Pendant vingt ans, j’ai été victime de violences conjugales, physiques et sexuelles. Mon mari me séquestrait dans la cave ou m’enfermait dans ma chambre.
Un mariage arrangé
À 16 ans et demi, on m’avait mariée avec mon cousin de 22 ans mon aîné. Un mariage, selon les traditions et coutumes musulmanes, qui préservait l’intérêt de nos familles très en vue dans la société tunisienne.
J’ai attendu que mes quatre fils soient élevés pour partir. Après m’être renseignée sur mes droits, j’ai quitté le domicile conjugal le 26 juin 1993. Mes aînés avaient atteint leur majorité et le plus jeune était en âge de choisir son lieu de résidence.
Révoltée mais désireuse de rebondir
J’étais en colère contre les hommes mais surtout contre Dieu. Je voulais me venger. Pour moi, Dieu ne pouvait pas exister, il n’y avait pas de Dieu, après tout ce que j’avais enduré !
Avec deux amies, nous avons décidé de créer à Angers l’association SOS femmes battues, par solidarité avec toutes celles qui subissent les mêmes outrages que ceux que j’avais endurés. Nous voulions les accompagner pour qu’elles s’en sortent à leur tour. Nous avions besoin d’aide et je frappais à toutes les portes pour en trouver.
Rencontres inattendues
Un jour, je me suis trouvée devant une église protestante évangélique qui distribuait des colis alimentaires. Le pasteur m’a ouvert en poussant un grand « Alleluia, Gloire à Dieu ! »
Pour moi c’était du charabia. Je me souviens surtout de son sourire et de sa joie. Il m’a souhaité la bienvenue et m’a expliqué qu’il avait « vu » dans une vision trois mois auparavant une femme musulmane qui se faisait baptiser dans son église. Cela attirait tellement de monde qu’il n’y avait plus de place dans sa salle. Même la police et la gendarmerie étaient présentes.
Trois semaines après cette rencontre, j’ai été réveillée dans mon sommeil. Il était 6 h. J’ai entendu : « On t’a rejetée, on t’a humiliée, on t’a battue. Viens dans mes bras, je t’aime comme tu es, je ne t’abandonnerai jamais. » J’ai compris que c’est le Seigneur qui m’avait parlé. Peu de temps après, le 26 juin 1995, je me suis fait baptiser.
Des épreuves que je ne vis plus seule
Depuis lors, Dieu ne m’a jamais laissée. Pourtant j’en ai reçu des coups ! J’ai perdu deux de mes enfants : le premier en 2009 à 33 ans dans un accident de voiture. J’ai enterré l’autre, mort d’une crise cardiaque, le jour de mon anniversaire en 2015. Je me suis accrochée à Dieu notre Père. Du jour où il était venu chez moi et m'avait dit qu'il ne m'abandonnerait jamais, je me suis attachée à sa promesse.
Il est toujours avec moi et pour rien au monde, je ne m’éloignerais de lui. Il est mon amour, mon conseiller, mon époux. Je marche continuellement avec lui, je ne suis jamais seule.
Il a fait de moi son ambassadrice auprès des femmes persécutées dans le monde musulman. Avec lui, je continue mon combat à travers diverses associations d’entraide et de solidarité en France et en Tunisie.
Je ne peux que dire « Merci à mon grand amour Jésus » et « Gloire à Dieu ! »