Au-delà des apparences

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Au-delà des apparences

Nous prétendons aimer la nature et lui accorder une confiance aveugle. Et pourtant, il nous arrive d’en rejeter de très bonnes choses. Pourquoi? Simplement à cause de leur apparence ou parce qu’elles ne font pas partie de nos habitudes.

Et on dira après cela que l'homme est raisonnable! La réalité, c'est que l'imagination est toujours la plus forte, y compris chez ceux qui se croient les plus sages et les plus raisonnables. Le pouvoir de l'imagination est irrésistible et la raison, dans le meilleur des cas travaille à son service, quand elle ne devient pas pratiquement son esclave consentante et soumise.

En témoignent des légumes qui ont parfois eu leur heure de gloire mais qu’on a tendance à délaisser aujourd’hui. Mais il suffirait de peu de chose - d'avoir eu faim et de les passer sous l'eau - pour les aimer et les laver de tout soupçon ! Accepter de les essayer aujourd'hui, c'est les adopter demain. Qu'ils sont nombreux ceux qui les ont goûté une fois et ont voulu ensuite en faire leur ordinaire !

Il en va de même pour l'Évangile : qu'est-ce qui m'empêcherait de lui accorder foi et d'en faire la nourriture de ma vie? Des préjugés trompeurs! Des impressions qui ne résistent pas à un examen approfondi!

Alors acceptez de goûter et vous m'en direz des nouvelles!

Scorsonère

Regarde-toi! Le moins que l’on puisse dire est que la nature t’a dotée d’un aspect plutôt ingrat. Tu ressembles à un radis noir. Et encore je suis gentil! On t’aperçoit quelquefois sur les étals des primeurs, présentée en un petit fagot évoquant davantage un balai de sorcière qu’un légume comestible. D’ailleurs ton nom viendrait de l’espagnol escorzonera, du nom d’un reptile à la blessure venimeuse…

Mais on me dit que tu remplaces peu à peu le salsifis car, consommé en légume, tu es moins fibreux et tes rendements sont plus élevés…

Tu vois, je n’ai pas pris de gants pour te dire ce que je pense de toi. Par contre, il faudrait mieux en prendre pour t’éplucher, car ta pelure fait tache!

Topinambour

Tu m’excuseras, mais j’ai du mal à croire qu’il n’y a pas de fumée sans feu! Tu es déjà le fruit d’un malentendu! Introduit en France par Champlain au XVIIe, on te surnomme tout d'abord «l'artichaut du Canada», pour ton goût semblable au sien. Mais comme tu as été introduit en France à peu près à la même époque qu’une dizaine d’Indiens Tupinanbu du Brésil, tu as été appelé de leur nom étrange et ta réputation a eu à en souffrir. On t’a accusé tour à tour de donner la lèpre, d’être «le plus mauvais de tous les légumes», selon un traité de jardinage du 18ème siècle, et enfin d’avoir rassasié avec trop de zèle nos compatriotes pendant la Seconde Guerre mondiale. Mais on ne se laissera pas arrêter par la dureté de ton enveloppe extérieure qui renferme une chair abondante au goût de noisette.

Rutabaga

Toi aussi, tu es une plante méprisée, bien que fort aimable au demeurant sur le plan gustatif. Tu es le croisement heureux du navet et du chou frisé. Tout un programme! Mais un véritable ostracisme te frappe. Tu viens des pays froids et humides! Et pourtant cela ne joue pas sur ton caractère. Il n’y a qu’une chose à craindre te concernant: quand tu es léger, tu es creux! Les disettes de la Seconde Guerre mondiale t’ayant sollicité plus que de coutume, tu es désormais synonyme de pénitence. Encore que la vraie repentance, qui est tristesse selon Dieu, «mène au salut, ce qu’on ne regrette pas, tandis que la tristesse du monde produit la mort».

Chicorée

On te croit simple ersatz de café! Oh que non! D’abord, tu es à l'origine des chicorées salades: scaroles et frisées! Et puis «Madame de La Chicorée» a fait de hautes études universitaires: tu as le grade élevé de plante médicinale, une de celles qui facilitent la digestion et ainsi la gestion du quotidien de nos abus en nourriture… Tu es d’ailleurs également, l’arrière grand-mère de l’endive, riche en eau et en basses calories! On avouera aisément après tout cela que tu ne peux être que quelqu’un de bien!

Auteurs
José LONCKE

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