L'Écriture, l'Église et le baptême

Extrait Le baptême

Nous sommes heureux de présenter à nos lecteurs le texte du dialogue entre les Églises luthériennes et réformées de France et la Fédération des Églises baptistes. Il existe beaucoup de dialogues avec l’Église catholique, mais jusqu’à présent, les protestants français ont relativement peu abordé, entre eux, les sujets difficiles. À l’heure où les relations entre évangéliques et luthéro-réformés se développent, ces textes pourront permettre d’avancer dans une meilleure compréhension mutuelle entre protestants.

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L'Écriture, l'Église et le baptême

INTRODUCTION

Les Églises membres de la Fédération des Églises Évangéliques Baptistes de France (FEEBF) et du Conseil Permanent Luthéro-Réformé (CPLR), qui sont toutes issues de la Réforme et membres de la Fédération protestante de France, sont engagées depuis longtemps dans le dialogue œcuménique avec d’autres Églises (catholique, anglicane etc.). Elles ont souhaité, en 2001, mettre sur pieds un groupe de dialogue pour étudier un certain nombre de questions.

Il s’agissait pour le groupe de vérifier ensemble la possibilité d’un consensus relatif à la compréhension de l’interprétation de la Bible, de la conception de l’Église et de ses ministères, et d’aboutir enfin à la présentation de propositions sur la pratique du baptême.

Nos travaux ont été portés et encouragés notamment par la publication par la Communion d’Églises Protestantes en Europe (CEPE) et la Fédération Baptiste Européenne (FBE) du document « Le début de la vie chrétienne et la nature de l’Église », adopté en 2004 à Prague. Ce dialogue a abouti à trois textes :
  « La Bible et son interprétation »
  « L’Église »
  « Propositions et questions sur la pratique du baptême ».

Si « la question du baptême qui subsiste comme la seule difficulté réelle sur le chemin d’une pleine communion ecclésiale » n’est pas ici réglée, il n’en demeure pas moins que la volonté clairement exprimée dans ces documents d’avancer ensemble constitue un réel encouragement à poursuivre le dialogue. L’étude et la mise en œuvre par les responsables de communautés des « propositions et questions sur la pratique du baptême » devraient contribuer sans aucun doute à une meilleure connaissance réciproque des partenaires, et, plus que cela, à un renforcement des liens qui unissent déjà nos Églises.

I. LA BIBLE ET SON INTERPRÉTATION

La question du statut des Écritures et de leur interprétation n’apparaît plus aujourd’hui comme un élément séparateur entre nos Églises. Toutes nos Églises sont en effet traversées par des types de lecture différents, même si des accentuations spécifiques continuent d’exister et sont sans doute pour la plupart fécondes.

Le statut de la Bible

Nous sommes tous d’accord pour affirmer que les Écritures sont « la suprême référence pour éprouver toute croyance, toute tradition et toute pratique religieuse »(1).
Dans le débat sur le thème « Tradition et Église », la Réforme a mis plus particulièrement l’accent sur la distinction entre les Écritures et l’Église. Bien que l’Église se fonde sur la prédication des apôtres, et donc sur les Écritures, celles-ci restent une instance critique de l’Église, qui peuvent remettre en question l’enseignement, les doctrines et les pratiques ecclésiales. Ainsi les confessions de foi de la Réforme affirment la nécessité de leur propre révision au cas où il s’y trouverait quelque chose de contraire à l’Évangile. La vocation et la finalité des Écritures consistent aussi à interpeller l’Église, voire à s’opposer à elle, non à la justifier. Les Écritures sont un don du Saint-Esprit à l’Église. C’est en ce sens que nous disons que la Bible est inspirée par Dieu.

La nature de la Bible

Quand nous disons : « La Bible est la Parole de Dieu », cette affirmation s’entend de deux manières.

• Elle est une formule condensée pour exprimer l’idée que la Bible porte le témoignage de la Parole que Dieu adresse aux hommes. La Parole de Dieu est avant tout une personne, le Christ, Parole faite chair, et ne se réduit pas à une doctrine ou un ensemble de vérités scripturaires. La relation à Dieu reste ainsi dans le domaine du vécu, comme une réalité dynamique, et non seulement intellectuelle ou morale. Les Écritures elles-mêmes nous mettent en garde contre toute tentation bibliolâtre en renvoyant à celui dont elles témoignent : « Vous sondez les Écritures parce que vous pensez avoir en elles la vie éternelle : ce sont elles qui rendent témoignage de moi. Et vous ne voulez pas venir à moi pour avoir la vie » (Jn 5.39-40).

Il ne faut donc pas confondre le « Seigneur des Écritures » (Jésus-Christ) et « la servante du Christ » (la Bible)(2). La fonction de la Bible n’est pas de délivrer un savoir infaillible sur l’histoire, la science ou bien de fournir des explications sur les énigmes du monde. La Bible a autorité parce qu’elle est inspirée et parce qu’elle permet avec l’assistance du Saint-Esprit la rencontre du Christ dans la foi. Il faut respecter la Bible pour ce qu’elle est, l’humble servante du Christ venu manifester que l’homme est aimé de Dieu par grâce et sans condition.

• Cette affirmation doit être comprise également dans le sens que la Bible est un livre inspiré par Dieu, mais écrit par des hommes. Elle n’a pas été dictée, mais inspirée, selon des modes variés : compilation de documents historiques, collecte et comparaison de témoignages, reprise voire refonte de traditions anciennes, réflexion sapientielle, inspiration prophétique, apocalyptique, etc. Il n’y a rien de mécanique dans l’inspiration.

Dans une telle conception de l’inspiration, les auteurs ne sont pas considérés comme étant passifs, mais comme étant réceptifs et comme tels actifs. La Parole de Dieu est pleinement leur parole, exprimée dans leur langage. Les écrits portent bien sûr la marque personnelle de leurs rédacteurs ainsi que celle de leur contexte historique et culturel. C’est quand il est mû par Dieu que l’homme est véritablement libre et créatif.

Tout en reconnaissant la diversité des styles, des auteurs et des époques qui marquent les livres bibliques ainsi que la nécessité d’un travail scientifique, par exemple sur le plan textuel pour établir avec une assez grande certitude un texte proche des manuscrits originaux, les Écritures sont reçues par tous comme la Parole de Dieu, une parole pertinente pour notre temps et indispensable pour nourrir la foi du croyant. Par elles, nous pouvons connaître Dieu se révélant en Christ et leur témoignage est digne de confiance.

Avant d’avoir été mise par écrit dans la Bible, la tradition apostolique a d’abord été prêchée, proclamée oralement : les Écritures sont la parole des prophètes et des apôtres mise ultérieurement par écrit.

Les Baptistes insisteront davantage sur la continuité entre tradition orale et mise par écrit.

La Bible rapporte une histoire, l’histoire de Dieu avec l’humanité, l’histoire de l’alliance de Dieu avec les hommes. Cette alliance toujours renouvelée, car toujours abandonnée par les hommes, trouve son plein accomplissement en Jésus-Christ. Elle se tisse en particulier dans l’histoire du peuple d’Israël, dans celle de Jésus de Nazareth confessé comme Seigneur et dans celle des communautés chrétiennes primitives. Cette histoire, et sa mise par écrit, sont confessantes : la Bible est écrite par des hommes qui ont entendu une Parole, qui ont vécu l’alliance avec Dieu et en sont les témoins.

Le récit des événements rapportés est au service du témoignage de la présence de Dieu dans l’histoire. Nous croyons que Dieu est présent dans l’histoire de l’humanité comme dans notre histoire. L’inspiration des Écritures signifie alors que la Bible est une parole susceptible de bouleverser, de retourner et de vivifier notre marche sur les chemins de la vie. Inspirée par Dieu, elle est une Parole qui traverse les temps et qui est pertinente pour aujourd’hui.

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Informations complémentaires

Membres du groupe de dialogue :
CPLR : F.Clavairoly, M.Cordier, É Cuvillier, A.Nouis, P.Hickel.
FEEB : L.Schweitzer, A.Nisus, É.Lhermenault.
Invités : C.Baty (UUEL), G.Daudé (FPF).

1. Confession de foi de la Fédération des Églises Évangéliques Baptistes de France
2. Martin Luther

 

 

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