Comment est née votre passion ?
J’ai grandi dans ce terreau fertile de la création. Mon père est paysagiste. En dessinant, il m’a inculqué l’esthétisme. Je me suis toujours exprimé par le dessin jusqu’à ce que je découvre, sur les murs de la chambre d’un ami passionné par la photo, des centaines d’images de graffitis, de tags en mode « old school ». J’étais soudain sûr que mon dessin devait évoluer dans cette direction.
Où avez-vous appris cette discipline ?
J’ai eu besoin d’un exutoire à un moment difficile, pendant l’adolescence. Alors, j’ai acheté mes premières bombes, trouvé refuge sous un pont et commencé à graffer ce qui me passait par la tête… Puis j’ai côtoyé plusieurs bandes de jeunes spécialistes du graffiti. En plus du graffiti « esthétique », j’avais aussi un penchant pour le graffiti « vandale » celui avec lequel on savoure l’adrénaline de l’interdit et où l'on exprime sa rébellion contre la société.
Cela vous correspondait ?
C’est un monde particulier, assez centré sur lui-même : « Je graffe donc j’existe. » Et puis, on cherchele grand, l’énorme, le plus visible et on y appose sa signature comme une revendication que pourtant seuls ses pairs reconnaissent. Mais un événement inattendu m’a fait changer de route : mon frère, en dépression à cause de notre situation familiale difficile, a vécu comme une renaissance quand il s’est rapproché de Dieu.
Quelle relation entre la renaissance de votre frère et vous ?
Son pas de foi m’a mis une claque. Et si je pouvais, moi aussi, être délivré de ce côté noir du monde que je côtoyais ? Mes parents nous avaient parlé d’un Dieu qui nous aimait. J’avais cette voix qui me disait à l’intérieur : la main du Seigneur est facile à prendre. Alors, j’ai osé. Il m’a fallu du temps, mais un jour, en entrant dans une salle pour une rencontre de jeunes chrétiens, j’ai eu un choc : un graffeur peignait en live. Il était donc possible d’associer sa foi au graff !
Qu’est-ce qui a changé ?
Mon expression artistique a changé, mais c’est surtout mon cœur, en lisant la Bible. Aujourd’hui, j’ai développé un concept de fresques pour les locaux d’entreprises ou d’autres structures. Il paraît que mon style est assez apprécié. Je rêve de peindre, sur des bâtiments énormes, des œuvres qui parlent et qui amènent à réfléchir. Du gars amer que j’étais, Dieu l’a transformé en « Amor » (Amour en espagnol). J’ai reçu cet Amour et c’est celui que je veux peindre autour de moi.