21 juin 1966. André Mage de Fiefmelin et l'Ile d'Oléron

publié le 21 June 2022 à 02h01 par José LONCKE

21 juin 1966. Le poète André Mage de Fiefmelin

21 juin 1966. André Mage de Fiefmelin et l'Ile d'Oléron


Le pont de l'île d'Oléron (Charente-Martime), a été inauguré le 21 juin 1966.
André Mage de Fiefmelin (avant 1560- après 1603) est un poète baroque français,  né dans l'Ile d'Oléron, où il passa sans doute toute sa vie, comme officier de justice.
Pour ce protestant, resté fidèle à sa religion, l'île, sujette aux vents, aux assauts de la mer, aux vagues de la pluie, est aussi un paysage intérieur : celui de l'homme en proie aux éléments du monde, mais y résistant, guidé par une foi persévérante. Car pour lui, la vraie vie est celle de l'âme qui aspire à Dieu.
Sa poésie, d'une spiritualité passionnée, traduit paix intérieure au milieu des tourments et des déchirures. Poésie volontiers paradoxale, cultivant les antithèses, les oxymores, les chiasmes, les oppositions, elle n'a de cesse qu'elle ne dise la misère de l'homme et la grandeur de Dieu. Poésie cosmique, mettant en branle le mouvement du monde; poésie sombre et violente, accordée à des temps de bruits et de fureurs; mais poésie assurée aussi, comme une force qui va. Le grand lyrisme passe dans cette œuvre longtemps méconnue, d'un écrivain qui est assurément un des grands poètes de la foi.

Retiré sur l’île d’Oléron, à l’écart de l’histoire et des événements politiques, André Mage, sieur de Fiefmelin, invite à la retraite lettrée à la façon des néo-stoïciens. Il chante une « médiocrité dorée » propice à l’écriture d’une poésie désengagée, lyrique et spirituelle. Succédant à la génération des militants, A. Mage intériorise le motif de la guerre, qui devient un combat tout personnel ; il livre un recueil exempt de polémique patente, qu’elle soit politique ou théologique. Le poète semble ainsi s’accommoder des conditions instaurées depuis avril 1598 par l’édit de Nantes.

Laissant l’histoire se dérouler sans lui, André Mage fait de sa terre familiale battue par l’océan Atlantique le lieu d’un quasi-exil, revendiqué et choisi. Le poète use alors de l’indépendance qu’accompagne cette prise de distance. Il écarte l’action héroïque au profit de la contemplation poétique. Depuis la position excentrée de sa retraite insulaire, il procède à une forme de renversement du point de vue.

Ce dévoilement du sens à travers le poème spirituel, A. Mage le réserve cependant pour une société choisie, celle de l’Église à laquelle il appartient, dite « Église des îles de Saintonge ». Si le recueil est offert en lecture à tout chrétien, A. Mage réserve en effet l’accès au sens complet à l’« homme nouveau » dont parle Paul, et peut-être même aux seuls membres de son Église.

L’île d’Oléron ou la retraite dissidente
Le nom, la biographie et l’œuvre d’André Mage de Fiefmelin sont désormais érodés par l’oubli. Dans sa vie, l’un des seuls repères sûrs est la date de publication des Œuvres, imprimées à Poitiers en 1601.


Dans la première partie du recueil, A. Mage dédie maints poèmes à d’obscurs Saintongeais, familiers, alliés et amis ; chaque pièce des Mélanges est précédée d’une dédicace qui comporte le nom du destinataire, bien souvent son statut ou son office (juridique), et son lieu d’exercice ou de propriété foncière.

La toponymie dessine une région qui s’étend de Bordeaux à La Rochelle, voire Poitiers, et se concentre sur les villes de Marennes et de Saintes. L’inspiration est celle des Odes du poète latin Horace, qui chante la vie pastorale, à l’écart des affaires publiques et de la ville. Depuis sa retraite,

À travers la circulation des poèmes, le recueil crée de toutes pièces une utopie pastorale : la fiction d’une société lettrée, sortie de l’histoire contemporaine, revenue au temps de l’âge d’or.

L’éthique qu’A. Mage élabore à travers l’écriture est représentative d’une position possible de sortie de crise, au début du 17e siècle : celle d’un courant néo-stoïcien et augustinien. Par paradoxe, le retrait de la vie civile est une position politique, une forme de « désengagement actif », qui consent au retour à l’ordre sous un pouvoir royal absolu.
En 1601, la renommée du poète est nulle, très probablement. Dans sa jeunesse, André Mage a certainement bénéficié de l’instruction humaniste dispensée dans un collège réformé ; il n’est toutefois pas devenu pasteur.

Une seconde partie annonce : L’Image d’un Mage ou les Essais du spirituel d’A. Mage. La figure du poète apparaît surtout à travers les modèles littéraires cités. Par l’imitation, il s’agit de se mesurer à des modèles prestigieux, de reconnaître ainsi leur valeur et d’affirmer sa différence et sa personnalité littéraire.

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Premier essai spirituel
Comme un navire en mer au fort de la tourmente,
Prêt à choquer les rocs par les vents agité,
Sitôt qu'un feu de joie a montré sa clarté,
L'air se tait, l'eau se calme, et l'orage s'absente,

La nef sans peur recourt sur sa première sente (route primitive)
Au rivage étranger qu'elle avait écarté,
Fait voile assurément, mire son nord quitté, (fixe)
Et selon son dessein surgit au port contente,

Mon âme ainsi, battue et des vagues d'ennui (douleur, tourmente)
Et des rocs du malheur, périssait aujourd'hui
Au gouffre de ses maux, sans la faveur divine.

Ton œil, mon feu de joie, ô Dieu, m'a secouru,
Et ta main m'a d'enfer demi-mort recouru :
Ainsi vit qui en temps sent ta grâce bénigne. (bienveillante, favorable)

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Deuxième essai spirituel
Ce monde comme on dit, est une cage à fous,
Où la guerre, la paix, l’amour, la haine, l’ire,
La liesse, l’ennui, le plaisir, le martyre (douleur)
Se suivent tour à tour et se jouent de nous.

Ce monde est un théâtre où nous nous jouons tous
Sous habits déguisés à malfaire et médire.
L’un commande en tyran, l’autre, humble au joug soupire ;
L’un est bas, l’autre haut, l’un jugé, l’autre absous.

Qui s’éplore, qui vit, qui joue, qui se peine,
Qui surveille, qui dort, qui danse, qui se gêne (se tourmente)
Voyant le riche soûl et le pauvre jeûnant.

Bref, ce ‘est qu’une farce, ousimple comédie
Dont la fin des joueurs la Parque couronnant
Change la catastrophe en triste tragédie. (l’évènement dramatique qui amène le dénouement)
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4ème essai spirituel
D’un accordant discord s’entrechoquant en moi (dispute, désaccord, division)
Deux hommes en un homme, en un corps deux natures,
Deux formes en un être, et en deux créatures
Une personne humaine où un se double en soi.

En nous donc n’étant qu’un, où deux pourtant je vois,
S’accordent discordants par rares aventures
D’une âme mi-partie au choc de leurs injures,
Ma chair et mon esprit à qui me fera roi.

L’Esprit me monte en haut, la chair en bas m’atterre, (me terrasse, me renverse)
Si qu’en moi vrai chaos s’assemblent ciel et terre, (de telle sorte que)
Mi-partissant mon cœur qui chancelle entre deux.

Or le bien, or le mal tout à coup je désire (tantôt... tantôt)
Puis la chair me fait choir au mal que je ne veux,
Mais l’Esprit me relève et fait qu’au bien j’aspire.
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6ème essai spirituel
Veux-tu savoir, Mondain quel est mon être au monde
Je ne suis rien qu’un mort qui vif entre les morts, (vivant)
Meurt entre les vivants sons les divers efforts
Du contraste au combat où tout mon heur je fonde. (bonheur)

De ces duels ma trêve à son salut redonde, (abonde, dispose à profusion)
De mes maux sourd mon bien et d’accordants discords, (désaccords)
Mon esprit m’entretient en paix avec mon corps,
D’où je tire ma joie, où ma tristesse abonde.

Ma vie est en ma mort, en mon mal mon bonheur,
Ma lumière en ma nuit, mon courage en ma peur,
Ainsi d’un même lieu me nuit chose diverse.

Mais aux Régénérés est seul commun ce sort, (les convertis à Dieu)
L’esprit de mort à vie en leur chair les exerce,
Pendant que les mondains courent de vie à mort.

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Pourtant, en dépit d’un tirage conforme à celui des recueils poétiques de son temps – environ 500 exemplaires selon le contrat conclu avec l’imprimeur – le recueil ne semble pas trouver d’écho parmi ses contemporains lettrés. La trace du poète se perd dans les années qui suivent la publication.

À travers les siècles, un texte compris dans le recueil demeure cependant connu d’un petit nombre de spécialistes : le Saulnier, ou de la façon des Marais salants et du Sel marin des Îles de Saintonge, inclus dans la première partie des Œuvres. 

Ce reportage en vers au milieu des salines expose avec précision les techniques de la saunerie dans le « pays des îles » au XVIe siècle :

Es Îles d’Oléron, d’Arvert, et de Marennes
De Dieu viennent ce Sel et ses salantes plaines.
Et comme es flots Indois croît le gemmeux trésor
En cristal, corail, perle, et diamant encor’,
En Manne ainsi le Sel nous naît pierre gemmeuse
Recuite par le chaud, plus que terrestre, aqueuse. (Le Saulnier, v. 67-72)

Au plan géographique, le terme d’« îles » désigne l’île d’Oléron, la ville littorale de Marennes et la presqu’île d’Arvert. Les « salantes plaines » définissent une zone d’étrangeté et d’ambiguïté, dans laquelle terre et mer ne cessent d’échanger leurs propriétés et de se confondre. L’insularité offre ainsi un lieu de repli et de dissidence passive. Cette culture de l’eau peut être un symbole du renversement de point de vue qu’opère le poète, depuis cet îlot réformé de Saintonge.

Une incarnation poétique : l’Église des îles de Saintonge
C’est à travers l’écriture de poèmes destinés à la représentation qu’A. Mage se fait le poète officiel de ce milieu réformé. Cette dramaturgie met en évidence le sentiment d’appartenance à l’entité insolite qu’est le pays des îles, et éclaire la situation institutionnelle de la parole poétique : son horizon est aussi ecclésial.

« Tu sois la bienvenue en ton île océane,
Où le ciel pleut le sel comme céleste manne. 
»
L’auteur utilise le modèle de l’entrée de ville, dans laquelle la communauté urbaine offre un spectacle de bienvenue à un puissant – roi, reine, grand seigneur, dignitaire religieux. Par ce rite politique, le prince prend possession d’une ville conquise par les armes ou bien rappelle son autorité sur ses sujets.

Au plan institutionnel, c’est l’Église des Îles qui s’avance au-devant de la Dame :

L’Église, louant Dieu par ce cantique :

Ainsi Sion encor en nous renouvelée,
Affranchie du joug de l’homme de péché,
Pense songer, ravie, et de joie comblée,
Chante à Dieu qui nous a de nos maux relâchés.

La grâce ainsi de Dieu est partout épandue,
Mais sur nous siens sur tous, qu’il visite en douceur.
A qui il appartient, notre île il a rendue :
Et sous lui nous avons pour Dame notre sœur.

Que savons-nous de la réalité de cette Église ?

Les informations que nous possédons sont lacunaires : il s’agit d’un colloque rassemblant les Églises de Marennes, Saintes, Oléron, Saint-Jean d’Angély, établies dans les années 1560.

Dans le spectacle écrit pour le jour de Noël, A. Mage figure une attente et une entrée messianiques, sur le modèle biblique. Anne de Pons est fêtée en messie, annonciatrice d’un retour à l’âge d’or, caractérisé par la paix. Les sujets réformés se réjouissent d’être désormais sous la juridiction d’un seigneur de même confession qu’eux. En tant que seigneur-châtelain, Anne de Pons exerce en effet un pouvoir administratif, juridique et fiscal, dont A. Mage célèbre par avance la justice ; elle autorise également la libre pratique du culte réformé.

L’écriture poétique fait ainsi de la seigneurie d’Anne de Pons, associée à l’Église des Îles de Saintonge, une forme d’utopie, sur le modèle biblique de la Jérusalem messianique.


L’Accueil a attesté l’existence d’une Église des îles de Saintonge. Cet horizon ecclésial qui enserre le discours poétique reparaît de manière figurée, également à l’aide d’une personnification, à la toute fin des Essais.

Le volume s’achève en effet sur un poème relevant plus ou moins de la paraphrase du Cantique des cantiques, un « Chant des Beautés de la Chrétienne ». La célébration du corps de la femme aimée repose cependant sur une lecture insolite de l’allégorie du Cantique.


L’assimilation de la femme à la Lune (« Diane »), unie à l’homme solaire, dont elle reçoit la lumière, suggère un sens indirect : l’Église reçoit ses séductions de son union avec le Christ, son « époux homme-Dieu ». Le poème s’achève sur le déchiffrage terme à terme de la personnification – cette « sainte Diane » – qui en explicite la signification :

L’assemblée des saints est ce corps de beautés :
Ses beautés sont de Dieu les libéralités.
Sa face aux yeux plaisante est la joie chrétienne.
Ses lèvres distillant miel, manne et sucre épais
Du double Testament sont autant d’Alliances,
Où son parler comprend les saintes ordonnances
Du divin décalogue : et sont ses bras nerveux
L’obéissance à Dieu, ses mains tout acte heureux.

Par cette lecture de l’allégorie tirée du Cantique biblique, A. Mage déplace l’interprétation de l’image : ainsi, le chant d’amour poétique a pour origine un énamourement premier, qui lie le fidèle à l’Église.

Le recueil s’achève donc sur une célébration de l’Église ; son horizon n’est pas restreint à la seule assemblée des fidèles saintongeais ; elle gagne une universalité indéfinie. Toute la parole amoureuse qu’a déployée le recueil peut être relue comme l’effet de la grâce de Dieu, que médiatise l’Église.

L’art de l’image : une connivence insulaire et réformée
Écrivant à l’intention d’un cercle de coreligionnaires saintongeais, A. Mage entretient la connivence par l’art de l’image. Le poète choisit des lieux communs éthiques et spirituels, qui empruntent leurs images à la mer. Cette expérience tisse un réseau d’allusions et unit une communauté de lecteurs locaux. Le poète propose le regard en coulisse d’un exilé de son temps, qui se singularise par sa situation géographique et confessionnelle :

Et comme la Garonne, en l’océan mêlée,
L’adoucit et dessale enfin son eau salée,
Dieu change, en moi venant, en joie mon émoi. (« Les prières », fo 94vo, v. 12-14)

La comparaison est inattendue : l’énoncé poétique établit une analogie entre le cours de la Garonne, qui se jette dans l’océan Atlantique, et l’union du fidèle à Dieu par l’entremise de la grâce. À travers cette mise en correspondance, Dieu est comparé à la Garonne, un fleuve d’eau douce, tandis que le je du fidèle est par conséquent assimilé à l’océan Atlantique.

Dans le discours poétique et spirituel d’A. Mage, un sens chrétien, lisible par tous, dissimule un sens second, réformé, qui paraît même réservé au lecteur appartenant à l’Église des Îles de Saintonge. L’écriture de l’image dans le sonnet suivant offre un exemple du jeu sur la double lecture :

De l’Arbre de la Croix

Dans l’Île de Zébut un arbre merveilleux,
Qu’on surnomme Cocos, croissant y fructifie,
Au bien de l’Insulaire, au los à la gloire de sa patrie,
Plus que tous nos vergers et champs plus fructueux.

Ce seul arbre fournit tout son peuple à ses vœux
De ce qu’il faut pour vivre : et ce doux fruit d’Indie
Se tourne en huile, en vin, en eau douce, eau de vie,
Sucre, vinaigre et beurre, et vient ce que tu veux.

Mais au clos de Sion, au salut de l’Église,
Croît l’Arbre de la Croix, que connaît, aime et prise
Le Croyant plus que l’autre au rapport de son fruit.

Il produit en travail, vie et paix, heur et joie :
Il paît d’eux sans fin l’âme, et au Ciel la convoie :
Au lieu que l’autre en terre, à temps le corps nourrit.

Le sonnet est structuré comme un emblème : surmonté d’un titre, il figure d’abord une image dans les quatrains, puis délivre un commentaire et une interprétation de l’image dans les tercets. La « merveille » exotique c’est le cocotier de l’île de Cébu, dans les Philippines. Tout comme un emblème, le sonnet produit une énigme, c’est-à-dire une allégorie dont le déchiffrage est brouillé : la relation établie entre le cocotier et l’usage de ses fruits savoureux est proposée comme une analogie de l’« arbre de la Croix » et de ses effets.

Dans cet emblème chrétien, le motif de l’« arbre de la Croix » est lui-même construit à partir d’une chaîne de figures de substitution : la croix, instrument du supplice du Christ, désigne la passion et la mort du Dieu fait homme. Par la suite, l’assimilation par métaphore de la Croix à un arbre se justifie par les sèmes communs du bois et de l’élévation, mais aussi par la lecture typologique des Écritures : la croix de la crucifixion a en effet pour antitype l’arbre de vie du jardin d’Éden. Le résultat de la Passion, à savoir le salut, est l’antidote du fruit défendu par lequel l’humanité a été déchue. Le sonnet développe cependant des éléments d’accord interne et des éléments de désaccord entre les deux parties du sonnet : dans les quatrains, l’imagination et les sens intérieurs sont mobilisés pour donner accès à un bien sensible, savoureux ; ils sont cependant déstabilisés dans les tercets par la suggestion d’un bien non représentable (« mais », « plus que l’autre », « au lieu que l’autre »).

En fait, l’image comporte un second niveau de signification indirecte. Comparée à un arbre, un cocotier, la Croix est au centre du tableau ; cependant, le sonnet amène à interpréter différentes métaphores complémentaires : la terre fertile, l’île, les produits du cocotier.

L’image recèle en effet un arrière-monde symbolique : par le motif de l’île exotique, le sonnet déploie aussi un imaginaire de l’Église. Ainsi, les motifs de la fécondité et de l’abondance renvoient à la description de la Terre promise dans l’Ancien Testament ou à la nature paradisiaque de l’Éden originel, organisé autour de l’arbre de vie : autant d’antitypes au « clos de Sion », c’est-à-dire l’Église. L’allégorie insiste sur la rupture, sur l’éloignement du monde. Le poète dépeint le tableau désirable et désiré d’un retour à un état de nature primitif, antérieur à la Chute, dans la nature vierge célébrée par les récits de voyage contemporains. L’« arbre de la Croix » participe de la renaissance que suggère la fécondité agricole, sans travail ni souffrance. Les fruits du cocotier organisent en outre la subsistance des insulaires, qui forment son « peuple ».

A. Mage renouvelle ainsi les images alimentaires du discours chrétien, centrales mais convenues. L’arbre structure donc un véritable royaume, qui fournit une figure du mystérieux Royaume de Dieu. La compréhension du sens second que recèle l’image paraît réservée au lecteur calviniste ; elle est peut-être même restreinte au lecteur membre de l’Église de Saintonge, car c’est sa propre expérience de l’insularité qui lui permet de discerner, à l’intérieur de l’image, un second niveau de lecture.

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Source :
Pierre Ménanteau, Images d'André Mage de Fiefmelin, Limoges, Rougerie, 1965

Audrey Duru (Université Lumière – Lyon II)
Article paru dans Foi et vie. Revue de culture protestante, n° spécial « Quand les protestants prennent la mer », n° 3, juin 2009, pp. 54-68.

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