Accompagner les adolescents et leurs parents

Complet Jeunesse

André Pownall enseigne la théologie pratique à l'Institut Biblique de Nogent et participe à l'animation de l'École Pastorale. Laurence, son épouse, est conseillère conjugale. Pour la première fois, ils joignent leurs compétences en cosignant cet article sur un sujet qu'ils connaissent aussi en tant que parents.

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Accompagner les adolescents et leurs parents

Introduction

L'adolescence suscite partout des interrogations et des inquiétudes. Elle ouvre des perspectives incertaines aux enfants et réactive des souvenirs plus ou moins douloureux chez les parents. Les médias nourrissent l'insécurité, en évoquant des cas de désordres alimentaires, de prise inconsidérée de risques, de consommation excessive d'alcool, de dépendance à des substances diverses ou de difficultés d'insertion professionnelle. L'adolescence ne serait-elle qu'une série de symptômes alarmants ? Les adolescents seraient-ils une espèce en danger ? Il est facile de tomber dans toutes sortes d'exagérations et de généralisations abusives. Comment prendre un peu de recul et poser un regard plus juste sur l'adolescence ?

Chaque jeune n'est-il pas un être unique, digne de respect, car créé à l'image de Dieu ? Ne vaut-il pas la peine d'essayer de découvrir son identité, son histoire, ses valeurs et ses qualités personnelles ? N'est-il pas déjà capable de commencer à tisser une relation personnelle avec Dieu ? L'Église n'a-t-elle pas un rôle important à jouer auprès des adolescents et de leur famille ? Cet article n'apportera qu'un début de réflexion sur la question, car il balaie très large. Nous espérons, cependant, qu'il suscitera des réactions directes ainsi que des débats dans les Églises, et qu'il aidera les responsables à mieux saisir les enjeux de l'adolescence.

La description du processus : points de repère

L'adolescence est un pont suspendu entre deux rives. C'est à la fois une traversée parsemée de dangers et une étape riche en potentiel. En comparaison avec l'époque relativement calme de l'enfance, elle est une période de mal-être, de turbulences, voire de souffrances, provoqués par les transformations importantes qui s'y opèrent. On peut la comparer à l'expérience déroutante du passage du fœtus depuis le ventre de sa mère au monde des vivants. La psychanalyste Françoise Dolto, pour sa part, décrit l'adolescent comme un homard en cours de mue, privé de sa carapace, et faisant face à toutes sortes de dangers.

Au moment de l'adolescence, il est bon que le ou les parent(s) se penche(nt) à nouveau sur le berceau et redouble(nt) d'attention à l'égard de leur enfant, tout en se gardant de tomber dans l'illusion qu'il(s) peu(ven)t répondre seul(s) à tous ses nombreux besoins. Dans cette étape entre l'enfance et l'âge adulte, qui a comme objectif final l'autonomie personnelle, il y a un virage essentiel, mais difficile à négocier pour les uns comme les autres : la séparation. L'adolescent s'émancipe progressivement de la protection de ses parents, mais confronté à de multiples dangers, il doit développer des moyens de protection personnels. Il est tenté de se révolter contre l'autorité parentale au moment où il en a encore besoin.

L'adolescent est bousculé par des changements en cascade sur plusieurs fronts : dans son corps, ses émotions, sa pensée, son comportement et ses relations.

Le corps

La transformation de son corps n'impressionne pas seulement l'adolescent, mais aussi les autres. Il a besoin de passer de longues heures à se regarder dans la glace pour assimiler le changement. Il ne lui est pas toujours facile de gérer des poussées de croissance aussi soudaines qu'imprévues, qui provoquent moult malaises et maladresses. Avec des mensurations qui évoluent sans cesse, l'adolescent doit constamment réapprendre à trouver son équilibre et ses marques. De surcroit, il doit accepter et intégrer les transformations hormonales et sexuelles de son corps, qui ont des répercussions psychologiques différentes chez les garçons et les filles. Pour certains adolescents, l'activation de la sexualité est attendue avec impatience et accueillie avec fierté. Pour d'autres, elle fait l'objet de questionnements et de craintes.

La puberté arrive chez les garçons en général entre 13 et 16 ans. Ils guettent anxieusement le développement de leur masse musculaire, de leurs organes génitaux et de leur pilosité, et la mue de leur voix, et se comparent favorablement ou défavorablement avec leurs camarades. Ils sont surpris et gênés ou, au contraire, rassurés et réjouis par leur première éjaculation. Ils ont tendance à se vanter tout haut, ou du moins tout bas, de leurs capacités et prouesses.

Les transformations du corps de la fille interviennent en moyenne 20 mois plus tôt que celles des garçons. En dehors des règles, elles sont plus discrètes et davantage internes, et ses préoccupations sont surtout esthétiques, avec une forte tendance à craindre et à mépriser l'obésité. Cette crainte, poussée à l'extrême, provoque l'anorexie mentale, un trouble psychologique de plus en plus courant chez les adolescentes, qui se traduit par un refus de manger, une sérieuse perte de poids, et l'interruption des règles menstruelles. L'adolescente croit pouvoir maîtriser son existence et éloigner ses angoisses aussi bien qu'elle maîtrise son alimentation et son corps.

Les émotions

L'une des caractéristiques marquantes de l'adolescence est la relative fréquence de manifestations émotionnelles et affectives plus ou moins bruyantes, et généralement transitoires, mais dont il faut tenir compte. Tous les affects sont exacerbés, et donnent lieu parfois à des débordements. C'est la période de l'hypersensibilité, de la morosité inquiétante, des crises de pleurs inexplicables... et aussi des joies immenses. L'adolescent oscille sans cesse entre l'optimisme, l'enthousiasme et l'excitation, d'une part, et le « cafard », le sentiment d'être incompris, l'agressivité voire même la haine de l'autre. Des déceptions par rapport à soi ou par rapport aux autres, soit en amitié ou dans la relation amoureuse, ou bien des projets ou des espoirs frustrés peuvent stopper l'adolescent dans ses élans, faire tarir le désir et le plonger dans les profondeurs du désespoir. Il ne se comprend pas toujours, il a parfois du mal à croire à sa valeur ou à venir à bout de ses sentiments de culpabilité, et son entourage doit être attentif à certains signes annonciateurs de la dépression, elle aussi assez courante chez les adolescents.

Pour se protéger de toutes les pressions intérieures, l'adolescent met en place toutes sortes de stratégies et de mécanismes de défense : allant de l'intellectualisation de ses problèmes aux passages à l'acte, en passant par des « rites » obsessionnels ou des pratiques ascétiques (anorexie, etc.). Quand l'adolescent peut verbaliser ses émotions, c'est plus rassurant (mais pas toujours plus agréable !) pour son entourage. Malheureusement, il n'est pas toujours en contact avec ses émotions ou capable de les exprimer, et son mal-être peut susciter de grandes inquiétudes chez ses proches. Dans ce cas, il est sage de chercher l'aide de ses proches ou le soutien d'un professionnel (médecin, conseiller familial, psychologue).

La pensée

L'adolescent acquiert de nouvelles possibilités sur le plan intellectuel. Il devient capable d'établir des liens entre le concret et l'abstrait, de raisonner tout seul, de faire des hypothèses et des déductions. Il commence à avoir ses propres idées et opinions sur le monde qui l'entoure et il a envie de les exprimer. Il remet les choses en question et les critique pour mieux s'affirmer. Si cela n'est pas bien compris et bien vécu par les parents, ils peuvent se sentir menacés.

Le comportement

L'adolescent veut affirmer sa volonté personnelle, parfois de manière excessive, et prendre le contrôle de son comportement et de son environnement. Il aime tester ses limites et prendre des risques, et cela le conduit à entrer en conflit avec l'autorité parentale et les normes sociales qui s'opposent à son désir d'indépendance. Il provoque ses parents (et aussi le responsable du groupe de jeunes de l'Église...) pour vérifier la solidité de leurs valeurs et leur attachement à lui. Il est capable de mener des actions parfois mesquines et affligeantes, mais souvent nobles et généreuses. Beaucoup dépend de l'estime qu'il a de lui-même, de l'éducation qu'il a reçue et des valeurs qu'il a intégrées. Il s'engage de tout cœur pour de grandes causes, mais pas toujours pour très longtemps.

L'adolescent a besoin de modèles et de groupes d'appartenance pour construire son identité. Il a tendance à cette étape de sa vie à se soumettre aux règles du groupe, et à adhérer fortement à ses idées et ses valeurs. Une bande de jeunes, par exemple, peut devenir une référence très influente. Selon la nature du groupe, son rôle est plus ou moins positif ou néfaste. Tel groupe de jeunes ou mouvement chrétien peut marquer la vie des adolescents, s'il leur offre la possibilité de vivre quelque chose de fort ensemble. Il est essentiel que les responsables de l'Église soient attentifs aux besoins et aux aspirations des adolescents, qu'ils s'intéressent de près à leur cheminement spirituel, et qu'ils leur donnent une place, et pas seulement un strapontin. Cela exige de la créativité et la capacité d'innover et de prendre des risques.

Les relations

Désormais, l'adolescent n'a plus la même relation avec ses parents. Il ne les idéalise plus. Il les humanise et prend de la distance. Il est partagé dans ses sentiments : d'un côté, il veut rester petit, car c'est sécurisant et payant, mais en même temps, il veut grandir et devenir indépendant. Cela donne des mouvements contradictoires, exprimant tantôt le besoin de séparation, tantôt la soif d'amour. Malgré sa quête d'autonomie, l'adolescent ressent encore la nécessité de revenir au « berceau » de temps en temps. Si le bébé a besoin d'un couffin douillet, il faut donner à l'adolescent un « couffin » sécurisant ! Il est encore dépendant de ses parents au niveau affectif et matériel. C'est l'époque où il faut négocier, poser des limites, créer un cadre clair et établir des contrats, faisant preuve à la fois de fermeté et de souplesse. Actuellement, la durée des études et les difficultés d'insertion professionnelle prolongent cette période et mettent des pressions supplémentaires des deux côtés.

La tâche à accomplir : pistes de réflexion

L'adolescent est appelé à la fois à ressembler à ses parents et à se différencier d'eux afin de développer un sentiment d'identité personnelle. Cela implique d'une part la capacité de prendre de la distance face à lui-même et aux autres, et d'autre part la reconnaissance par les autres de cette individualité qui est la sienne. C'est l'enjeu psychologique principal de l'adolescence. Cela représente un travail laborieux et compliqué, qui exige du temps et de la patience, car la construction ne peut se faire que progressivement. Tous ceux qui accompagnent l'adolescent (parents, pairs, pasteur, responsable du groupe de jeunes, etc.) ont un rôle à jouer, car il a besoin de vis-à-vis qui comprennent les enjeux de la situation. Comme dans toute crise de vie, consciemment ou non, il demande aux autres de l'aider à se définir.

Accompagner la famille

• L'adolescence met souvent de fortes pressions sur l'enfant et sa famille, et ils ne sont pas toujours conscients que d'autres familles connaissent les mêmes difficultés. Surtout dans les moments de crise, mais aussi tout au long de l'étape, l'adolescent et ses parents ont besoin de l'écoute, des prières, de l'affection et du soutien de l'Église. Cela est possible seulement dans la mesure où il y a une théologie forte de la grâce et une déontologie claire, avec le respect scrupuleux de la confidentialité. Personne n'ose parler de ses difficultés s'il sait que toute l'Église va être au courant de tous les détails en 24 heures chrono !

• Le rôle d'éducateur est exigeant, et les parents (et à plus forte raison, le parent seul) ne peuvent répondre seuls à tous les besoins de l'adolescent. (Pour rassurer les parents, le docteur Winnicott, un célèbre pédopsychiatre, disait qu'il suffisait d'être « assez bon parent ».) Par leur recul et par leur expérience, les autres adultes de l'Église peuvent aider les parents et l'adolescent à maintenir la communication entre eux, ou à la rétablir en cas de dysfonctionnement ou de panne. Des visites occasionnelles à domicile de la part du pasteur et du responsable du groupe de jeunes sont très utiles.

• L'adolescent ne se sent pas bien compris, et il est tenté de s'enfermer dans la solitude. Toute ligne de communication qu'on peut établir est précieuse et mérite d'être entretenue avec soin. Cela présuppose, bien sûr, que l'adulte a un minimum de compétences dans l'écoute. L'adolescent a vite fait de repérer un manque d'intérêt chez l'adulte.

• Autant la société et l'Église ont tendance à idéaliser l'enfance, autant elles diabolisent l'adolescence et rendent la communication et les relations difficiles. Par son accompagnement, l'Église peut accueillir les questions, les expressions de déception et de révolte, aider la famille à comprendre ce qui est en train de se jouer, dédramatiser la situation, déculpabiliser les uns et les autres... et traduire tout cela en prières. Le philosophe catholique Paul Claudel dit : « Dieu n'est pas venu pour apaiser nos souffrances, mais pour les remplir de sa présence. »

• Parmi les possibilités d'actions spéciales, il y a des formations à la communication et à la résolution de conflits, des conférences de spécialistes (pas forcément chrétiens !), des soirées-débat sur des thèmes d'actualité, des groupes de lecture de livres sur la question, des groupes de parole, des « trios » de prière... Cela fait du bien de constater qu'on n'est pas seul dans sa « galère », cela sécurise, et cela donne la possibilité de se soutenir mutuellement.

Intégrer l'adolescent dans l'Église

• Cela commence par l'accueil. L'adolescent a parfois l'impression d'être « transparent » pour les adultes, car il semble qu'on ne le voit pas et souvent, on ne le salue pas. Il se manifeste bruyamment pour se faire remarquer ! Il est parfois suspicieux de l'intérêt qu'on lui porte et il le teste, mais lorsqu'il voit que cela est sincère, il en est souvent reconnaissant.

• Une fois que le contact avec l'adolescent est rompu, il est beaucoup plus difficile de le rétablir. L'Église néglige d'investir dans son groupe de jeunes à ses risques et périls. Les solutions d'hier, malheureusement, ne correspondent plus aux besoins d'aujourd'hui, et la santé du groupe de jeunes dépendra de la capacité des responsables d'Église de cerner au plus près le besoin et la demande.

• Comme dans la mission à l'étranger, la communication de l'Évangile aux adolescents exige une prise en compte sérieuse de leur culture. Entre jeunes, on a le même langage, le même style et les mêmes repères, et on se sent bien. Cette culture ne plaît pas forcément aux adultes, mais ils sont appelés à faire un petit effort de tolérance et de souvenir (autrefois, n'ont-ils pas choqué leurs aînés ?). Il y a des combats à mener plus importants que ceux de la coiffure, de l'habillement et du style musical !

• Certaines habitudes et traditions d'Église ne sont pas bien comprises par les adolescents, et ils ne manquent pas de faire entendre leurs critiques ! Parfois il suffit de leur expliquer la chose pour qu'ils l'acceptent comme utile et nécessaire. Parfois ils mettent le doigt sur de vrais dysfonctionnements et lacunes, et les responsables auront besoin d'humilité et de sagesse pour y remédier.

• L'adolescent attend des réponses honnêtes et solidement étayées à ses questions. Il demande aux adultes d'avoir l'humilité de reconnaître qu'ils n'ont pas réponse à tout. Il n'est pas prêt à accepter quelque chose dont il ne perçoit pas le bien-fondé. Il attache beaucoup d'importance à la cohérence de ses « éducateurs ». Il veut comprendre quelle est l'utilité et quel est le but de la spiritualité. Il veut du concret. Il veut faire l'expérience de la foi, avant de s'engager définitivement.

• Lorsqu'il s'engage dans la foi, l'adolescent a besoin de trouver de la place dans l'Église pour faire ses premiers pas dans le témoignage et le service. Il a besoin de « Barnabas » (Ac 11.25-26) qui viennent le chercher afin de l'associer et de l'initier à leur service. Il est très sensible aux encouragements et aux expressions de confiance. Il a envie de partage et d'expressions de générosité et de solidarité, qu'il trouve au cœur de l'Évangile.

• L'adolescent est souvent critique du travail des autres et aimerait avoir l'occasion de s'essayer, sans se faire « incendier » en cas d'échec. Il est heureux de se voir proposer des projets « sur mesure », des engagements ponctuels ou à court terme, avec un contrat clair et mutuel. Par l'engagement, il apprend ses limites et devient plus humble et réaliste.

• À côté de la réflexion et de l'apprentissage, l'adolescent a besoin du ludique et du créatif. Comme une jeune pousse qui sort de terre, lui aussi a besoin de sortir, en week-end ou camp de jeunes, et de rencontrer des jeunes comme lui. Ce n'est pas un pur esprit qui n'existe que sur le niveau intellectuel. Il aime pouvoir exprimer sa créativité et ses émotions dans la vie de l'Église.

• Dans le contexte d'une société de plus en plus éclatée, l'Église peut jouer un rôle important dans l'intégration des adolescents en proposant des activités inter-générationnelles, qui donnent aux uns et aux autres l'occasion de se connaître et de découvrir leurs richesses respectives. Cela implique que les adolescents soient associés non seulement à l'activité, mais aussi à son animation, et encore, en amont, à sa programmation.

Conclusion

Chaque famille vit l'étape de l'adolescence de chaque enfant de manière particulière, et il n'y a pas de remèdes universels aux difficultés rencontrées. Selon l'histoire familiale, la culture et la classe sociale, selon les ressources personnelles de chaque parent et la personnalité de chaque adolescent, il s'agit de trouver des réponses adaptées. Si l'Église cherche à devenir :

un lieu où on croit à l'importance de chacun, les petits et les grands, en regardant au-delà des apparences et en s'attachant à ce qui est dans le cœur...

un lieu où on exerce la compassion et le pardon, en accueillant les enfants prodigues les bras grands ouverts...

un lieu qui sécurise et qui permet des échanges ouverts et des relations empreintes de fraternité et de solidarité...

un lieu où on accepte de prendre des risques et de faire toujours confiance...

des familles imparfaites y trouveront un soutien divin et fraternel qui leur permettra de bien franchir le cap de l'adolescence, et les jeunes y trouveront un contexte favorable pour s'engager dans la foi.

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