Un plaidoyer pour la véritable liberté, égalité, fraternité

Complet Réflexion
À l’annonce de la mort brutale d’Édouard Nelson, les témoignages ont afflué pour reconnaître en lui un pasteur passionné pour l’Évangile qu’il cherchait, par tous les moyens, à partager. Son livre posthume nous interpelle : comment atteindre l’idéal de la devise républicaine française ? Son épouse Laura a accepté de répondre à nos questions.


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Nelson

Est-ce que l’on doit continuer à se battre aujourd'hui pour faire respecter les valeurs de liberté, d’égalité et de fraternité ?

Ces valeurs n'ont pas été inventées par la République française. Elles sont une belle déclinaison de l'amour de son prochain qui donne du sens à tout projet sociétal. Sans cet amour – qui doit être respectueux de la liberté de chacun –, nos vies sont vides de sens. En se battant pour elles, on se bat pour l'humanité.

Votre mari a écrit : « La fraternité est un rêve, un défi, un Everest qui se dresse devant nous. » Qu’est-ce-qui nous empêche de vivre des relations fraternelles apaisées ?

Je suis l'obstacle. Je rêve de liberté, d'égalité, de fraternité. Je souscris, je m'engage. Mais je ne suis pas capable d'aller jusqu'au bout. Mon mari aimait beaucoup citer Dostoïevski dans Les Frères Karamazov : "Je te dois un aveu. Je n'ai jamais pu comprendre comment on peut aimer son prochain. C'est précisément, à mon avis, le prochain qu'on ne peut aimer ; les êtres éloignés, le lointain, soit ! Mais le prochain !" L'amour en théorie, on est tous pour. Mais qui n'a pas connu de ruptures sans vrai fondement, de relation brisée par incapacité de pardonner, de mépris dans son cœur totalement injustifié, d'impatience insurmontable face à la faiblesse qui devrait susciter de la compassion ? Et quelle frustration amère quand il s'agit, trop souvent, de son frère, son conjoint, sa coloc, son partenaire.

Dans une société éclatée, comment parvenir à vivre ensemble alors que votre mari a constaté que « Même de véritables frères de sang dans une fratrie de plusieurs enfants ont du mal à être fraternels » ?

Il y a du vécu dans cette citation ! Voilà le cœur du problème. L'amour est tout le sens de notre existence, mais... nous sommes incapables d'aimer vraiment. Nos cœurs sont tournés sur nous-mêmes et franchement tièdes quand il s'agit des autres. Un seul homme a pu vivre l'amour du prochain jusqu'au bout. Jésus n'a jamais été dégoûté par la souffrance, impatient face à la faiblesse ou limité dans sa compassion. La Bible nous montre qu'il a aimé ses amis "jusqu'au bout" et qu'il a même aimé ses ennemis. Condamné à une mort injuste, il a prié pour ses persécuteurs : "Père, pardonne-leur, ils ne savent pas ce qu'ils font. " Mon mari explique que la vie chrétienne n'est rien d'autre que vivre avec Jésus. Lui seul peut et veut nous transformer, élargir nos cœurs, et petit à petit nous décentrer de nous-mêmes pour l'aimer, lui et aimer notre prochain.

Souvent on oppose valeurs républicaines et valeurs chrétiennes. Ce plaidoyer est-il une façon de les réconcilier ?

Je pense qu'Édouard aurait été à l'aise avec cette idée. Il voulait inviter des républicains athées ou agnostiques à considérer la vie et le message de Jésus sous un angle nouveau et voir la pertinence remarquable de l'Évangile pour nos aspirations les plus chères. Il voulait aussi inviter des croyants à voir des passerelles entre l'enseignement de leur "leader" et les valeurs de notre pays. Il me semble qu'il a dégagé un terrain très fécond au partage. Ce livre est d’ailleurs le fruit de nombreuses discussions franches et riches avec nos amis et nos voisins à Paris.

Que recherchait votre mari ?

Édouard était un ami généreux, et il avait une grande curiosité intellectuelle. En Jésus-Christ il avait découvert un homme dont l'enseignement et la vie étaient entièrement cohérents, et qui a pu satisfaire pleinement ses aspirations intellectuelles et émotionnelles. Il voyait de nombreux amis en quête de sens passer à côté de Jésus, ayant rejeté la foi chrétienne sur la base d'a priori souvent de deuxième main : un prof de philosophie au lycée, un thriller Dan Brown ou un article dans Le Monde des Religions. Son désir était tout simplement que ces amis puissent entrevoir la possibilité que ce Jésus soit cohérent et pertinent, peut-être même celui qu'ils cherchaient sans le savoir. Si son livre encourage quelques-uns à lire un évangile ou à visiter une église pour écouter ce que Jésus dit vraiment, c'est pari gagné.

Avait-il trouvé le chemin pour vivre ses rêves de vraie fraternité ?

Il était en chemin et j'étais aux premières loges en tant qu’épouse, pour voir la transformation que Dieu opérait petit à petit dans sa vie. Cependant, ma conviction est qu'aujourd'hui il est arrivé à destination, et sa rencontre en direct avec Jésus a suffit pour faire éclore en lui tout l’amour dont il était capable. Édouard était un mari, un père, un ami et un frère très aimant, mais la fraternité qu'il connaît maintenant dépasse de très, très loin ce que l'on peut imaginer. Il est plus "humain" que jamais.


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