Depuis toujours, j’ai été attirée par ce qui est spirituel. Je me souviens tout particulièrement d’un moment fort que j’ai passé à Taizé lorsque j’étais adolescente. Le cadre me semblait merveilleux et m’a marquée mais j’ai pourtant laissé tomber Dieu et la religion dès que j’ai commencé mes études supérieures.
J’avais 21 ans lorsque ma mère est morte des suites d’un cancer qui a duré 18 mois. Mon père, un agriculteur breton, était anéanti par le chagrin. Il m’a donné l’impression d’avoir complètement oublié ses trois filles à cette époque, comme s’il était seul dans sa douleur. J’ai alors quitté la Bretagne pour Paris; j’avais besoin de m’éloigner.
Plus envie de rien
J’ai terminé mes études brillamment, mais je ne me sentais pas bien. Je ne m’alimentais presque plus. C’est ma sœur qui m’a alertée en me demandant d’aller voir un médecin. Celui-ci m’a envoyée chez une psychiatre. Le contact n’a pas du tout été bon, mais j’ai quand même accepté d’aller en maison de santé. J’espérais au fond de moi que ce ne serait pas possible. Pourtant, deux semaines plus tard, une place se libérait dans un établissement sur le plateau d’Assy, en Savoie. Je m’y suis retrouvée pour plusieurs mois.
La descente aux enfers y a continué. Je faisais bien un peu d’exercice physique en me promenant dans la nature mais je mangeais de moins en moins. Je m’ennuyais, je refusais tout médicament. Je ne pesais plus que 26 kilos.
Une porte ouverte
Au cours d’une promenade, j’ai aperçu un petit temple. Dans le jardin, une dame tricotait, un homme lisait. Je ne sais pas pourquoi mais je me suis mise à leur parler. Ils m’ont invitée à venir au culte le dimanche suivant. J’y suis allée et j’y ai pris goût. Entre chaque dimanche, je les voyais et leur posais les milles questions qui m’habitaient.
Un jour, des amis sont venus me rendre visite. J’ai mangé un tout petit peu avec eux. Dans la nuit qui a suivi, je me suis réveillée avec des douleurs horribles. Je vomissais à tout rompre. J’ai cru que j’allais mourir. J’ai appelé au secours, tant Dieu que les infirmières. Cette fois-là, j’ai accepté qu’on me perfuse. Le lendemain, j’ai à nouveau rencontré ce couple. Ils devenaient des amis. Ils priaient pour moi. J’ai commencé à prier, moi aussi.
L’impossible se produit
Là où j’étais partie me réconcilier avec la nourriture du corps, j’ai rencontré Dieu et la nourriture spirituelle. À la fin de la cure, je devais rentrer en Bretagne. Mes nouveaux amis m’ont invitée à passer un mois chez eux. J’ai accepté. Chaque soir, on lisait la Bible, on priait. Je me sentais bien, comme dans les bras de Dieu. Il m’a fallu ensuite rentrer dans la maison familiale. À demi mots, j’ai annoncé à mon père ce qui m’était arrivé. C’est lui qui m’a indiqué qu’il y avait un temple à Morlaix, non loin de chez moi. Vingt-trois ans plus tard, je le fréquente encore.
Je pensais qu’avec ce qui m’était arrivé, je ne pourrais plus jamais avoir d’enfant. Je suis aujourd’hui l’heureuse maman de deux filles. J’ai vu Dieu à l’œuvre aussi pour mon mari. Après 19 ans de prière pour lui, je vois qu’il s’approche de Dieu à son tour.
Que diriez-vous à ceux qui souffrent d’anorexie?
Il faut faire confiance. Pour moi, je peux dire que je ne serais pas là si je n’avais pas connu le Seigneur. Il faut lui faire confiance. Il y a toujours de l’espérance.
Quel sens Noël a-t-il pour vous?
Noël, c’est la période des cadeaux. Noël, c’est le cadeau de Dieu. Ce qu’il m’a donné? Il m’a sauvé de cette terrible maladie. Il m’a purifiée.