 1820, était devenu le premier agent de la Société en France, achevait la révision et la publication de la version d'Ali Bey, et le précieux manuscrit reprenait sa place à l'Université de Leyde, après avoir enfin, au bout d'un siècle et demi, "servi dans la maison de Dieu comme un vase d'honneur".
Et il fallut attendre 1941 pour que la traduction de la totalité de la Bible « Ali Bey » paraisse enfin à Istanbul.
Didier Decoin, Dictionnaire amoureux de la Bible, p 628.
Lortch, Histoire de la Bible