Je descends du bus et prends la rue piétonne qui mène à mon lieu de travail. Très vite, je sens une présence. Je tourne la tête. Un homme, la trentaine, sac au dos, me sourit. Son apparence générale dit clairement que la vie l’a malmené.
— Bonjour, dit-il.
— Bonjour. Ça va ?
— C’était un peu la galère dernièrement. Ça fait quatre jours que je dors dehors, alors que j’ai un appartement et tout... Mais les choses s’arrangent. Lundi, j’ai du boulot. Alors tout va bien dans Le meilleur des mondes ! Au fait, vous avez lu ce livre ?
— Au lycée, comme tout le monde. C’est un peu loin tout ça.
On arrive à ma rue et j’indique que je vais partir par là. Je lance :
— Bonne journée et continuez bien votre route.
— C’est quoi votre nom ? me demande- t-il.
— Greg.
— Grégory ? Grégoire ?
— Grégory.
— Alors bonne journée, Monsieur Grégory ! Et il poursuit son chemin.
C’était rien. C’était tout.
Ce n’est probablement pas tous les jours qu’un parfait étranger entamera une conversation dans la rue. En ce qui me concerne, j’aurais eu tort de me priver de celle- là. Aussi courte et apparemment banale soit-elle, elle était chargée au plus haut point de chaleur humaine.
Curieux comme une rencontre fortuite peut totalement changer le cours d’une journée. Je sens que je vais y prendre goût !