Dans mon enfance, quand apparaissait le «vieux monsieur avec son œil fixe» chantant sa dernière prière: «Petit papa Noël», je savais que la liturgie cathodique inaugurait un temps merveilleux. Petit-fils de cordonnier, il ne fallait surtout pas que j’oublie mon petit soulier.
J’ai marché des années durant au rythme de cette rengaine gravée dans la mémoire collective comme un microsillon, au point de devenir l’hymne de Noël pour ceux de ma génération. À ma grande surprise il me revient à l’esprit la strophe où le Père Noël est invité à bien se couvrir avant de repartir, parce que dehors il fait si froid. En effet, s’il est venu m’apporter ma surprise, c’est bien à cause de moi. J’y suis pour quelque chose, ça ne m’a jamais laissé indifférent.
Des paroles qui font étrangement écho à cet autre cadeau de Noël qu’est Jésus. Lui aussi, s’il est venu dans ce monde, c’est un peu à cause de moi. Comment rester indifférent? Je n'ai pas été tous les jours très sage, comme le dit la chanson, mais je lui en demande pardon. Ce don de Noël, c’est finalement notre pardon. Au moment où il a affronté le froid de la mort à la croix, je sais que, même nu, il était bien couvert, puisqu’il est rentré à la maison du Père.
Alors depuis, c’est une autre chanson qui me trotte dans la tête comme un traîneau tiré par des rennes: «Noël, c’est Jésus qui vient». Et je reprends en chœur: «C’est lui qui nous dit: “Venez, la table est prête”». Il ne nous reste plus qu’à mettre nos petits souliers sous la table!