Combien de parents chrétiens connaissons-nous, et dont nous faisons peut-être partie, qui ont fait tout leur possible pour transmettre la foi à leurs enfants(1), pour partager avec eux l’amour de Dieu, pour les porter dans la prière ? Et pourtant, malgré tous nos efforts, certains de nos enfants accueillent le cadeau de la foi, tandis que d’autres semblent s’être éloignés de Dieu.
Rien ne peut garantir la transmission de la foi, car elle demeure une grâce inexplicable de Dieu (Ep 2.8-9). Cependant, c’est bien par l’écoute de la Bonne Nouvelle que nos enfants peuvent apprendre à connaître Dieu :
« Comment donc invoqueraient-ils celui [le Seigneur] en qui ils n'ont pas mis leur foi ? Et comment croiraient-ils en celui qu'ils n'ont pas entendu proclamer ? Et comment entendraient-ils, s'il n'y a personne pour proclamer ? [...]
Ainsi la foi vient de ce qu'on entend, et ce qu'on entend par la parole du Christ. » (Rm 10.14,17)(2)
Tout en demeurant un don de Dieu, qu’on ne peut mériter par aucune œuvre, la foi se cultive lorsque nous répondons à la mission de Dieu d’annoncer la Bonne Nouvelle. Ainsi, chaque génération porte la responsabilité de transmettre ce trésor inestimable à la suivante.
Cet article s’adresse aux responsables d’Église, pasteurs ou animateurs de clubs bibliques qui ont le désir d’encourager et de soutenir les familles de leur communauté dans la transmission de la foi d’une génération à l’autre. Dans un premier temps, nous explorerons les fondements de la transmission de la foi, puis nous découvrirons des ressources concrètes à faire connaître aux familles ou à mettre en place dans une communauté.
Un exemple biblique d’échec
Si nous démarrons cet article par l’évocation d’un échec, c’est parce que transmettre la foi n’est pas si évident à mettre en pratique, que ce soit à l’échelle d’un foyer ou à celle d’une communauté. La Bible ne cache pas la réalité de cette difficulté et les conséquences dramatiques lorsque la transmission n’a pas lieu. Le chapitre 2 du livre des Juges illustre un fossé infranchissable d’une génération à l’autre, qui vient briser la chaîne de la transmission de la foi.
Le peuple hébreu, après avoir été miraculeusement libéré d’Égypte par Dieu, a entrepris son long périple jusqu’au pays promis. Témoins des actions puissantes de Dieu et de sa présence vivante – les dix plaies d’Égypte, la traversée de la mer Rouge à sec, la manifestation de Dieu dans une colonne de feu la nuit, une colonne de fumée le jour, la conquête du pays promis… pour ne citer qu’une infime partie des interventions divines – ils ont constaté l’amour de leur Dieu, ses promesses, sa fidélité, son œuvre directe dans leur vie. Après s’être installé dans le pays promis, Josué invite le peuple à renouveler son alliance avec Dieu, à lui rester fidèle pour toujours. Sans hésiter, le peuple s’engage (Jos 24.16-24). Mais après la mort de Josué et de ses contemporains (Jg 2.8-10) une nouvelle génération se lève : une génération « qui ne connaissait pas le Seigneur, ni l'œuvre qu'il avait accomplie pour Israël » (Jg 2.10).
De la génération de Josué, témoin des miracles et qui s’engage à suivre le Seigneur, à la génération suivante qui s’installe dans un pays déjà conquis, la transmission de la foi s’interrompt. Comment se fait-il que la nouvelle génération ne connaisse pas le Seigneur ni ses œuvres ? Il faut s’attarder sur le terme « connaître » (ידע en hébreu), qui peut désigner à la fois la connaissance intellectuelle et l’expérience de quelque chose qui le rend familier. La connaissance intellectuelle de l’existence de Dieu et de ses œuvres a probablement été transmise – les récits bibliques en témoignent. Ce qu’il a manqué à cette nouvelle génération, c’est l’expérience de la présence de Dieu, la rencontre avec le Dieu vivant.
Ce récit nous renseigne sur l’importance de transmettre à la fois la connaissance intellectuelle et l’expérience personnelle. Dans le contexte qui nous intéresse, celui de l’accompagnement des familles chrétiennes, il s’agira alors de trouver les outils pour soutenir d’une part la transmission de la connaissance, entre autres, de l’existence de Dieu, des personnes de la Trinité, des récits bibliques, de la théologie, du plan du salut ; et de favoriser d’autre part des temps de spiritualité, de rencontre avec Dieu, de méditation et de prière.
Transmettre la foi : un travail d’équipe
Qui est responsable de la transmission de la foi(3) : l’Église ? La famille ? Je crois qu’elle doit se vivre comme un travail d’équipe, chaque entité assumant son rôle spécifique.
Le rôle de la famille, premier transmetteur de la foi
Dans l’Ancien Testament, la transmission de la foi se fait essentiellement par les parents ou, plus largement, par les générations précédentes (ce qui peut inclure les parents, les grands-parents, les proches et responsables des enfants, le clan) :
« Seulement, prends garde à toi et veille bien sur toi-même, tous les jours de ta vie, de peur que tu n'oublies les choses que tes yeux ont vues et qu'elles ne s'éloignent de ton cœur ; fais-les connaître à tes fils et aux fils de tes fils. » (Dt 4.9)
« Ce que nous avons entendu, ce que nous connaissons, ce que nos pères nous ont raconté, nous ne le cacherons pas à leurs fils, mais nous dirons à la génération future les louanges du Seigneur, nous raconterons sa puissance et les choses étonnantes qu'il a faites. » (Ps 78.3-4)
Dans le Nouveau Testament, le mouvement de transmission de la foi est similaire, avec un resserrement sur le foyer ou la famille biologique sur plusieurs générations. La transmission de la foi fait partie de l’éducation au sens large (Ep 6.4). Timothée, par exemple, tire sa foi de celle de sa grand-mère et de sa mère :
« Je me remémore aussi la foi sans hypocrisie qui est en toi : comme elle a d'abord habité en ta grand-mère, Loïs, et en ta mère, Eunice, j'en suis persuadé, elle habite aussi en toi. » (2 Tm 1.5)
Aujourd’hui, la transmission de la foi repose toujours en premier lieu sur la famille, pour autant que cela soit possible, car l’enfant y passe en effet bien plus de temps qu’à l’église. C’est donc là qu’il aura davantage l’opportunité d’entendre parler de Dieu, mais aussi d’expérimenter des temps de spiritualité, et d’observer des modèles de foi au travers de ses parents. La communauté de l’Église, ensuite, pourra venir soutenir cet effort de transmission, en équipant les familles d’outils et de ressources, et en renforçant la transmission de la foi lors des rencontres cultuelles ou par des activités complémentaires. À ce propos, je distinguerai ci-dessous deux niveaux d’action de l’Église : son action structurelle et son action fraternelle.
Le rôle de l’Église, en tant que structure
Le premier niveau concerne l’Église en tant que structure, c’est-à-dire la responsabilité collective et partagée du peuple de Dieu, en fonction de son organisation. Il s’agit de ce que l’Église met en place pour que l’enfant puisse y trouver sa place, découvrir Dieu, la Bible et les rituels liturgiques, expérimenter une foi personnelle ou encore vivre des relations fraternelles. Cela demande une réflexion au sein du conseil ou équivalent, dont découle la mise en place de paramètres pour accueillir et inclure l’enfant dans l’Église. Agir en ce sens répond à un appel de Dieu à intégrer les enfants dans les rituels cultuels du peuple, afin de leur transmettre la foi (Ex 10.8-9 ; 12.23-28 ; Dt 6.4-9,20ss ; 31.12-13). Les enfants, en effet, font partie du processus de culte et d’adoration de Dieu, en tant que représentants de la génération future. De même, ils sont présents aujourd’hui au milieu du peuple de Dieu qui se rassemble, l’Église, pas seulement en tant que futurs serviteurs ou leaders, mais parce que leur présence, leur manière de louer, la réalité de leur relation avec Dieu contribuent à faire grandir la communauté, contribuent à notre louange collective, contribuent à la relation de l’épouse avec le Christ. Les enfants ont le droit de faire partie du peuple de Dieu(4), ce droit leur est octroyé par Dieu dans l’Ancien Testament et confirmé par la réaction indignée de Jésus contre ses disciples qui comptent tenir les enfants éloignés de lui (Mc 10.13-16).
L’Église, en tant que structure, se doit de garantir leur accueil et leur inclusion.
Le rôle des membres de la communauté de l’Église
Le second niveau concerne l’action individuelle au sein de la communauté de l’Église, c’est-à-dire ce que chacun et chacune mettent en place pour contribuer à la chaîne de maillons de transmission de la foi aux générations suivantes, dans un souci fraternel. On pense bien sûr immédiatement aux animateurs des clubs bibliques qui s’engagent dans ce service et contribuent à la transmission de la foi, ou aux conducteurs de culte qui font l’effort d’inclure les enfants, mais pas seulement. Chaque membre de la communauté, en tant que frère ou sœur dans la foi, peut contribuer à la transmission de la foi en partageant la Bonne Nouvelle avec les plus jeunes. Ce faisant, il ou elle répond à l’appel du Christ de faire des disciples (Mt 28.19-20).
Tous responsables de la transmission !
La transmission de la foi repose sur un partenariat implicite entre la famille et l’Église, qui portent ensemble cette co-responsabilité. Si, comme le dit le proverbe africain, « il faut tout un village pour élever un enfant », alors il faut toute une communauté pour transmettre la foi à un enfant. C’est une chaîne de maillons : chaque génération transmet ensemble la foi à la prochaine, que ce soit par l’intermédiaire de la famille, de l’Église ou de toute autre sphère qui peut y contribuer. C’est ce à quoi nous invite le Psaume 78. Le but, c’est que la génération suivante connaisse Dieu, le craigne et place sa confiance en lui, afin de se comporter d’une façon conforme aux yeux de l’Éternel :
« Pour que la génération future sache ; des fils naîtront, ils se lèveront et le raconteront à leurs fils. Ils fonderont en Dieu leur assurance, ils n'oublieront pas les actions de Dieu, ils garderont ses commandements ; ils ne seront pas comme leurs pères, une génération indocile et rebelle, une génération dont le cœur n'est pas ferme et dont l'esprit n'est pas sûr à l'égard de Dieu. » (Ps 78.6-8)
Pistes pratiques pour accompagner les familles
Le défi de la transmission de la foi est considérable. Comment procéder ? Que mettre en place, que dire ? Où trouver le temps et l’énergie ? Les familles ont besoin de se sentir soutenues par leur communauté. Je présenterai ci-dessous quelques pistes pratiques et ressources à faire connaître aux familles pour favoriser les temps de partage autour de la foi.
Soigner l’atmosphère du foyer
On ne le dit pas suffisamment : l’atmosphère d’un foyer a une grande incidence sur la transmission de la foi. Celle-ci passe autant par ce que l’on apprend aux enfants, que par ce dont ils sont témoins et ce qu’ils expérimentent. Accompagner les familles dans la transmission de la foi pourrait donc passer par l’encouragement à une atmosphère saine, sécure, bienveillante, de confiance mutuelle, d’estime de l’autre, de don de soi, car ces caractéristiques prédisposent l’enfant à l’émergence de la foi(5). Vivre en modèle, avec des valeurs profondes et en toute authenticité, permet à l’enfant d’accorder sa confiance à l’adulte dès son plus jeune âge, puis de l’étendre à sa relation avec Dieu(6). L’Église pourrait soutenir et former les familles par :
- Des groupes de discussion entre parents d’une même communauté, que ce soit par des rencontres en présentiel, en distanciel ou tchat, pour partager joies et difficultés, s’encourager, s’interroger, apprendre des autres, se sentir entouré.
- Des ateliers avec l’apport d’un expert. Nos communautés regorgent souvent de professionnels de l’enfance : demandez-leur d’intervenir dans une rencontre pour les parents, sur un sujet d’éducation ou de parentalité. Cherchez aussi à inviter des intervenants qui peuvent former les parents sur la transmission de la foi. L’apport peut aussi venir d’un article à lire ou d’une vidéo à regarder(7).
- Des suggestions de vidéos, de podcasts, d’articles, de livres à découvrir chez soi pour aller plus loin.
Autant de pistes qu’une communauté peut proposer à ses membres pour soigner l’atmosphère de leur foyer.
Encourager le partage spirituel en famille
« Comment croiraient-ils en celui qu'ils n'ont pas entendu proclamer ? » (Rm 10.14) La proclamation de la Bonne Nouvelle est essentielle à la transmission de la foi. La réalité du quotidien rattrape souvent les familles de nos Églises et vient faire obstacle au désir de vivre un temps de culte en famille. Car en effet, comment réussir à braver les emplois du temps chargés, les multiples tâches domestiques à accomplir, la fatigue du travail, les aléas des humeurs de chaque membre de la famille, l’implication divergente des parents, la différence d’âge et d’intérêt entre les enfants, sans compter le manque de connaissance des ressources existantes ?
Dans son ouvrage Lire, prier, chanter en famille, Donald S. Whitney raconte comment les chrétiens ont, à toute époque, donné à ce qu’on appelle un « culte en famille » une place centrale dans leur foyer(8). Il faut le dire tout de suite, cette tradition semble aujourd’hui s’effilocher : rares sont les familles que j’ai rencontrées qui arrivent à dégager du temps pour vivre cela et sont satisfaites de leur pratique. Cette difficulté peut être accompagnée d’une certaine culpabilité, surtout lorsqu’on commet l’erreur de se comparer aux autres ou à ceux qui nous ont précédés dans l’histoire.
Les familles ont besoin d’être encouragées dans leur mission. Il s’agit tout d’abord de valoriser tout temps de partage familial, quand bien même il ne répond pas aux exigences que l’on peut parfois ressentir. Un culte en famille peut tenir en quelques minutes seulement, se vivre dans l’agitation d’une famille, varier d’une fois à l’autre, rencontrer plus ou moins d’échos chez les membres de la famille. D’ailleurs, Donald S. Whitney propose les trois rappels suivants : brièveté, régularité et souplesse(9). On pourra ensuite proposer aux familles des ressources pertinentes, dont le lecteur trouvera une sélection ci-dessous.
Pour lire et méditer la Bible en famille :
- La Bible à lire en famille, éditions Bibli’O, version PDV, une Bible avec le texte intégral, qui favorise la lecture des enfants, accompagnés par un parent, tout en proposant des activités pour compléter la lecture(10) ;
- Toute l’année avec Jésus (6-12 ans), éditions La Maison de la Bible, un livre de méditations bibliques quotidiennes, qui peut se lire en famille ;
- Autour de la Bible en famille (5-10 ans), éditions La Maison de la Bible, pour lire et étudier la Bible en famille, de manière ludique ;
- Minicell’ (0-3 ans) et Patacell’ (4-10 ans), éditions Jeunesse en Mission, un programme d’éveil à la foi à vivre en famille.
Pour discuter autour de la Bible :
- Playspi (dès 8 ans), un jeu de cartes spirituel pour l’introspection et le dialogue ;
- Parlons valeurs ! (dès 6 ans), un support de discussion sous formes de cartes autour de 50 valeurs essentielles(11).
Développer l’autonomie spirituelle des enfants
Transmettre la foi, c’est aussi rendre les enfants autonomes dans leur vécu spirituel. En forgeant avec eux de saines habitudes de lecture de la Bible et de prière, et en valorisant leur expérience propre. Là encore, le modèle parental sera primordial : l’enfant qui voit ses parents vivre leur foi en retirera des repères pour sa propre foi. Si ce n’est qu’une affaire du dimanche, les enfants en déduiront que c’est secondaire, voire superficiel. Notre foi en Dieu est le point central de notre vie, le refléter dans le vécu de notre quotidien permet aux enfants d’en prendre conscience.
Dans ce sens, les parents qui le peuvent pourraient choisir de rendre visibles leur temps de méditation personnelle : en utilisant une Bible papier plutôt que la version numérique sur smartphone ou tablette, car l’enfant qui nous voit sur un smartphone n’en déduit pas premièrement que c’est pour lire la Bible ; et en choisissant un moment de la journée où les enfants sont présents (le matin avant le petit-déjeuner, à midi en prenant son café, avant le repas du soir… chacun trouvera le moment pertinent selon son rythme familial). L’enfant qui a la chance d’observer ses parents méditer, comprend déjà l’importance d’une piété personnelle.
Si nous nous montrons réalistes, il faut bien dire aussi que les parents n’ont pas toujours le temps nécessaire pour accompagner la foi de leur enfant. Combien de fois aurais-je voulu prendre davantage de temps pour lire la Bible avec mes enfants, les inviter à prier, à chercher ensemble la présence de Dieu ? Il vaut la peine d’avoir recours aux ressources qui permettent à l’enfant de découvrir la Bible et de grandir dans sa foi avec autonomie, ou avec ses frères et sœurs. Ces ressources peuvent avoir le double avantage d’occuper l’enfant lorsque les parents ont besoin de temps pour gérer le quotidien, tout en le faisant grandir dans sa foi, mais il convient de veiller à ne pas les réduire à de simples outils d’occupation, au risque de passer à côté d’un véritable moment enrichissant pour l’enfant. Le lecteur trouvera ci-dessous une sélection destinée particulièrement aux parents de jeunes enfants, qui sont en pleine acquisition de leur autonomie.
Ressources à écouter, avant l’apprentissage de la lecture par exemple :
- Le Temps des Mini’ (3-8 ans), un podcast pour découvrir les grandes histoires de la Bible en s’amusant ;
- Mets tes écoute cœur (6-11 ans), un podcast de la comédienne Myriam de Beaurepaire pour écouter des histoires bibliques ou inspirées de valeurs bibliques ;
- Les multiples livres audios pour enfants des éditions BLF, dont plusieurs sont disponibles gratuitement sur leur boutique en ligne ;
- Les chants chrétiens pour enfant : JEM Kids, La Zap’, Kids Club Louange.
Ces ressources audios sont accessibles en ligne, et pourraient également être téléchargées sur un MP3 destiné aux enfants qui n’ont pas de smartphone. BLF éditions propose sa peluche lecteur audio, un accessoire idéal pour les plus petits.
Applications pour smartphones ou tablettes :
- La Bible App pour les Enfants (4-8 ans), une application smartphone pour explorer les histoires de la Bible ;
- Superbook (5-12 ans), une application smartphone contenant les épisodes éponymes, des jeux et des fiches découvertes ;
- À la recherche de Jésus (8-12 ans), une application smartphone pour approfondir la connaissance biblique.
Pour visionner les récits bibliques :
- Les épisodes du Superbook(12) (dès 5 ans), disponibles sur YouTube ou l’application éponyme, pour découvrir les histoires de la Bible ;
- L’Incroyable Histoire de Jésus, et Les Actes des Apôtres : tome 1 et tome 2 (dès 6 ans), en DVD chez Saje Distribution ;
- Le Prince d’Égypte (dès 6 ans), Dreamworks ;
- Le voyage du Pèlerin (dès 9 ans) en DVD chez Saje Distribution.
À partir de l’âge de la lecture, des guides de lecture quotidienne adaptés à chaque âge :
- Le mini-lecteur de la Bible (6-10 ans), éditions Ligue pour la lecture de la Bible (CH) ;
- Toute l’année avec Jésus (6-12 ans), éditions La Maison de la Bible ;
- Les Explorateurs (8-13 ans), éditions Ligue pour la lecture de la Bible (CH) ;
- RDV The Book accompagné de RDV The App (dès 13 ans), éditions LLB (FR) ;
- Lis. Réfléchis. Agis (15-20 ans), éditions La Maison de la Bible.
Pour les jeux de société autour de la Bible :
- Hag Sameah (dès 7 ans), pour familiariser les enfants avec les Écritures ;
- Fouilles en Galilée (dès 12 ans), pour mémoriser et comprendre la Bible de manière ludique.
- Et des grands classiques que l’on peut privilégier en version chrétienne pour se familiariser avec la Bible : 1000 bornes de la Bible, divers jeux des sept familles, memorys, puzzles etc.
Profiter des occasions du quotidien
La foi se vit au quotidien. Il n’est pas nécessaire de passer exclusivement par des temps liturgiques organisés pour pouvoir partager la foi. On peut profiter des occasions inattendues, spontanées, les moments passés ensemble : dans la voiture, en se levant, avant d’aller se coucher, le temps du repas, les activités communes. Il n’est pas rare que ce soit dans ces moments que les enfants nous offrent l’opportunité de partager notre foi : lorsqu’ils s’émerveillent de ce qui les entoure, dirigeons leur regard afin de percevoir le merveilleux Créateur ; lorsqu’ils se posent des questions existentielles, cherchons avec eux des réponses auprès de Dieu ; lorsqu’ils sont tristes ou qu’ils ont peur, invitons-les à percevoir la compassion de Dieu ; lorsqu’ils nous racontent leur journée d’école, aidons-les à y voir la présence de Dieu ; lorsqu’ils expriment leur joie, conduisons-les dans une prière de reconnaissance. Il s’agit de se montrer attentifs pour saisir ces occasions et aider les enfants à voir la présence et l’œuvre de Dieu dans leur quotidien, au travers de discussions ouvertes, dans lesquelles les enfants osent poser des questions et donner leur avis, se tromper sur Dieu et sur leur vision du monde, douter.
Dans le podcast The Child in Our Midst, réalisé par le « Center for Faith and Children », Dr. Lacy Finn Borgo raconte comment, à plusieurs reprises, elle a interrogé des enfants au sujet de la bonté, de la beauté et de la vérité(13), sans alors qu’elle évoque Dieu. Observer ces valeurs transcendantes autour de soi et en discuter éveille les enfants à la présence de Dieu. Ce sont eux qui, par leur aptitude à s’émerveiller, réussissent à faire le lien entre ce qu’ils observent de bon, de beau ou de vrai et la présence de Dieu. Voilà une piste pour démarrer une discussion spirituelle au milieu du quotidien.
L’Église peut accompagner les familles à valoriser ces moments de partage, en les y encourageant, en suscitant des témoignages au culte, en proposant dans la continuité du culte une discussion à partager en famille ou une fiche à remplir. Il s’agit d’aider à trouver un lien de cohérence entre le vécu d’Église et celui de la semaine.
L’Église comme soutien de la transmission de la foi
Au-delà de la manière dont l’Église peut encourager la transmission de la foi en famille, telle que nous l’avons abordée en détail jusqu’ici, elle peut aussi compléter cette transmission de manière pro-active et adaptée.
Réfléchir au niveau structurel
Bon nombre de décisions passent par le niveau structurel, c’est-à-dire qu’elles sont réfléchies par le Conseil d’Église, voire l’assemblée générale. Dans ces instances décisionnelles, la transmission de la foi à la génération suivante devrait constituer une préoccupation majeure. Ainsi, il serait pertinent de se poser les questions suivantes :
- Quel accueil réserve-t-on aux enfants au culte ? Ont-ils un espace dédié ? Leur adresse-t-on une parole spécifique ?
- Quel manuel de club biblique utilise-t-on ? Permet-il non seulement l’acquisition de connaissances bibliques, mais aussi l’expérience de Dieu ?
- Quelle compréhension et quelle théologie les animateurs des clubs bibliques ont-ils en ce qui concerne la spiritualité de l’enfant, le salut de l’enfant, la conversion de l’enfant ?
- L’aménagement des espaces pour l’enfance favorise-il la transmission de la foi ?
- Le budget alloué permet-il d’animer des moments de transmission de la foi pertinents ?
- Lorsqu’un événement d’Église est organisé, prévoit-on une animation enfance qui renforcera la transmission de la foi ?
Aider les parents à vivre le culte avec leurs enfants
Participer au culte en famille peut constituer un vrai défi, qui comporte deux facettes. La première est la plus importante, elle concerne l’accueil et l’inclusion appropriés des enfants : non pas pour qu’ils restent tranquilles afin que les adultes puissent se concentrer, mais pour qu’ils puissent participer à la louange de Dieu et écouter sa Parole, grandir dans leur foi. La seconde facette concerne la manière dont les adultes arriveront à trouver leur propre nourriture spirituelle au culte, ce qui est essentiel pour pouvoir ensuite partager leur foi avec leurs enfants. Dans les deux cas, la place laissée aux enfants est primordiale, afin de favoriser leur participation. On pourra ainsi suggérer d’inclure une « Minute des enfants » dans les premières parties de culte, de choisir des chants adaptés, d’en expliquer les paroles ou le vécu du culte, et/ou d’animer à intervalles réguliers des cultes intergénérationnels(14).
Dans son ouvrage sur la présence des enfants dans nos cultes, Jason Helopoulos invite les responsables d’Église à proposer un cours d’introduction au culte aux familles, afin d’aider « les parents et les enfants à comprendre et à accorder de la valeur à ce qui se passe dans le culte. […] Plus les enfants en sauront, plus ils s’engageront(15). »
Chaque membre de la communauté pourrait également se montrer attentif, à son niveau, pour faciliter la présence des familles au culte, en se montrant accueillant, tolérant quant à l’agitation, ou en aidant concrètement la famille assise à côté de lui.
Aider les familles à vivre le culte ensemble contribue à la transmission de la foi !
Proposer des groupes et événements complémentaires
Nombreuses sont les Églises qui proposent des groupes ou événements complémentaires. C’est une bonne chose, car ces événements donnent de multiples opportunités aux enfants d’entendre parler de Dieu et de la Bible, d’expérimenter des moments de piété et de rencontrer des frères et sœurs chrétiens.
Au-delà des clubs bibliques hebdomadaires que la plupart de nos Églises proposent déjà, on pourra penser à développer quelques-unes des idées suivantes : un groupe de scoutisme, des animations de quartier, les événements chrétiens locaux à relayer (par exemple des concerts, des spectacles), une liste de colonies de vacances chrétiennes à recommander aux familles, une journée d’encouragement pour les familles, une soirée de prière intergénérationnelle, etc.
Face aux obstacles
Je ne voudrais pas laisser croire que les pistes proposées ci-dessus se mettent en place sans difficulté. Les familles rencontrent de réels obstacles dans la transmission de la foi. J’en mentionnerai trois ci-dessous.
Quand les écrans nous séparent
Les écrans ne facilitent pas les temps de partage, et il peut être bien difficile de rassembler tous les membres de la famille en laissant les écrans de côté. Ils deviennent alors un vrai obstacle à la transmission de la foi. Chaque famille établira les règles qui lui semblent pertinentes pour la gestion des écrans en général, mais je recommande d’inclure les enfants et les jeunes dans la discussion lorsqu’il s’agit de passer un moment autour de la foi. On peut ainsi leur demander ce qu’ils sont prêts à faire pour se rendre disponibles, leur proposer d’établir leurs propres règles. Il me semble important qu’un temps de spiritualité demeure authentiquement libre, car cela communique aux enfants que la liberté est un don de Dieu et une caractéristique de notre relation avec lui.
Il n’est par ailleurs pas forcément nécessaire de bannir totalement les écrans. On peut au contraire les utiliser comme support : pour lire la Bible, pour chercher des images, pour discuter par écrit, pour regarder une vidéo, pour publier sur les réseaux le fruit de notre méditation.
Quand l’un des deux conjoints n’est pas chrétien
Cela complique pour l’autre conjoint la gestion de ces moments de transmission de la foi. Cependant, on peut suggérer avec Donald S. Whitney que cela ne sera pas toujours un obstacle insurmontable. Le conjoint ne sera pas forcément défavorable à vivre ce temps, il y trouvera peut-être quelque chose de satisfaisant, comme un moment privilégié en famille, une occasion de partager un élément personnel avec ses enfants(16).
Lorsque le conjoint s’oppose à cette pratique spirituelle, que ce soit avec ou même sans lui, on ne pourra qu’encourager l’autre conjoint à chercher du soutien auprès de sa communauté et à redoubler de créativité pour trouver une autre voie de transmission de la foi, pour laquelle le conjoint est favorable. Il s’agira alors de définir les points de jonction entre les besoins et envies de chacun des deux conjoints : la célébration en famille des fêtes religieuses traditionnelles pourrait ainsi convenir à la fois à un non-croyant et à son conjoint croyant (sans que ce soit pour les mêmes raisons), tout comme des discussions ouvertes qui vogueraient entre les idées philosophiques et les convictions religieuses, etc. La transmission de la foi pourra aussi passer par l’intermédiaire d’une activité extérieure au foyer, telle qu’un groupe de scoutisme, une colonie de vacances, un club de découverte de la foi en semaine, ou encore des grands-parents qui peuvent assurer ce rôle de transmetteur.
Quand un enfant s’éloigne de Dieu
Malgré toutes les bonnes pratiques qu’un parent pourra mettre en place pour transmettre la foi à ses enfants, celle-ci demeure un cadeau de Dieu qu’on ne peut forcer. Même la meilleure des transmissions de la foi ne garantit pas la bonne réception. On pourrait, avec Rob Parsons, aller même plus loin en considérant qu’être « élevé dans un foyer chrétien et être personnellement impliqué dans la vie de la communauté, avec toutes les pressions que ça peut supposer, pourrait effectivement abîmer la graine de la foi dans le cœur de nos enfants et l’empêcher de pousser(17) ». Les attentes des parents chrétiens et des communautés chrétiennes vis-à-vis des enfants et des jeunes sont telles qu’elles peuvent parfois paradoxalement faire obstacle à l’émergence de la foi.
Pour contrer cela, Rob Parsons propose plusieurs conseils que l’on pourrait résumer ici schématiquement en deux grandes pistes. La première conduit tout d’abord vers un travail sur les parents et leur modèle éducatif dans le domaine de la spiritualité. Il s’agit de valoriser l’authenticité dans leur foi et leur témoignage en famille, et de se préoccuper de ce qui est essentiel chez leur enfant, à savoir ce qui habite dans leur cœur et non les apparences(18). La seconde piste conduit vers une préparation des enfants, afin qu’ils ne soient pas déçus outre mesure d’eux-mêmes, de leurs parents ou de leur communauté chrétienne. Il s’agit d’enraciner leur foi dans des vérités solides et non des chimères : nous faisons tous de notre mieux, mais bien imparfaitement. Les aider à se préparer à être déçus d’eux-mêmes, de leurs parents, de leurs modèles de foi, de leur communauté chrétienne permet de mettre en contraste la fidélité et la perfection de Dieu, sur qui ils doivent fonder leur foi et qui ne les décevra jamais(19). J’ajouterai à ces deux pistes une troisième : accompagner les familles dans la transmission de la foi passe aussi par un travail sur les communautés chrétiennes, afin qu’elles se saisissent du rôle qu’elles ont à jouer, renforcent leur action auprès des familles et alignent leurs exigences sur les exigences éducatives ci-dessus (c’est-à-dire l’authenticité de la foi, se concentrer sur ce qui se vit dans le cœur, ne pas nourrir des illusions).
Conclusion
La transmission de la foi est un défi considérable mais essentiel pour garder fidèlement l’alliance avec Dieu. En soutenant les familles, en réfléchissant aux pratiques structurelles de l’Église et en proposant des événements complémentaires, nous pouvons favoriser l’émergence de la foi chez nos enfants. Cependant, il nous faut également être conscients des obstacles qui peuvent se présenter, et chercher à les surmonter avec les ressources que Dieu nous donne. Malgré cela, et en dépit de tous nos efforts (bons et légitimes !), il est nécessaire de rappeler que c’est Dieu qui touche les cœurs et se révèle aux petits selon son bon vouloir. De notre côté, adoptons une approche inspirée de Dieu, authentique et inclusive, afin de transmettre ce trésor de la foi, et de permettre à chaque enfant de rencontrer Dieu.
« Le Seigneur est grand, infiniment digne d'être loué ; sa grandeur est sans limite. Que chaque génération annonce à la suivante ce que tu as fait et lui raconte tes exploits ! » Ps 145.3-4 (version NFC)