Péguy et «l'encharnement»

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Les 150 ans de la naissance de Charles Péguy.


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Péguy Charles Péguy (1873-1914) est sans doute le plus grand écrivain français du 20e siècle, mais il souffre d'un statut marginal (1). Sa prose est ignorée et sa poésie jugée difficile. Celui qui, dans ses écrits voulait « dire toute la vérité », reste « le mécontemporain » (2). Fils d'une rempailleuse de chaises, il est né à Orléans, il y a 150 ans. Brillant étudiant, il s'est passionné pour les grandes causes sociales et a milité en faveur de Dreyfus.
Péguy était aussi habité par une profonde foi chrétienne qui a mûri au milieu de détresses de toutes sortes. Il a écrit dans une langue actuelle et pleine d'humour, pleine d'images familières, avec une foule de citations évangéliques (Matthieu, Luc, Jean).

Extraits de son recueil poétique majeur, « Le porche du mystère de la deuxième vertu » (1911-1912)
Écrit en vers libres, il attendrira encore aujourd'hui quelqu'un qui n'est pas touché par la foi. Il y laisse la parole à Dieu à travers la voix de Madame Gervaise (3).

(Jésus-Christ) n’a pas dépensé
Les trente-trois ans de sa vie terrestre…
Ses trente ans de travail, ses trois années de prédications, ses trois jours de passion et de mort...
Son incarnation, qui est proprement son encharnement,
Sa mise en chair et en charnel, sa mise en homme et sa mise en croix et sa mise au tombeau...
Il n’a pas fait toute cette dépense
Considérable
Pour venir nous donner, pour nous donner ensuite
Des devinettes
À deviner...
Non, non, mon enfant, et Jésus, non plus ne nous a point donné des paroles mortes...
Mais il nous a donné des paroles vivantes
À nourrir
Je suis la voie, la vérité et la vie (4).

Un Dieu qui a rejoint les hommes

Cet écrivain met en valeur l'espérance fondée sur un Dieu qui a tant aimé le monde qu'il a assumé notre condition humaine pour la sauver. Ceci, il l'a fait à travers la mort de Jésus à la croix. Cette espérance nous permet de vivre nos vies réelles.
Pour lui, la foi chrétienne ne méprise pas le corps, elle est fondée au contraire sur « l'encharnement » de ce Dieu qui s'est fait homme.

Alors que nous sommes entrés dans l'ère des écrans omniprésents, de la tyrannie des algorithmes mais aussi de la fascination transhumaniste, écoutons Péguy qui nous rappelle qu'il ne faut pas mépriser le corps, même quand il est souffrant.
Il nous encourage au contraire à retrouver le sens de la rencontre personnelle, corps à corps, visage à visage, avec des gestes concrets.
De belles rencontres en perspective. Un beau programme pour Noël.

Auteurs
José LONCKE

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Informations complémentaires



(1) Charles Coustille, Parking Péguy, Photographies de Léo Lepage, Flammarion.
(2) Alain Finkielkraut, Le mécontemporain, Folio Gallimard.
(3) Charles Péguy, Le Porche du Mystère de la deuxième vertu, Poésie-Gallimard, Gallimard, 1986, p.73-74.
(4) Citation de Jean 14.6.


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