Introduction
Un peu partout, dans les Églises, des petits groupes se développent. Volontairement ou en réaction, cette « forme » de vécu d’Église est adoptée par de plus en plus de personnes.
Même si les chiffres datent un peu, aux États-Unis, par exemple, on estime qu’en 2009 entre six et douze millions d’Américains fréquentaient des Églises de maison(1). Ainsi, 75 % des Américains considèrent que les Églises de maison sont de véritables alternatives bibliques par rapport aux Églises traditionnelles(2). Elles jouissent ainsi d’un sentiment très élevé de satisfaction parmi ceux qui y participent(3).
Dans cet accroissement de la pratique des petits groupes dans l’Église, l’un des exemples les plus connus est l’Église du Plein Évangile de David Yonggy Cho, en Corée, qui en quelques années a eu une croissance extraordinaire en se basant sur des petits groupes. Ceci confirme en quelque sorte, le constat de Christian Schwarz qui fait de la présence de groupes de maison le critère le plus significatif parmi ses huit critères de qualité de développement de l’Église(4).
Pourtant, il semble qu’il n’y a là rien de vraiment très nouveau ! Ainsi, dès le Nouveau Testament, il est fait mention d’Églises de maison comme par exemple en Romains 16.5 ; 1 Corithiens 16.19 ; Colossiens 4.15 et Philémon 1.2(5). Il faut y voir la maison (oikos en grec) à la fois comme un lieu, mais aussi « en tant qu’unité identifiable de la communauté chrétienne primitive(6) ». Ainsi, ces rencontres peuvent légitimement et théologiquement être appelées des Églises.
On considère ainsi qu’il y avait des « Églises de maison » à Jérusalem, à Antioche, dans les villes où Paul avait été missionnaire. Ainsi, les maisons ont joué un rôle important dans l’évangélisation de l’Église primitive. Une des explications de cette influence si grande des Églises de maison réside dans leur petite taille, facilitant ainsi les échanges et ne permettant pas au groupe de grandir de façon illimitée.
Toutefois, faut-il, comme Ralph Shallis, y voir un modèle(7) ? Tout d’abord, comme le fait remarquer Roger W. Gehring, d’autres groupes religieux à cette époque se réunissaient dans les maisons : culte de Mithra, culte à mystère(8)... Enfin, on ne peut pas seulement prendre en compte la dimension de la maison comme facteur unique expliquant la croissance si rapide de l’Église. Il nous semble donc plus opportun de considérer les Églises de maison comme une réalité et non comme un modèle.
À partir de cette réalité, on constate qu’au travers d’un survol historique rapide, les « petits groupes » ont toujours été présents dans l’Église(9). Il est possible de faire les constats suivants : tout d’abord la forme des Églises de maison a perduré jusqu’à l’institutionnalisation de l’Église ; par la suite, on a comme cherché à retrouver cette forme, mais jamais totalement. Ces formes de petits groupes, et plus particulièrement dans les maisons, ont été présentes dans un contexte de renouveau spirituel, pour aider à faire des disciples, favoriser la croissance spirituelle et entraîner ainsi une plus grande préoccupation pour l’évangélisation. On a donc encouragé et favorisé des petits groupes qui ont pris des formes diverses et variées au niveau du vécu et du contenu. De plus, on a toujours vu une tension entre dépendance et rupture, inhérente au lien avec un grand groupe, souvent considéré comme l’Église réelle.
À partir de ce constat, il semble pertinent de proposer une typologie des Églises intégrant des petits groupes, afin de mieux appréhender, comprendre et accompagner cette dynamique actuelle des petits groupes.
Typologie des Églises intégrant des petits groupes
Aujourd’hui, plusieurs formes d’Églises se prévalent de l’Église primitive. Elles intègrent, en particulier, dans leur organisation, des petits groupes. Dans toutes ces formes d’Églises, plusieurs parlent d’Églises de maison, d’Églises dans les maisons ou tout simplement de rencontres de petits groupes dans les maisons… Cela laisse apparaître un certain flou et une complexité de définition. Ainsi, nous proposons d’élaborer une typologie. Pour cela, deux critères nous semblent utiles à considérer : la nature des petits groupes et les rapports du petit groupe avec l’Église.
1 Définition des critères
1.1 La nature des petits groupes
Comme nous l’avons vu dans la partie précédente, on se rend compte qu’il peut exister différentes formes de petits groupes. C’est également le cas aujourd’hui et, afin de proposer une classification adéquate des Églises intégrant des petits groupes, il est nécessaire de définir les types de petits groupes dont nous parlons.
1.1.1 Des classifications des petits groupes à plusieurs critères
Dans un premier temps, nous proposons ici de recenser de façon non exhaustive quelques approches de classifications de petits groupes. Mike Law propose, par exemple, ...