Parler de la mort
La prédication face à la mort ne peut se limiter à la prédication à l'heure de la mort. On se préoccupe aujourd'hui de l'accompagnement des mourants. Mais peut on prêcher aux mourants ? On n'en a guère l'occasion aujourd'hui. Dans la plupart des cas les malades proches de la mort sont isolés, protégés par la médecine. Ils meurent seuls. Dans les unités de soins palliatifs, le contact est plus facile. Mais l'heure n'est plus à la prédication - discours ? organisée. La communication verbale est difficile, fatigante pour le malade. C'est davantage par une présence, des gestes d'affection, le toucher, le sourire, le ton de la voix qu'on communique. Sans doute y-a-t' il souvent aussi l'attente d'une parole, d'un mot qui comprend et rassure. L'attente aussi d'une prière, d'un psaume, d'une parole du Christ, surtout, mais pas seulement chez les chrétiens. L'attente d'une parole de paix, de pardon, d'espérance. Mais pas d'une prédication.
Ne peut on pas plutôt, à l'heure de la mort, prêcher à la famille, à l'entourage du mourant ou du mort ? La prédication a sa place dans la liturgie des funérailles. Mais le risque est grand qu'une vraie communication ne s'établisse pas, que la douleur, la résignation ou la révolte fasse barrage à la Parole qu'on cherche à dire de la part de Dieu.
La prédication face à la mort ne doit pas se cantonner aux heures de deuil. C'est tout au long de la vie, tout au long de chaque année que les prédicateurs de la Parole de Dieu doivent aider les chrétiens ? et les autres ? à prendre conscience de la réalité de la mort, à affronter la pensée de la mort, sinon, ils seront désemparés, désespérés quand elle viendra.
Il ne s'agit pas, bien entendu, de jouer sur la peur de la mort, d'en faire un moyen de pression pour se faire entendre et obéir. Jean Delumeau, dans son livre "La peur et l'Occident", a montré comment l'Église, aux siècles passés, a trop souvent brandi l'arme de la peur de la mort pour tenir en main les chrétiens et convertir les païens. Mais il montre aussi les conséquences néfastes de cette prédication.
Il ne s'agit pas non plus de dévaloriser la vie présente au profit de l'au?delà, de donner à penser que la vie terrestre n'est rien de plus qu'une préparation à la vie éternelle. Peu importent alors les souffrances. les injustices, les violences de ce monde. On doit s'y résigner dans l'attente de la récompense dans le ciel. Cet accent sur l'au?delà est moins marqué aujourd'hui. On le trouve beaucoup plus présent dans nos anciens recueils de cantiques.
Aujourd'hui, au contraire, la tentation est de ne plus parler de la mort dans la prédication protestante (et de ne plus chanter de cantiques évoquant la mort et l'au?delà !). N'y a t il pas là, dans une certaine mesure, un exemple de conformisme au monde sécularisé, pour qui la mort est à la fois la réalité la plus naturelle (mort physique) et la destinée la plus absurde, la moins acceptable. Ou bien on refuse d'en parler et d'y penser, on en fait un sujet tabou, on l'occulte par tous les moyens possibles. Ou bien on en parle, mais pour se rassurer. On trouve actuellement beaucoup d'ouvrages sur la mort et l'au-delà, ouvrages généralement lénifiants, cherchant à apaiser la crainte de la mort, soit en la banalisant (c'est dans la nature des choses : un peu plus tôt un peu plus tard ; c'était son destin) ; soit en raisonnant à la manière de Socrate pour se convaincre de l'immortalité de l'âme ; soit en affirmant que la mort n'est que le passage à une autre vie, que les morts ne nous ont pas vraiment quittés, qu'on peut communiquer avec eux ? ou bien qu'ils se sont réincarnés sous une autre forme (d'où l'attrait des religions orientales et le succès de livres parlant de "la vie après la vie") ; ou bien encore en évoquant une survie non plus personnelle, mais historique, qui se réalise par la continuité d'une humanité engagée dans un projet commun, dans nos enfants ou nos compagnons d'oeuvre.
Ce n'est pas davantage le rôle de la prédication chrétienne d'anesthésier la peur de la mort que d'en faire la clef de voûte de son message.
Elle doit parler de la mort; elle ne peut pas faire autrement puisque l'Évangile en parle, parce que Jésus-Christ a lui-même souffert de la mort. Mais elle doit en parler à la lumière de l'Évangile, à la lumière de la résurrection du Christ: elle est porteuse d'une bonne nouvelle, d'une espérance vivante. Cette espérance ne s'appuie ni sur notre expérience, ni sur nos raisonnements. Pascal avait raison de dire: "Nous ne connaissons la vie, la mort, Dieu, nous-mêmes que par Jésus-Christ".
Ce que nous savons de la mort par Jésus-Christ n'a rien de lénifiant. Le Christ a pleuré au tombeau de Lazare et tremblé à Gethsémané. L'Évangile ne cache pas le côté dramatique de la mort. L'homme est un être promis à la mort: quoi qu'il fasse, il devra un jour affronter ce "dernier ennemi" dans un combat où il ne peut qu'être vaincu. L'épître aux Hébreux décrit l'humanité comme étant composée de "tous ceux qui. par crainte de la mort, sont toute leur vie retenus dans l'esclavage" (2.15).
Si la mort est si inquiétante, c'est qu'elle est "le salaire du péché" (Romains 6.23. Paul n'a pas inventé cette idée comme prétendent certains qui la trouvent désagréable. Elle remonte bel et bien à Genèse 3.34 ; 19b. Le meurtre d'Abel raconté en Genèse 4 en donne une preuve tragique ! Du péché, et non des péchés ; du mal, et non des symptômes. Le péché, c'est à dire la rupture avec Dieu, l'orientation de vie de l'homme qui a cédé à la convoitise d'être comme Dieu, de se mettre au centre de sa vie, d'en être le seul maître (c'est ma vie, elle m'appartient, c'est moi qui décide). L'homme pécheur, ce n'est pas le libertin ou le malfaiteur ; c'est tout homme qui ne veut dépendre que de lui même, se donner la vie à lui même (le self made man), qui ne doit rien à personne et tient à garder la maîtrise de tout ce qui fait sa vie. Cette mentalité est fortement encouragée par la société technicienne dans laquelle nous vivons. L'homme moderne a appris à dominer les forces de la nature au lieu de les subir. Il est maître de grands moyens. II peut compter sur son savoir et son pouvoir dans la plupart des situations. Mais pas devant la mort. Surtout quand cette mort lui apparaît comme un échec irrémédiable, un malheur irréparable, une absurdité. Ce n'est pas tant l'échec moral (quoique...) que la constatation que la vie n'a pas porté ses fruits, qu'il y a quelque part un manque, un gâchis, qui est source d'angoisse. On en prend conscience pour soi même vers le milieu de la vie, quand on doit renoncer à la réalisation de ses rêves et de ses espoirs. Maurice Nédoncelle l'a bien exprimé : "Nous n'achevons rien ici-bas de ce que nous voulons et de ce que nous sommes. Et le sentiment spontané que nous avons devant le déroulement de notre histoire est la surprise d'une frustration perpétuelle". Parfois au lieu de surprise, il faudrait dire scandale : devant la mort d'un enfant ou une mort accidentelle : "Ce n'est pas vrai ! c'est trop bête ! pourquoi ?". Si l'homme est seul, ne dépendant que de lui même, il n'y a pas de recours ? rien que l'absurde.
C'est précisément cet homme qui croit ne pouvoir compter que sur lui même et sa maîtrise technique du monde, qui se trouve, par crainte de la mort, retenu dans l'esclavage. Il n'a pas en lui la source de vie. Sa vie lui a été confiée par Dieu pour un temps, et avec le temps elle s'épuise pour, un jour, lui échapper. Devant la mort, il se retrouve démuni, sans appui, sans espoir. Il a rejeté Dieu de sa vie ? ou du moins du centre de sa vie. Il l'a peut être remisé dans un coin, dans ce qu'il appelle sa religion, se disant qu'il pourra faire appel à lui en cas de besoin. Mais il risque de ne pas le trouver au moment où il le cherchera, parce qu'il ne l'a pas connu et que le Dieu qu'il invoquera sera un dieu de son imagination et non le Père que nous a fait connaître Jésus-Christ.
La Bonne nouvelle de l'espérance
La prédication chrétienne ne peut taire cette réalité douloureuse que "le salaire du péché, c'est la, mort". Mais ce n'est pas là dessus qu'elle doit s'appesantir. L'analyse ci-dessus nous aide, je crois, à mieux comprendre ceux à qui nous devons annoncer l'Évangile. Elle n'est pas le coeur de notre prédication. L'essentiel est dans la Bonne Nouvelle de Jésus-Christ. Car si "le salaire du péché, c'est la mort, le don gratuit de Dieu, c'est la vie éternelle en Jésus-Christ, notre Seigneur" (Romains 6.23).
La prédication chrétienne ne doit pas cacher le caractère ténébreux de la mort, mais elle doit surtout annoncer que la lumière a lui dans les ténèbres, la lumière de la grâce de Dieu, d'un Dieu qui donne la vie, qui fait revivre ceux que la mort tenait en esclavage. L'espérance qu'elle annonce a pour seul fondement le don du Sauveur Jésus-Christ au monde, l'événement décisif qu'est l'incarnation, la mort et la résurrection du Christ.
Ayant vécu comme un simple homme, il a connu notre faiblesse et nos angoisses ; il a été Emmanuel, Dieu avec nous, Dieu à nos côtés tout proche jusque dans la mort, seul, démuni, abandonné, affrontant une vraie mort douloureuse, scandaleuse. Mais aussi, Dieu pour nous, visage de Père plein de tendresse pour ses enfants, offrande de grâce, de paix, de pardon, de réconciliation.
Mais voilà la merveille : ce Jésus qui a été crucifié, Dieu l'a ressuscité des morts. Il est vivant. La mort est vaincue, la vie triomphante. L'amour est plus fort que la mort (Cantique 8.6). Dieu a rendu à la vie celui qui lui a fait confiance, qui a remis son esprit entre ses mains. "Christ est vraiment ressuscité", voilà la seule nouvelle vraiment nouvelle, la seule cassure décisive dans le mur derrière lequel la mort nous tenait captifs. Le Christ mort et ressuscité est toujours Dieu avec nous, pour nous : il n'est pas vivant tout seul, il est les prémices de ceux qui sont morts, le premier-né parmi les nombreux frères. C'est pourquoi l'apôtre Pierre a pu écrire : "Béni soit Dieu, le Père de notre Seigneur Jésus-Christ, qui nous a rendus à la vie par la résurrection de Jésus-Christ d'entre les morts" (1 Pierre 1.3).
Une bonne nouvelle, la Bonne Nouvelle. Mais si difficile non seulement à croire, mais plus encore à accepter. Car elle est une invitation à la foi, c'est à dire à faire confiance à Dieu et non pas à nous-mêmes, à reconnaître que nous lui devons tout, à abandonner notre prétention â nous suffire à nous-mêmes pour nous remettre à lui. Elle est donc un appel à nous convertir, à crucifier notre orgueil qui refuse d'admettre qu'un autre soit le maître de notre vie et que nous dépendions entièrement de sa grâce.
L'Évangile de la résurrection nous y oblige pourtant. La vie éternelle qu'il proclame n'est en rien le fruit de nos efforts, mais un don de la grâce de Dieu. Ce qui nous sauve et nous fait vivre, ce n'est pas ce que nous faisons pour Dieu, mais ce que Dieu a fait pour nous en Jésus-Christ. D'où l'importance de la foi, la nécessité de se tourner (se convertir) vers le Christ, avec confiance, dans la simple attitude de l'enfant qui se laisse aimer et reçoit les cadeaux de son père. La promesse de vie éternelle est pour ceux qui croient. "En vérité, en vérité, je vous le dis, celui qui écoute ma parole et qui croit à celui qui m'a envoyé a la vie éternelle : il ne vient pas au jugement, mais il est passé de la mort à la vie" (Jean 5.24).
"Celui qui écoule ma parole et qui croit..." : la prédication chrétienne doit faire entendre ces mots, qui ont valeur d'avertissement. La vie éternelle n'est pas un héritage naturel dont tous les hommes bénéficient; elle est un don, une grâce pour ceux qui croient, qui ont adhéré au Christ, se sont attachés à lui. Rejeter Jésus-Christ, se couper de lui, c'est la mort et le jugement. Il faut le dire, pas pour faire peur, mais parce que l'Évangile est nécessairement une invitation à croire.
"Celui qui croit a la vie éternelle : le verbe est au présent. "Il est passé de la mort à la vie" : quelque chose s'est produit, le croyant est déjà né à une vie nouvelle, la vie du Christ en lui, c'est à dire la vie éternelle dès à présent. Face à la mort qui détruit, Dieu donne son Esprit qui fait vivre et nous permet de connaître dès maintenant la communion avec Dieu dans l'amour, mais aussi d'être rendus semblables à l'image de son Fils. Aimer comme Christ, c'est déjà la vie éternelle, ici et maintenant, donc sans attendre. Nous devons proclamer, comme Paul s'adressant aux croyants baptisés : "Considérez que vous êtes morts au péché et vivants pour Dieu en Jésus-Christ" (Romains 6.11). La conclusion qu'il en tira, c'est que nous devons "nous offrir à Dieu. comme des hommes revenus de la mort à la vie" et "nous mettre tout entiers à son service, comme des instruments pour accomplir ce qui est juste" (Romains 6.13 BFC). La vie terrestre trouve là toute son importance et sa valeur. C'est pourquoi l'apôtre, dans la première épître aux Corinthiens, conclut son grand développement sur la résurrection par ces mots : "Ainsi, mes frères bien-aimés, soyez fermes, inébranlables, progressez toujours dans l'oeuvre du Seigneur, sachant que votre travail ne sera pas vain dans le Seigneur" (1 Corinthiens 15.58).
"Il est passé de la mort à la vie". Pourtant la mort physique, le trépas est encore devant lui. Il devra affronter sa mort, la sienne, événement unique, totalement inconnu. Devant cet inconnu, aucun croyant ne peut être sûr de faire face avec un courage sans failles et une entière sérénité. Jésus ne s'est il pas écrié : "Mon Dieu, mon Dieu, pourquoi m'as tu abandonné" ? La pleine délivrance du vieil homme, du "corps de cette mort", comme dit Paul (Romains 7.24), est encore à venir. "Nous marchons par la. foi et non par la. vie" ? et cela, jusqu'au bout.
L'assurance qui nous est donnée par l'Évangile, c'est que celui qui a partagé notre vie et notre mort restera encore "Dieu avec nous" dans la mort. II nous a donné les arrhes de l'Esprit, non seulement pour vivre dès à présent une vie nouvelle, mais aussi pour "attester à notre esprit que nous sommes enfants de Dieu" et que rien, ni la mort, ni la vie "ne pourra nous séparer de l'amour de Dieu manifesté en Jésus-Christ" (Romains 8.15, 38?39).
Celui qui a cru à l'amour de Dieu, qui a goûté à la communication du Christ peut connaître des craintes, des angoisses, mais pas le désespoir. Il est né à une espérance, une espérance vivante même dans la mort. Il devra quitter cette vie, s'en aller ? oui, mais pour "être avec Christ" (Philippiens 1.23 BFC). C'est là l'essentiel. Dieu avec nous et nous avec lui, c'est la parole de vie éternelle, la promesse que rien ne pourra briser. C'est notre prédication devant la mort.
Ce que sera cette vie avec le Christ, de l'autre côté du voile, il ne nous appartient pas de le décrire, de l'imaginer. Une certitude nous est donnée : ce sera "de beaucoup le meilleur" ; une vie de plénitude, et non de frustration; une communion d'amour, où nous verrons face à face Celui qui nous aime. Et puis, l'assurance d'avoir part au règne de justice et de paix que Dieu établira.
Les promesses divines suffisent à donner la paix qui surpasse toute intelligence. Pas à satisfaire toutes nos curiosités ! Mais le rôle de la prédication n'est pas de répondre à toutes nos questions. Il est de faire entendre la Parole qui fait vivre et que Dieu nous a donnée en Christ.
Les éléments d'un service de funérailles
J'ai parlé de prédication face à la mort jusqu'ici et n'ai rien dit de la liturgie des funérailles. Ceci pour deux raisons :
- d'abord, parce que la liturgie des funérailles dépend étroitement de l'enseignement de l'Église sur la mort. Elle doit en être l'expression adaptée à une situation particulière.
- ensuite, parce que, dans les Églises baptistes, il n'y a pas de liturgie fixe, ni même de modèle unique (voir toutefois le dossier sur les "Services Funéraires" Cahiers de l'École Pastorale, décembre 1994, n°22). Une grande latitude est laissée aux officiants. Cela est particulièrement vrai aujourd'hui, où les services funèbres se déroulent souvent en dehors des lieux de culte, mais à la maison mortuaire, au cimetière, dans un funérarium ou un crématorium (puisque la crémation est admise).
I - Il y a cependant des éléments liturgiques que l'on rencontre habituellement, car, à défaut de liturgie fixe, nous avons des habitudes, des traditions et, j'ajoute, des convictions.
Je parlerai d'abord de ce qui ne trouve pas place dans les funérailles non seulement baptistes, mais protestantes.
D'abord et surtout, ce qui serait accompli pour le mort. Les services funèbres sont pour les vivants et non pour les morts. Il n'y a ni bénédiction du corps, ni prière pour le défunt. Nous pouvons tout au plus le remettre à Dieu. Notre relation avec celui ou celle qui nous a quittés est interrompue. Ce que nous pouvions faire en sa faveur est terminé. La suite, c'est l'affaire de Dieu.
L'épître aux Hébreux nous dit "qu'il est donné à l'homme de mourir une seule fois, après quoi vient Le jugement" ?qui n'appartient qu'à Dieu.
Le service funèbre s'adresse donc à ceux qui restent, ceux que le deuil a frappé, la communauté chrétienne dont la foi est confrontée à la dure réalité de la mort et à toute la communauté humaine rassemblée pour la circonstance.
L'Église s'associe à eux dans la peine, les assure de la compassion divine et les invite à s'associer à sa foi, cette foi qu'elle exprime dans sa prédication, mais aussi dans toute sa vie liturgique, expression de la communion des saints.
II - La Parole de Dieu et la prière seront les deux éléments essentiels du service.
Les lectures bibliques et la prédication chercheront à mettre en évidence deux vérités :
a) - L'Évangile de la résurrection qui fonde notre espérance de la vie éternelle. Le Dieu souverain qui a donné la vie et l'a reprise n'abandonne pas les siens à l'heure de la mort. En leur pardonnant leur péché, il les a unis à lui. Ceux qui ont mis en lui leur confiance sont avec lui pour toujours. Et puisque l'amour de Dieu s'étend à tous les hommes, le désespoir n'a pas sa place, dès lors qu'on se tourne vers le Dieu de la grâce.
b) - L'assurance de la compassion divine : Dieu voit nos larmes et porte nos peines. Il est toujours proche de ceux qui ont le coeur brisé pour soutenir et consoler en particulier à l'heure du deuil où justement, il semble loin.
L'assurance aussi que sa compassion agira dans la situation de détresse, de confusion, de solitude, de tracas occasionnés par le deuil.
Aider ceux qui pleurent à "continuer à vivre dans la. foi", tel est aussi le sens du service funèbre.
III - La prière comportera plusieurs moments.
La confession de la foi chrétienne, réponse humaine à la Parole de Dieu, y tiendra une place centrale. Le peuple de Dieu témoigne qu'elle a cru à la Parole que Dieu lui a donnée en Jésus-Christ et qu'elle y a trouvé sa joie et sa force. Cette confession se prolongera le plus souvent par la louange et s'exprimera dans les grandes confessions oecuméniques, mais aussi dans des chants, des textes bibliques et des prières composées pour la circonstance.
Une confession des péchés, qui est simplement l'aveu de notre désarroi devant la mort, de notre difficulté à accepter que nous ne soyons pas les maîtres de tout ce qui nous arrive, de notre faiblesse devant la tentation d'en vouloir à Dieu qui reprendra nos bien-aimés.
Une prière d'intercession demandant le secours de Dieu pour ceux qui pleurent, qui ne comprennent pas, qui doivent affronter de nouvelles difficultés du fait de cette mort. En priant avec eux et pour eux, l'Église les assure de son soutien.
Une action de grâces pour celui qui nous a quittés. Remercier Dieu pour tout ce que le mort a pu apporter de son vivant, à ses proches, à ses amis, permet de rappeler ce qu'il a été et d'évoquer des souvenirs saillants de sa vie. Il conviendra de ne pas donner trop de place à un panégyrique, qui glorifierait l'homme plutôt que Dieu.
IV - Un service funèbre est souvent pour le pasteur l'occasion de rendre publiquement témoignage à la foi et à l'espérance chrétiennes devant des hommes et des femmes qui connaissent mal ou pas du tout ce que la Bible nous dit de la vie et de la mort.
C'est seulement lors des services de funérailles que le public entend ce que pensent les chrétiens devant la mort. L'annonce de la résurrection du Christ, entendue dans le contexte du deuil, gagne en actualité et en puissance. Mais il ne serait pas juste, ni sage de profiter de la peine de quelqu'un pour faire du prosélytisme auprès d'un auditoire captif. Il faut être avec ceux qui pleurent; pas au dessus d'eux ni en face d'eux.