Vous sentez-vous parfois dépassé par vos émotions ? Certaines sont tellement intenses qu’elles prennent le dessus. Les neuropsychologues apportent quelques pistes pour mieux les comprendre et répondre aux besoins qu’elles expriment.

Les émotions sont traitées par le cerveau selon deux paramètres : leur intensité et leur valence, c'est-à-dire le côté agréable ou désagréable d’une émotion. Par exemple, quand je prends plaisir à manger des lasagnes, c’est une émotion agréable d’intensité plutôt faible. Mais quand on m’annonce le décès d’un de mes proches, je vais avoir une émotion désagréable forte.
L’imagerie cérébrale montre qu’il y a trois réseaux cérébraux pour traiter les émotions.
1. Les émotions agréables sont traitées de préférence par le circuit du plaisir et de la récompense où la dopamine joue un rôle actif. Plus l’émotion est agréable, plus il va être activé. Et plus cette émotion est intense, plus je vais être attirée par ce qui me la procure. Reprenons l’exemple des lasagnes : je sens l’odeur et je goûte quelque chose qui me fait vraiment plaisir. Ces informations sensorielles sont rassemblées puis envoyées dans ce qu’on appelle le système limbique, au centre du cerveau.
Le système limbique est la clef des émotions. Il est relié à des structures nerveuses qui font réagir mon corps, par exemple en faisant gargouiller mon estomac, saliver, et ressentir de la joie en voyant des lasagnes. Il est aussi relié à l’avant du cerveau qui se charge de réguler mon comportement et mes pensées. Je vais me dire par exemple : « Les lasagnes sont vraiment mon plat préféré. » Je vais enregistrer ce bon souvenir et prendre la décision d’en faire plus souvent.
2. Pour les émotions désagréables, il y a un circuit de la punition. Les hormones activées sont différentes, notamment l’adrénaline qui permet de fuir ou de combattre. Par exemple, lorsqu’un collègue me dit quelque chose de désagréable, je peux fuir la situation en quittant la pièce, ou choisir de combattre en faisant preuve de répartie.
3. Plus récemment, on a découvert un troisième réseau cérébral utile pour traiter les émotions désagréables très intenses. Il s’agit du système inhibiteur de l’action qui s’active quand fuir ou combattre paraissent impossibles et que le seul choix semble de rester immobile, comme la souris qui fait la morte devant le chat. Dans mon exemple de l’annonce d’un décès, je reste figée, comme tétanisée et me mets à pleurer silencieusement. Pour retrouver pleinement la maîtrise de mes actions, il faudra nécessairement attendre que l’intensité de mon émotion diminue.