10 mai 1940. « La drôle de guerre » et l’Armée du Salut

publié le 10 May 2021 à 02h01 par José LONCKE
10 mai 1940. « La drôle de guerre » et l’Armée du Salut

Au début de l'année 1940, à quelques semaines du déclenchement des combats (10 mai 1940), le public français se vit proposer deux films avec des héroïnes appartenant à l'Armée du Salut : il y eut "Les musiciens du ciel », puis "La charrette fantôme". 10 mai 1940. « La drôle de guerre » et l’Armée du Salut

Les musiciens du ciel, de Georges Lacombe (1939), avec Michèle Morgan (20 ans).
Le jeune Victor est un petit apache de la zone qui cambriole avec un camarade. Ce dernier est emprisonné pour faux monnayage. Victor refuse de le trahir, il est relâché. Sans travail, il mendie en simulant la cécité. Une officière de l'Armée du salut, la lieutenante Saulnier, l'emmène chez elle, le démasque, le garde à l'Armée du salut. Victor se convertit, accompagne partout la lieutenante dont l'œuvre de bienfaisance est décrite de façon adroite et attachante. Épuisée, la lieutenante meurt la nuit de Noël. Victor, qui a revêtu l'uniforme de l'Armée du salut, est désespéré de cette mort, mais il vivra pour continuer l'œuvre de celle qui l'a sauvée. Un carton, au début du film, le dit nettement : le film de Georges Lacombe a reçu l’approbation de la direction de l’Armée du Salut. Michel Simon, qui a trouvé chez les Salutistes une voie qui convient à ses failles, est absolument parfait (il est vrai qu’il était Genevois).

« La charrette fantôme » de Julien Duvivier (1939) avec Micheline Francey (21 ans).
L'action se déroule dans une ville imaginaire entre les bas fonds et un foyer de l'Armée du salut. Il s'y trouve une charrette chargée de ramasser les dépouilles des vagabonds morts dans les rues. Son grincement ne serait audible que de ceux qui sont sur le point de mourir et chaque fin d'année, celui qui meurt au douzième coup de minuit, devient à son tour, pour l'année nouvelle le charretier de la mort. Dans un bouge, Georges dit « l'étudiant », est blessé d'un coup de couteau et, après s'être enfui de l'hôpital, meurt au douzième coup de la Saint-Sylvestre. L'un de ses compagnons, David, fait la connaissance d'Édith, une sœur de l'Armée du salut, qui s'efforce de le ramener dans le droit chemin. La jeune fille, malade, y laissera sa vie, mais triomphera de l'esprit du mal. Avec ce film, Julien Duvivier (La Bandera, La Belle Equipe, Pépé le Moko, Voici le Temps des assassins, Carnet de Bal...) fait office de véritable précurseur du cinéma fantastique français, ouvrant la voie aux chefs-d’œuvre de Maurice Tourneur, Marcel L'Herbier, annonçant "Les Visiteurs du Soir" ou les films de Jean Cocteau. Duvivier signe avec sa Charrette fantôme un remake du film fantastique suédois de Victor Sjöström, réalisé en 1920, d'après le roman de Selma Lagerlöf. Dans l'asile de l'Armée du Salut, aux prières et aux chants des soldates, répondent les superstitions des laissés-pour-compte... David frappe et boit, mais c'est Edith qui est condamnée par une vilaine toux. David pèche et David ressuscite. Duvivier, le «cinéaste du pessimisme», va sauver in extremis un être déchu, contrer la fatalité.

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