Petite, j'étais heureuse, rigolote, et sensible…
Aujourd’hui, je suis kinésithérapeute à l'hôpital. Je travaille à mi-temps. J'aime énormément mon métier, je le fais avec cœur, mais des fois, je n'arrive pas à répondre à la charge de travail : trop de gens à soigner en trop peu de temps.
Surmenée malgré moi
En 2013, nos enfants ont trois, cinq et huit ans ; mon mari travaille de nuit. Je commence à être très fatiguée, je suis souvent malade.
Je ne comprends pas car j'ai la vie que j'ai choisie : un mari qui m'aime et qui m'aide, trois enfants et un travail à mi-temps ; je devrais bien y arriver. Tout le monde y arriverait. Je suis toujours tellement fatiguée. Je pleure souvent, je me sens épuisée. Ma vie devient mécanique, je n'ai plus de résistance.
Le pire, c'est quand j'arrive au travail : ma poitrine se serre. Je fais les cent pas en m'encourageant : « Allez ! Tu vas prendre ton premier patient et ça va aller, calme-toi... » En réalité, je n’en peux plus et j’éclate en sanglots encore une fois. Mes collègues me disent qu'il faut que je prenne du temps pour moi, que je me repose.
Je retourne une fois de plus chez le médecin, les yeux gonflés, je me vois si faible, incapable... nulle même.
Le diagnostic
Les sinusites, les bronchites qui s'enchaînent depuis trois mois n'étaient que les symptômes annonciateurs d'une grosse fatigue. le diagnostic est posé : burn-out.
Je dois accepter l'arrêt maladie. On sait qu’il va durer. J'ai honte.
Mon médecin me propose des entretiens pour faire le point avec lui sur mon enfance, ma vie de famille, mon travail ; il m'encourage à faire une psychothérapie et prudemment me propose de prendre un traitement antidépresseur. Il aura bien du mal à me le faire accepter.
Quoi faire ?
Dans tout ça, mon mari est toujours là, présent, aimant et aidant malgré sa charge de travail. Mais des fois je sens bien qu'il est dépassé. Il ne comprend pas, je ne suis plus la même. Bien sûr avec les médicaments, mon humeur devient plus stable, même si je ne suis plus sûre si les moments de gaieté sont encore les miens ou pas. Je suis toujours très fatiguée, j'ai l'impression d'être rentrée dans un temps qui ne s'arrêtera pas.
Je ne sais pas ce qui m'a amenée là, je ne sais pas quoi faire pour que ça change, je ne sais pas combien de temps cela va durer.
Je continue d'aller à l'Église, je sais que les gens m'aiment et prient pour moi. C'est fort pour ça l'Église : pouvoir pleurer dans les bras d'une sœur chrétienne qui me cajole sans devoir tout lui expliquer.
Ma vie spirituelle est néanmoins plutôt en bas. Je m'accroche, c'est dur ; je n'aurais jamais cru que cela puisse m'arriver.
La remontée progressive
J’entame alors une démarche spirituelle de guérison avec un pasteur qui fait de la relation d'aide et de la délivrance. Je commence à reprendre pied dans ma vie.
Après cinq mois d'arrêt, je reprends le travail dans un nouveau service. Mon mari a de nouveaux horaires lui aussi.
Je retourne alors chez mon médecin et lui dis que je vais mieux et que je veux stopper mon traitement antidépresseur. Il est assez étonné car il m’avait vu aller de plus en plus mal.
Comme il veut connaître ce qui m'a redonné l'envie, la joie, la vie… je lui parle de ma foi, des prières et de l'accompagnement avec ce pasteur.
Bien qu’étant athée, ce médecin a confié plus tard à mon mari : « C'est bien que votre femme ait pu aller voir ce pasteur, parce que moi je ne savais plus quoi faire pour l'aider. »
L’occasion d’un redémarrage
Nous avons, avec mon mari, compris et réglé des choses dans notre vie. Il m'a partagé que mes faiblesses ont permis de mettre en lumière les siennes et de les remettre à Dieu lui aussi.
Le diable sait utiliser nos faiblesses pour nous faire couler. Mais Dieu est là et il a autorité sur tout, il veille sur nous.
J'ai appris à abandonner à Dieu mes « Pourquoi ? » et mes « Jusqu'à quand ? »
En passant par tout ça, j'ai appris à mieux connaître Dieu, à mieux vivre l'amour fraternel. Nous avons rebâti notre couple sur Dieu et pour lui.
Me voici de nouveau gaie et enjouée pour les choses que j'aime !
Bien sûr, il y a encore des « coups de mou » mais cela ne dure jamais, je me relève vite à présent.
Mercis
Je suis reconnaissante pour chaque petit bonheur de la vie.
Je remercie notre Dieu de m'aimer et d'avoir prévu que je puisse reprendre pied.
Je remercie le pasteur qui a eu compassion de moi et qui m'a aidée.
Je remercie mon Église qui m'a aimée, portée et supportée.
Je remercie mon mari qui m'a aimée et qui est resté fidèle, même quand c'était vraiment dur.
C'est notre Dieu qui est amour, que ferions-nous sans lui ?
Dieu, un potier
Dans ces temps où je me sentais si loin de Dieu, une pensée m’est venue : Dieu est le potier, je suis l'argile. Il me façonne. J'étais un pot sûrement utile et beau... mais il a tout repris et me voilà à nouveau boule d'argile dans sa main, une pâte gluante, sans forme, inutile telle quelle. Mais peu importe : c'est lui le potier, il sait quoi faire et quand. Je suis dans sa main.