EXIT

Rie est une journaliste danoise. Elle visite le chantier du métro de Copenhague pour réaliser des portraits d'ouvriers dans le cadre d’un projet sur la coopération européenne. Mais sous terre, un incident se produit. Elle se retrouve bloquée dans un sas de décompression aux côtés de deux ouvriers.

Exit revisite avec brio le genre du film catastrophe, de façon assez radicale et sombre. Minimaliste, le film est réalisé pratiquement sans effets spéciaux mais au plus proche de l’angoisse. C’est remarquablement immersif : claustrophobique, étouffant, éprouvant. Mais ce n’est pas qu’un film catastrophe efficace. Il y a incontestablement une dimension socio-politique dans ce récit : ce n’est pas un hasard si cette journaliste danoise, qui prend des photos et pose des questions un peu naïves aux ouvriers sur la grandeur du projet européen, se retrouve coincée sous terre avec un ouvrier croate séparé de sa famille et un réfugié érythréen sans doute clandestin…

Là, ils sont logés à la même enseigne, et vont devoir lutter pour survivre.

Dans ce contexte de crise extrême, le film revêt aussi une portée métaphysique : sous terre, animé du seul instinct de survie, le tréfonds de l’âme humaine se révèle... et ce n’est pas forcément joli. Sans dévoiler les rebondissements et le dénouement de l’histoire, disons simplement que nos trois héros vont démontrer que la nature humaine n’est pas faite que de solidarité et d’altruisme… Et de ce point de vue, le plan final est assez terrible.

J’ai choisi ce film parce qu’il prend le contrepied du dossier de ce numéro. Pour mesurer la valeur de l’engagement bénévole, du don de soi sans attendre de contrepartie, il n’est pas inutile d’avoir conscience des zones d’ombre qui résident en chacun de nous et qui altèrent notre humanité. Choisir la générosité et l’altruisme, c’est parvenir à surmonter ces zones d’ombre et se montrer vraiment humain, à l’instar de Celui qui nous appelle à aimer notre prochain.