Oui, « le cœur a ses raisons que la raison ne connaît pas », mais Pascal sait aussi qu’il ne faut pas « exclure la raison ». Comme nous l’avons vu plus haut, presque la moitié des pages des Pensées sont consacrées à l’apologétique, c’est-à-dire à la défense de la religion chrétienne. Ce mot « apologétique » vient de la Bible. L’apôtre Pierre a écrit : « Soyez toujours prêts à défendre l'espérance qui est en vous, devant tous ceux qui vous en demandent raison. » (1 Pierre 3.15)
En grec, le mot pour la défense, apologia, nous donne le mot technique en français « apologétique », qui signifie :
- défendre de façon raisonnable la foi chrétienne,
- présenter sa prétention à être vraie et pertinente face aux autres conceptions de la vie.
Après le pari, Pascal présente deux grandes lignes de « défense » de la foi :
- « Notre condition véritable »,
- « Jésus-Christ. »
Quels sont donc les arguments apologétiques de Pascal ?
Notre condition véritable
Pascal est convaincu que seule la foi chrétienne présente un pouvoir explicatif supérieur à toute autre religion et toute autre philosophie. Autrement dit, en observant l’univers matériel ainsi que l’humanité dans toute sa complexité, qu’est-ce qui permet d’expliquer qu’il y a quelque chose plutôt que rien (selon la question posée par Leibnitz) ? Qu’est-ce qui nous permet de trouver un socle solide pour nos lois et nos valeurs ? Qu’est-ce qui explique le comportement des êtres humains quand ils se livrent à la violence, au mensonge, à l’infidélité, aux convoitises, aux discriminations… ? Voici comment Pascal l’exprime :
« Il faut pour faire qu'une religion soit vraie qu'elle ait connu notre nature. Elle doit avoir connu la grandeur et la petitesse de l'homme, et la raison de l'une et de l'autre. Qui l’a connue que la chrétienne(1) ? »
Il s’agit donc de se demander : quelle est ma vision du monde ? Qu’est-ce qui colle le mieux à la réalité...