Une fois de plus, les chrétiens doivent plaider coupables s’ils veulent être pris au sérieux. En effet, le spectacle qu’ils ont offert au monde dans l’histoire est affligeant. Sans trop nous attarder sur les guerres dites de religion, où celle-ci a régulièrement servi de prétextes pour cacher les ambitions politiques, on ne peut toutefois pas passer sous silence les conflits, les schismes, les mots durs et les rivalités de toutes sortes qui ont profondément divisé les chrétiens entre eux. Le christianisme est ainsi aujourd’hui une mosaïque de mouvements, d’Églises, de courants. Le chrétien que je suis ne l’ignore pas et il en souffre. Cependant, je peux témoigner pour ma part que je vis une unité vraie avec bien des chrétiens qui ne sont pas « de mon bord ». Cette unité me semble bien plus fondamentale que l’unité institutionnelle qui pourrait contenter tout le monde, mais qui ne serait que de façade.
En effet, la vraie unité n’est pas et ne sera jamais l’uniformité. L’image qui me vient à l’esprit est celle du corps humain, composé d’une multitude de membres et d’organes différents, mais tous reliés entre eux et interdépendants, utiles, nécessaires mêmes, les uns aux autres. C’est en effet un même sang qui circule dans l’ensemble du corps et une même tête qui commande les organes.
C’est pour moi la même chose pour les chrétiens. Ils forment en définitive un corps unique, celui de Jésus sur terre.
Quelle joie alors d’en rencontrer qui ne me ressemblent pas vraiment ! C’est vrai qu’il faut prendre le temps de se parler, de se rencontrer en profondeur. C’est alors que je constate que c’est le plus souvent parce qu’ils ont une histoire et des sensibilités différentes de la mienne qu’ils ne portent pas le même nom que moi et pratiquent différemment. Cela nous sépare-t-il ? Certes, il y a des efforts à faire, mais au moins, on a des choses à se dire, à partager, à découvrir chez l’autre, à apprendre, à donner, à recevoir... C’est une vraie richesse.
Dans des pays de dictatures on voit des foules alignées qui défilent comme un seul homme. Certes, ces chorégraphies millimétrées sont impressionnantes, mais cela ne dit rien de ce que les gens pensent et vivent entre eux. Ils ne se connaissent pas et n’ont rien d’autre en commun que leur uniforme. Je ne veux pas de cette prétendue unité imposée.
Par contre, la joie que j’éprouve lorsque je rencontre des chrétiens d’autres confessions de foi que la mienne est celle d’une unité profonde, malgré les apparences. Je vois en eux des frères et des sœurs puisque, comme moi, ils appellent Dieu leur Père grâce à Jésus-Christ. Ne s’est-il pas fait notre frère pour que nous puissions appeler Dieu notre Père ? Quelle joie alors de pouvoir prier avec eux, sachant que l’Esprit de Dieu nous unit et nous donne une même espérance, celle de partager ensemble l’éternité.
Je n’ai pas dit que tout cela est facile et qu’il n’y a jamais d’accrocs. Il reste des différences de conception, de croyances aussi. Mais je peux témoigner que lorsque les chrétiens font l’effort de se concentrer sur l’essentiel, c’est-à-dire sur Jésus qu’ils reconnaissent comme le Fils de Dieu, mort pour leurs péchés et ressuscité, alors notre unité est bien plus grande que ce qui pourrait nous séparer.
Quel bonheur de savoir qu’un jour, nous ferons partie de cette foule composée d’hommes et de femmes de toutes nations, de toutes langues, de toutes tribus... qui loueront Dieu dans une parfaite unité.