…l’Esprit déclare clairement que, dans les derniers temps, plusieurs se détourneront de la foi parce qu’ils s’attacheront à des esprits trompeurs et à des enseignements inspirés par des démons.
1 Timothée 4.1-6
Dès les débuts de l'ère chrétienne, les Églises ont dû faire face à diverses tentations ou séductions : immoralité et spiritualité désordonnée à Corinthe, retour aux œuvres de la Loi chez les Galates, soumission à des commandements humains à Colosses, laxisme à l'égard de Jézabel la prophétesse à Thyatire, suffisance à Laodicée... La liste est longue et met en lumière la fragilité du peuple de Dieu et la multiplicité des assauts qu'il subit.
L'histoire de l'Église confirme amplement cette réalité et les Églises du XXIe siècle ne font pas exception. Nous essaierons, à l’aide d’enquêtes récentes, de comprendre ce qui se joue et comment aider nos communautés à rester fidèles au Seigneur et à sa Parole.
De quelques séductions contemporaines
La recomposition du protestantisme sous l’effet de la croissance des évangéliques suscite curiosité et intérêt chez les sociologues et les journalistes dans notre pays. Nous disposons ainsi aujourd’hui d’enquêtes et d’analyses qui nous permettent d’objectiver la distance entre l’idéal affiché et la réalité vécue de cette famille du protestantisme dont nous nous réclamons. Voici celles auquel cet article fait référence
- Enquête IFOP de juillet 2010 pour Réforme , la Fédération Protestante de France, la Croix et l’Institut Européen en Sciences des Religions auprès des protestants (1) et des pasteurs (2) à l’occasion du colloque : les protestants en France, une famille recomposée.
- Enquête IFOP de juillet 2012 pour les Associations Familiales Protestantes (AFP) auprès des protestants (3) à l’occasion de l’Assemblée générale des AFP.
- Enquête IPSOS Public Affairs d’octobre 2017 pour Réforme et la Fédération Protestante de France auprès des protestants (4) à l’occasion de« Protestants en Fête » à Strasbourg en octobre 2017.
NB : ces enquêtes sur le protestantisme comportent toutes une ou plusieurs sous-catégories permettant d’avoir des chiffres précis sur les croyances et pratiques des évangéliques au sein de l’ensemble protesta nt. C’est évidemment à eux que nous faisons référence.
Consumérisme religieux
D’habitude, vous allez à un office religieux…
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2017
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2012
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- Pratiquant régulier (une à plusieurs fois par semaine)
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53 % |
55 % |
- Pratiquant occasionnel (une à deux fois par mois ou de temps en temps)
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17 % |
25 % |
- Non-pratiquant (aux grandes occasions ou jamais)
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30 % |
20 % |
De ce premier tableau, on peut tirer quelques enseignements utiles sur la pratique religieuse. Voici les faits :
- La fréquentation de la communauté chrétienne tend à s’effriter sérieusement (70 % de pratiquants réguliers ou occasionnels en 2017 contre 80 % en 2012). Le chiffre est d’autant plus significatif que la question de 2017 est plus large (vous allez à un office religieux… en 2017, vous rendez-vous au culte… en 2012).
- Il existe donc une catégorie significative d’évangéliques qui ne sont pas ou pratiquement pas pratiquants.
- Et cette catégorie augmente de façon significative ces dernières années (de 20 % en 2012 à 30 % en en 2017).
Chez vous, lisez-vous la Bible…
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2017
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2010
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- Régulièrement (au moins 1 x par semaine à plusieurs x par mois)
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53 % |
78 % |
- Rarement (au moins 1 fois par mois à quelques fois par an)
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11 % |
7 % |
- Très rarement ou jamais (plus rarement ou jamais)
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36 % |
15 % |
- Corrélativement la pratique personnelle de lecture de la Bible perd sensiblement du terrain. En 7 ans, la lecture assez régulière de la Bible (une fois par semaine ou plusieurs fois par mois !) perd beaucoup de terrain : - 15 pts ! Et la catégorie de ceux qui ne la lisent pas ou quasiment jamais progresse de 21 pts !
Vous arrive-t-il de prier…
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2010
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- Quotidiennement
- Quelques fois par mois
- Au moins une fois par mois
- Quelques fois par an
- Plus rarement ou jamais
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- Nous ne pouvons pas dire grand-chose de la pratique de la prière puisque les enquêtes de 2012 et 2017 n’ont pas posé la question. Ce que l’on peut dire, c’est que le niveau de pratique est plus élevé qu’avec la lecture de la Bible (89 % une fois par semaine ou quelques fois par mois contre 78 % pour la lecture de la Bible).
Et voici les commentaires :
- La croissance du monde évangélique s’accompagne assez naturellement d’une perte de militance même si c’est contradictoire avec l’organisation de nos Églises et leur conception de la pratique. On peut toutefois se demander si ce n’est pas le signe d’une incapacité, au moins partielle, à transmettre à la génération suivante la foi et le feu pour l’Évangile et pour l’Église . Il semblerait que les enfants de parents évangéliques se disent volontiers proches de la foi évangélique sans en partager les conséquences pratiques. Si c’est exact, c’est l’indice probablement d’une prédication moins incisive sur la nécessité de la conversion.
- Cela semble aussi indiquer que l’évolution numérique du monde évangélique est à prendre avec un certain recul . Elle est certes réjouissante, mais moins qu’il y paraît. La multiplication des grandes Églises alimente probablement pour une part ce phénomène. ...