Ce que la Bible dit des habitants de la Ninive d’autrefois, incapables de distinguer leur gauche de leur droite(1), peut se dire de notre société en pleine déroute. Le danger, c’est qu’elle a tendance à se tourner vers le parti qui tient un discours musclé, se prétendant détenteur des solutions-miracles qui font défaut.
Brouillage
Qui aurait dit qu’en France, un ministre de l’Économie labellisé « socialiste » oserait se prononcer pour l’abolition des 35 heures ? Le gouvernement a aussitôt démenti, mais l’entorse est faite : à « gauche », certains sont prêts à porter atteinte à ce que le tandem Sarkozy-Fillon n’avait pas osé transgresser. Quelque opinion qu’on ait sur les 35 heures (multiple de sept, chiffre sacré…), on mesure ici le brouillage absolu des références politiques : nous n’avons plus le choix qu’entre des étiquettes dont le contenu est grosso modo le même ; seul l’emballage diffère.
Il n’est peut-être pas inutile de rappeler que Manuel Valls le Catalan est d’origine bancaire par son grand-père et d’origine suisse par sa mère, ceci expliquant cela ; il y a quelques mois, la Suisse s’est exprimée contre la limitation du temps de travail à 40 heures par semaine. Mais en France, pourquoi cette haine contre les 35 heures qui, certes, ont été très mal mises en place ? En 1936, le Front Populaire est passé directement de 48 à 40 heures. Non seulement ça a fonctionné, mais ça a été solidement institué. Or, passer de 39 à 35 heures représentait un saut bien moindre. Encore eût-il fallu réellement partager le temps de travail ainsi dégagé.
Fuite en avant
Nul n’a jamais prétendu que les gens de gauche détestaient l’entreprise : elle n’a rien de condamnable en soi, étant admissible que personne n’ira fonder une entreprise dans le but de ne pas gagner de l’argent. C’est le côté accapareur des plus gros qui fait souffrir. Le problème, c’est qu’on nous présente la mondialisation et sa sauvagerie économique comme le nouveau Destin inéluctable de notre monde. C’est alors la fuite en avant en donnant l’illusion de faire barrage à la Chine et au Bangladesh tout en torpillant nos lois sociales d’inspiration largement chrétienne (par exemple la mutualisation de la Sécurité sociale et des retraites par répartition).
Regard en arrière
Il y a environ un siècle, Jean Jaurès avait pris parti pour des traminots quelque peu paresseux qui réclamaient de ne travailler que 12 heures par jour au lieu de 16…(2) Certes, nos gouvernants se targuent parfois de travailler 16, voire 18 heures par jour (en comptant les temps de repas, voire de confidences sur l’oreiller). Grand bien leur fasse ! Mais le commandement du sabbat(3) devrait leur rappeler que l’homme ne vivra pas de travail seulement mais qu’il prendra le temps de respirer, voire d’écouter la Parole pleine de sagesse de notre Dieu. Leur surmenage et leur manque de bon sens entraînent le désœuvrement des autres (500 000 de plus en deux ans…), avec son cortège de trafics et de délinquance.
Questions
Que faut-il faire ? On ne le sait pas exactement. En revanche, on peut savoir ce qu’il ne faut pas faire et qu’il faut empêcher, au moins tempérer : l’avidité des super riches qui est un gouffre sans fond. Vous êtes-vous déjà interrogé sur le fait qu’une société qui licencie voit monter ses actions en Bourse le jour même ? N’est-ce pas le symptôme d’une société malade et injuste ?