C'est la fin de la journée, je suis en train de régler mes achats dans la supérette. Le silence pèse sur chacun. Fatiguée, la caissière débite machinalement ses formules de politesse commerciale : « Bonjour Monsieur », « Au revoir Monsieur », « Bonne fin de journée... » Les clients, eux, attendent que je range au plus vite mes provisions.
Tandis que je m'apprête à glisser ma carte de paiement dans le lecteur, la caissière, plongée dans ses pensées, est interpellée par un client revenu sur ses pas : « Je veux payer la bouteille de soda qui n'a pas été facturée. »
Surprise et un peu perturbée par cette situation peu banale, la caissière procède à « l'exaucement ». C’est alors que j’ose dire : « Ce n'est pas tous les jours que l'on assiste à un tel acte d'honnêteté. » Je m'adresse alors à la personne : « Vous auriez pu savourer un verre de soda, personne ne vous a vu… »
Et là, c’est moi qui suis surpris. Le jeune homme me lance : « Si, si, il y a quelqu'un qui me voit, c'est Dieu. » Et prenant son reçu, il s'éclipse.
J’ai enfin libéré le tapis et repars vers ma voiture avec une certaine satisfaction : « Si, Daniel, il existe encore des gens honnêtes. »