De parents agriculteurs, Marie-Jeanne voulait être institutrice. Elle sera secrétaire dans une compagnie d’assurance jusqu’à son mariage avec Daniel, qui lui, voulait reprendre l’exploitation de ses propres parents. Elle dira oui à Daniel et au retour à la ferme.
Parlez-nous de l’exploitation
« L’activité repose sur les vaches laitières et les cultures assorties pour nourrir le bétail. Être agriculteur aujourd’hui suppose un panel de compétences en élevage pour soigner les bêtes, les traiter pour un meilleur rendement. Une formation très technique est nécessaire.
Il faut bien sûr être au point sur les techniques de culture, sans parler de la mécanique pour l’entretien du matériel. La gestion administrative requiert aussi d’être pointu en informatique. Bref, de multiples compétences qu’il faut entretenir. »
Quel est votre rôle ?
« Avec un troupeau de 150 vaches, j’interviens dans la salle de traite mécanique. Les vaches passent douze par douze, et cela prenddeux heures matin et soir. C’est un travail physique que j’aime bien, mais c’est fatigant.
Et puis on s’attache aux bêtes, cela crée un lien et, quand parfois il faut les vendre, ça fend le cœur. Une fois, l’une d’elles ne m’aimait pas et elle a essayé de me charger au moment du vêlage. »
Des satisfactions et des regrets ?
« Quand mes enfants étaient petits, j’ai pu les garder tout en travaillant. Nous avons cédé l’exploitation à nos deux fils qui s’entendent très bien et ont des compétences complémentaires. Leurs épouses respectives travaillent à l’extérieur, tout comme nos deux filles qui se sont installées en ville. Nous restons proches d’eux pour aider ou conseiller.
Ils vont installer la traite robotisée qui évitera le geste de brancher chaque vache. Chacune se branchera. Plus facile et plus rapide.
Sinon, j’aimais bien la comptabilité et la facturation. Mais quand l’APAC est arrivée en 1995, il y avait tellement de dossiers à faire que c’est devenu ma bête noire. »
Et votre foi dans tout ça ?
« C’était un combat avec l’emploi du temps pour aller au culte ou aux diverses réunions de l’Église. Mais j’y puisais le soutien par la prière, notamment quand Daniel a eu son cancer, quand les bêtes étaient malades, ou quand nous avions besoin d’être protégés pendant un chantier.
J’ai toujours entretenu de bonnes relations avec les confrères et avec les gens du village. Je visite les voisins et je distribue un calendrier avec des pensées bibliques. C’est pour moi l’occasion de leur partager ma foi. Je pense tout particulièrement à cette dame à qui j’ai offert ce calendrier pendant trente ans. Nous échangions et priions ensemble. Je pense qu’elle est partie avec Dieu. »