Vous avez dit « prophétie » ?
Avant de parler de sa gestion, il convient de préciser ce que l’on entend par « prophétie ». Au terme d’un ouvrage consacré à la prophétie chrétienne d’après le Nouveau Testament, voici la définition que je propose : « La prophétie chrétienne consiste en la transmission, par un membre du corps du Christ, d’un message intelligible inspiré par le Saint-Esprit(1). »
Si l’on s’en tient à cette définition large, il me semble que tous les éléments courants d’un culte évangélique peuvent – et même doivent – avoir une dimension prophétique. Si nous croyons que le Saint-Esprit est à l’œuvre dans l’Église, qu’il conduit nos réflexions, nos paroles et nos chants, alors c’est tout le culte qui devrait être « prophétie » ! Dans cet article, je me focaliserai sur les interventions qui se présentent plus explicitement comme prophétiques. Il s’agit généralement de prises de paroles relativement courtes qui sont introduites par une formule telle que : « j’ai une image », « j’aimerais partager avec vous une pensée », « je crois que le Seigneur veut nous interpeller » ou, plus directement, « le Seigneur te dit ce matin ».
Définir un protocole pour la pratique de la prophétie lors du culte
Le chapitre 14 de la première épître aux Corinthiens constitue l’enseignement biblique le plus développé sur la manière dont il convient d’encourager et d’encadrer la pratique de la prophétie lors des rencontres de l’Église. L’apôtre Paul propose notamment des principes très concrets (v.26-40) : tout doit se faire « en vue de la construction », dans l’ordre, chacun son tour, sans monopoliser la parole. Il doit aussi y avoir la place pour le discernement et l’évaluation de la prophétie par l’assemblée (v.29). Ce passage des Écritures montre qu’il est légitime, en Église, d’imposer un certain cadre à la pratique de la prophétie.
Sur cette base, il me semble judicieux que l’Église locale prenne le temps de réfléchir à un protocole pour accompagner la pratique de la prophétie. Quelques Églises ont décidé de le mettre par écrit(2). Qu’il soit écrit ou oral, le plus important est qu’il soit clairement défini et régulièrement rappelé.
Dans la suite de cet article, je me contente de présenter quelques principes bibliques qu’il me semble important de prendre en compte dans la mise en place d’un tel protocole. En fonction de la taille de l’assemblée, de sa configuration, de ses habitudes en matière de prise de parole et de sa liturgie, il conviendra d’adapter les principes bibliques à la réalité locale de l’Église.
Un protocole qui encourage et valorise la prophétie
Avant d’encourager les Corinthiens à mettre en place de bonnes pratiques pour encadrer et évaluer la prophétie (1 Co 14.26-40), l’apôtre leur demande de « désirer les choses de l’Esprit et, surtout, la prophétie » (1 Co 14.1 ; cf. v.5,39) ! Avant de vouloir « encadrer » ou « gérer » la prophétie, il est nécessaire de l’encourager, la désirer, la valoriser. Les mauvaises expériences et les dérives peuvent parfois pousser l’Église à se méfier de la prophétie. Pourtant, la logique biblique est inverse : s’il convient d’encadrer et d’évaluer la prophétie, c’est parce que la « bonne » prophétie contribue à la « construction » et à la croissance de l’Église (1 Co 14.3,5).
Cela implique notamment de rappeler régulièrement, en début de culte, que l’Église croit que le Saint-Esprit peut utiliser chacun pour transmettre une parole ou une pensée, et qu’un cadre est prévu à cet effet.
La prophétie est un don fait à toute l’Église
Selon le Nouveau Testament, la prophétie est un don fait à toute l’Église du Christ : l’Esprit de prophétie a été déversé sur chacun de ses membres (Ac 2) et c’est pour cela que Paul peut encourager tous les croyants de Corinthe à « désirer prophétiser » et qu’il indique que ...