Une fois par an, je passe plusieurs soirées à casser entre dix et quinze kilos de noix. C’est qu’il y a une pâtissière prolifique à la maison.
Casser des noix pendant des heures est un travail plutôt monotone et pénible. Mais ça ne me dérange pas. Les mains occupées laissent l’esprit libre. Cette année, ma grande réflexion portait sur le fait que finalement, les êtres humains ressemblent pas mal aux noix…
À l’extérieur, des similitudes, mais des différences aussi. Des grands, des petits, des bosselés, des lisses, des clairs, des foncés. Lorsqu’on exerce une pression, certains résistent longtemps, d’autres cèdent très rapidement. Mais la plus grande surprise, c’est lorsqu’on parvient à voir ce qu’il y a à l’intérieur.
Une coquille extérieure disgracieuse peut révéler une grande beauté interne. Tout comme, à l’opposé, un corps sans défaut peut s’avérer vide, voire pourri. Et toute la palette entre ces deux extrêmes.
La semaine dernière, je me lamentais parce que le préposé de la Poste m’avait, de mon point de vue, traité avec bien peu d’égards.
En rentrant chez moi, je croise, comme tous les soirs, l’équipe de routards à chiens, crêtes et piercings comme il se doit, qui sollicitent les quelques pièces d’usage. Je hausse les épaules et réponds : « J’ai plus rien ».
« Si », me répond gentiment un grand gaillard, « vous avez une belle casquette ! »
Et toc, le monde tourne de nouveau dans le bon sens.