9 mai 1978. La Bible à la Colombe
Le 9 mai 1978, la Bible à la Colombe est officiellement présentée aux représentants des Églises au Grand Palais à Paris. La soirée est animée par le pasteur André Thobois, alors président de l’Alliance biblique française.
Présent à l’événement et issu d’une longue lignée protestante, l’ancien Premier ministre du général de Gaulle, Maurice Couve de Murville, fait remarquer combien « la mise à jour de cette nouvelle traduction (Segond) a le pouvoir d’émouvoir le cœur de nombreux protestants qui ont […] fait leurs classes avec cette Bible ».
« La large diffusion de cette traduction, les qualités réelles qui la caractérisent, l’attachement que tant de chrétiens lui manifestent depuis des années, justifient ce choix » pour Jules-Marcel Nicole, l’un des membres du comité de révision. Alors que le travail de Louis Segond avait principalement été l’œuvre d’une personne, le choix de la collégialité a été fait pour sa révision.
La méthode de travail
« Louis Segond s’était rendu compte qu’une bonne traduction ne pouvait être ni littérale, ni libre, mais qu’elle devait être à la fois exacte, claire et correcte », expliquait Jules-Marcel Nicole. Il poursuivait : « Il a su atteindre ce triple objectif d’une manière remarquable. Pourtant, on peut tâcher de faire mieux encore dans ces domaines. »
Un animal pour emblème
Cette révision de la Bible Segond de 1978 est plus généralement connue sous le nom de Bible à la Colombe. Ce titre provient du dessin choisi pour figurer sur la couverture de l’ouvrage. L’idée vient du professeur Henri Blocher qui estimait qu’à des fins publicitaires et d’un point de vue esthétique, il était préférable de ne pas se contenter d’une formulation plus classique du type « Segond révisée… ». Dès lors, pourquoi ce symbole ? « La colombe peut être vue comme une allusion au Saint-Esprit », confie le théologien baptiste. « On pouvait aussi penser à la colombe de la croix huguenote. »
Selon le docteur en théologie Frank Michaeli, qui a supervisé cette révision, « des modifications sont intervenues dans deux cas : celui où la connaissance actuelle des textes originaux permet une meilleure traduction, celui où l’évolution de la langue française rend indispensable une nouvelle formulation ».
HISTORIQUE
Cette bible est le fruit de vingt-cinq années de travail. Au début de l’année 1960, une commission de six à sept membres, dont les professeurs Maurice Carrez, Jean Cruvellier et Jean Balty, se réunissaient tous les quinze jours pour examiner les essais de traductions et trancher de manière souveraine, afin que la traduction finale soit homogène et ne reflète pas les opinions particulières des différents correspondants. En 1962, le Nouveau Testament appelé « Pains et Poissons » paraîtra. Il s’agit là de la première édition de la Colombe.
Le travail de l’AT a différé quelque peu. Celui-ci devait être plus rapide de telle sorte que les quatre membres mandatés pour ce chantier de traduction préparaient chacun un texte ou une proposition de traduction et le transmettaient à leurs collègues. Chacun apportait sa critique ou sa remarque et si une majorité se dessinait, la modification était adoptée. Ce gros travail était présidé par le professeur Frank Michaéli, accompagné de Bernard Keller, André Lacoque et Jules-Marcel Nicole.
Cette Bible fut réclamée par l’Alliance Biblique Française au début des années 50 pour deux raisons majeures. La première : la découverte des rouleaux de la mer morte en 1948 qui allait apporter une nouvelle fraîcheur au texte servant de base. La deuxième raison : la nécessité de rajeunir le texte de la Segond 1910 et ce, grâce aux découvertes récentes, dans le but de rapprocher le texte au plus près de l’orignal tout en balayant les archaïsmes et les expressions jugées trop désuètes.
La Bible à la Colombe s’inscrit dans une suite qui prend son point de départ dans la base de traduction qu’effectua Louis Segond.
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1874 : Première édition de l’Ancien Testament, associée à une traduction du Nouveau Testament due à Hugues Oltramare, professeur de Nouveau Testament à la faculté de Genève.
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1880 : La Bible Segond en un seul volume paraît pour la première fois en 1880, avec un premier tirage de 50.000 exemplaires.
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1888 : Parution de la première révision, juste après la mort de Louis Segond. Elle supplante la version de 1880.
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1910 : Première révision importante après la mort de Segond. La Société biblique britannique et étrangère révise le texte en choisissant d’autres termes doctrinaux plus conformes à la pensée protestante orthodoxe (par exemple : « sacrificateurs » à la place de « prêtres », « foi » à la place de « fidélité »). Cette version 1910 devient la traduction protestante la plus lue au cours du 20e siècle.
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1962 : L’Alliance biblique universelle publie une révision du Nouveau Testament (« Pains et Poissons »).
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1978 : L’ABU révise, également à son tour, le texte de la Segond 1910 et la publie dans une version dite « à la Colombe », en raison du dessin de sa couverture.
Au sujet de la Nouvelle Édition 2023, voici ce que dit la préface :
La Nouvelle version Segond révisée dite « Colombe » a été publiée par la Société biblique française, sous l’égide de l’Alliance biblique universelle, en 1978. Dans les années 1990, de nombreux spécialistes ont entrepris une nouvelle révision approfondie et scientifique de la traduction de Louis Segond 1910, parue sous la forme d’une bible d’étude avec notes et outils abondants, dénommée La Nouvelle Bible Segond (2002). Toutefois, force est de constater que près de 50 ans depuis sa parution, la « Colombe » est toujours lue et appréciée dans de nombreux milieux. La Société biblique française – Bibli’O a donc entrepris d’offrir au public francophone une nouvelle maquette de la « Colombe », avec notamment un nouveau système de notes et de références plus lisible. Toutefois, le contenu n’a pas été modifié et les notes reflètent l’état des recherches bibliques et historiques de l’époque, ce qui n’est pas sans intérêt. Le lecteur est invité néanmoins à tenir compte de la date de l’ouvrage et à consulter également des bibles d’études plus récentes.