24 janvier 1814. Hélène de Mecklembourg-Schwerin, duchesse d’Orléans.

publié le 24 January 2023 à 01h01 par José LONCKE

24 janvier 1814. Naissance d’Hélène de Mecklembourg-Schwerin, future duchesse d’Orléans.

 24 janvier 1814. Hélène de Mecklembourg-Schwerin, duchesse d’Orléans.

Hélène d’Orléans
Qu’est-ce qui a poussé la douce Hélène de Mecklembourg-Schwerin (1814-1858), une pieuse et romantique princesse allemande, à accepter de joindre sa destinée à celle de la monarchie de Juillet, quitte à fracasser sa vie  dans les tumultes d'un 19ème siècle qui achevait peu à peu l'œuvre révolutionnaire? Qu’allait-elle faire dans cette galère ?

Et pourtant c’est en toute connaissance de cause que la jeune femme avait accepté d’épouser le fils aîné du roi Louis Philippe, devenant ainsi duchesse d'Orléans et sans doute un jour reine des Français.  C’était en effet une des femmes les plus cultivées de son temps et qui tenait de sa  mère, l’amie de  Schiller et Goethe, une soif insatiable de connaissance. Elle aurait pu s’adonner à ses chères études et continuer de diriger un établissement d’éducation. Mais à 16 ans, la révolution de Juillet avait éveillé profondément l’intérêt de la princesse Hélène pour les idées nouvelles venues de France et pour la liberté.
Sans compter que sa belle-mère qui lui avait donné l’exemple d’une piété profonde, voir d’un certain mysticisme,  l’avait imprégnée de la volonté de se rendre utile.  Ne serait-elle pas une nouvelle Esther ? Son entourage en tout cas le pensait.

Une grande professionnelle                                                                                                                                                         
Elle va se distinguer des princesses étrangères qui ont fait l'histoire de France. Elle ne sera ni l’écervelée Marie Antoinette ni  la réactionnaire impératrice Eugénie. Si quelqu’un avait pu redorer le blason de la monarchie en France, c’était bien elle.
Elles s‘intégra d’emblée. On lisait dans les journaux : « la duchesse parle, dit-on, la langue des Tuileries comme une fille de la maison. On dit que le roi pourrait bientôt se montrer jaloux de la spirituelle faconde de sa belle-fille ! »
Elle joua pleinement le rôle qu’on attendait d’elle : être avec son mari  le lien avec les jeunes étoiles montantes des milieux artistiques et littéraires. Sa prise de choix sera le grand Victor Hugo.
Elle sera  la vitrine du régime : en voyant cette protestante convaincue remonter l’escalier en fer à cheval de Fontainebleau que Louis XIV avait descendu, en révoquant l’édit de Nantes, en la voyant se promener et vivre à Versailles… on voyait pour ainsi dire comme l’incarnation de la liberté de conscience et des cultes. D’ailleurs cette descendante de Coligny n’allait-elle pas donner naissance à l’héritier du trône, un 24 août, jour de Saint-Barthélemy ?
Elle rassura. Les catholiques… par sa générosité et  les protestants en gardant de fortes convictions protestantes. A cet égard pourra-t-on jamais mesurer l’impact moral pour le protestantisme de sa présence au sommet de l’état ?
Elle s’engagea dans la  multitude d’œuvres protestantes issues du Réveil, et tout particulièrement dans la société des Missions qui répondait à son goût pour les grands espaces.

Une épouse et une mère
Elle fut une femme amoureuse, véritable alter égo de son mari. Elle cherchera après la mort accidentelle du duc à transmettre à ses enfants, l’héritage politique et libéral de son mari. Elle sera une mère… lucide  qui  face à un roi vieillissant qui les entraînait tous vers le vide, va essayer courageusement de sauver leur espoir de  trône.
Elle fut une mère déchirée. Louis-Philippe s’était exprimé très clairement au sujet de l’éducation religieuse de ses petits-enfants : « Je veux que mes petits-fils soient catholiques… ». Du fin fond de son Mecklembourg natal, la princesse Hélène n’avait sans doute pas mesuré  totalement l’ampleur de ce  sacrifice là ! Dimanche après dimanche elle se rendait dans son église luthérienne pendant que son jeune fils, conduit par la reine, se rendait à Saint-Roch. Elle n’avait pu s’empêcher de dire à  Henriette André-Walther et devant ses dames d’honneur médusées : « Je vous vois à l’église, n’est-ce pas ? Que vous êtes heureuse, vous y allez en famille ! »

S’il on pouvait refaire l’histoire…
Certains aimeraient refaire l’histoire et se demandent… « et si son mari n’était pas mort accidentellement, et si la révolution de 1848 n’avait pas eu lieu, aurait-elle pu faire évoluer la monarchie comme la monarchie belge ? » A ce rythme là on peut tout aussi bien se demander : « ne serait-elle pas morte en couche, comme tant de femmes de son époque ? »
 
La Révolution de 1848 qui obligea la princesse à l'exil, va lui permettre en tout cas  de continuer à élever ses enfants et d’en faire des hommes, à défaut d’en faire des rois. Et malgré une certaine solitude sa foi  sera préservée des pressions de la cour.

Hélène de Mecklembourg-Schwerin, désormais et pour toujours, Hélène d’Orléans, mérite mieux que les oubliettes. Elle a tout naturellement sa place dans la longue galerie de portraits qui jalonnent l'histoire du protestantisme français.

Source : José Loncke, Hélène d'Orléans, La Cause, 2011

24 janvier 1814. Hélène de Mecklembourg-Schwerin, duchesse d’Orléans.

 

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