En Iran, de nos jours, une famille est en route vers la frontière. À l’arrière, le père, un peu bourru, a la jambe dans le plâtre (mais se l’est-il vraiment cassée ?). À ses côtés, le jeune fils, plein d’énergie et de bonne humeur, s’agite sans cesse. Devant, la mère fait bonne figure, mais on sent qu’elle se retient sans doute de pleurer. Quant au grand frère, au volant, il reste silencieux, visiblement soucieux.
Hit the Road est un formidable road movie iranien, dans des paysages magnifiques, une merveille d’humanité, à la fois drôle et bouleversant. L’histoire est toute simple et on comprend rapidement quel est le but du voyage : permettre au fils aîné de quitter le pays, vers une vie qu’on espère meilleure. Mais on ne le dit pas ouvertement parce que le petit frère n’est pas au courant, ses parents estimant qu’il est trop jeune pour comprendre.
Le contexte sociopolitique iranien n’est jamais évoqué dans le film, mais il est bien présent en arrière-plan de l’histoire. C’est le récit d’un exil, dans l’espoir d’un avenir meilleur. Le récit d’un sacrifice, celui de parents qui veulent donner une chance à leur fils, un lâcher-prise pour le laisser partir vers son indépendance.
Le fils, pour sa part, s'élance vers l'inconnu. C’est aussi le récit de la fin de l’innocence pour un petit frère qui sent bien, même si on le lui cache, que sa famille est en train d’être bouleversée.
C’est enfin un hommage au cinéma, auquel il est fait constamment référence dans le film, comme un moyen d’évasion et de rêve, et même comme un filtre par lequel appréhender la vie et le monde.
Le portrait de cette famille attachante nous est brossé avec beaucoup de tendresse et de pudeur, la même pudeur qui les pousse à dissimuler leurs émotions et camoufler leurs sentiments derrière des paroles parfois un peu abruptes. Il y a beaucoup de subtilité dans la façon d’évoquer les relations entre les différents membres de la famille (sans oublier le chien, qui n’est pas en grande forme), les silences, les non-dits, les regards.