On raconte l’histoire d’un perroquet nommé Chipie. D’humeur joyeuse, il agrémentait la maison de ses chants et de quelques paroles mémorisées. Il n’a jamais vraiment compris ce qui lui était arrivé. Son propriétaire avait décidé de nettoyer la cage. Il avait approché le tuyau de l’aspirateur et… l’oiseau avait disparu… dans le sac, recouvert de poussière, en train de suffoquer. Le propriétaire eut l’idée géniale de lui donner une douche. Voyant son oiseau grelotter dans la baignoire, le propriétaire, décidément très créatif, mit en marche le sèche-cheveu pour le réchauffer. Quelques instants plus tard, le perroquet était de nouveau dans sa cage. Curieusement, il ne chantait plus, ne parlait plus, regardant droit devant lui tout le long du jour, sans aucun goût pour la vie…
Les épreuves de la vie peuvent avoir cet effet, n’est-ce pas ? Elles vous frappent, d’un coup. Et elles nous laissent sous le choc, les yeux fixes. Comme un animal sur la route, la nuit, hypnotisé par les phares qui s’approchent, et paralysé… Il est difficile de renouer avec l’espoir. Je suppose que nous avons tous connu des moments où tout paraissait si lourd, si difficile, qu’on semblait submergé par les vagues… Le Psaume 103 est le type même d’un S.O.S. qu’on lance à Dieu. Il nous explique comment intégrer les promesses de Dieu quand tout s’effondre.
Ce Psaume a nourri des générations de chrétiens (les Anglais l’ont récité à l’approche de « l’Invincible Armada » en 1588, tout comme les protestants persécutés après la Saint-Barthélemy en 1572). Ce Psaume peut aussi inspirer nos prières lorsque nous sommes confrontés à d’immenses difficultés. Dieu nous secourt dans l’épreuve et l’adversité.
Lecture : Psaume 3
La réalité : notre chemin est tordu (3.1)
Psaume de David quand il fuyait devant son fils Absalom (Psaume 3.1). Pourquoi David fuyait-il devant son fils ? Sa fuite est la conséquence de ses propres fautes :
- David, au sommet de sa gloire, se promène la nuit sur la terrasse de sa maison et voit une belle femme en train de se baigner. Il la convoque, couche avec elle, et fait tuer son mari.
- Pas de chance, rien n’est caché pour Dieu ! Le prophète Nathan vient vers David et lui dit : lecture 2 S 12.9-12.
- Dieu met en place son jugement. Amnon, fils de David, viole sa demi-sœur Tamar, sœur d’Absalom. Absalom décide de se venger. Il tue Amnon, et s’enfuit au loin pendant trois ans (cf. 2 S 13).
- Trois ans plus tard, David décide de le faire revenir à Jérusalem. Absalom aurait pu être heureux d’avoir été pardonné, mais remarquez ce qu’il fait de son rétablissement : lecture 2 S 15.1-6.
- Pendant quatre années, Absalom construit lentement une mutinerie contre le roi, son père. (cf. 2 S 15.12). (NB : remarquez les étapes de la mutinerie, qui ne sont pas sans rappeler ce qui se passe parfois dans les Églises : il s’appuie sur les mécontents d’Israël / il met en doute la bonne volonté du roi et de son équipe / il se met en avant comme un homme meilleur, plus attentionné que David / il attaque lorsqu’il est fort).
- Absalom s’approche de Jérusalem. Absalom couche publiquement avec les femmes de David ce qui, culturellement parlant, lui donne la royauté. Et il ordonne à ses hommes de poursuivre David.
- David fuit, se fait maudire et insulter sur son passage : lecture de 2 S 16.13.
C’est probablement le matin le plus triste de la vie de David car le voici :
- Rejeté par son propre fils,
- Rejeté par certains de ses proches conseillers,
- Rejeté par la population qu’il avait défendue pendant des années,
- Et les gens disent que Dieu s’est retiré de lui…
David est isolé. Dans une épreuve parmi les plus dures qu’on puisse vivre, celle du rejet d’un être aimé. Et si vous avez été rejeté, vous savez ce que je veux dire :
- Des amis qui vous larguent, c’est dur à vivre,
- Des gens qu’on aime et qui quittent l’Église, c’est dur à vivre,
- Un patron qui vous licencie, c’est dur à vivre,
- Un bon employé qui vous largue…
Mais un mari, une épouse, un enfant, un ado qui vous rejette, c’est la palme d’or des blessures. Il n’existe pas de douleurs plus vives. Pas de cicatrices plus profondes sur le cœur. Si vous avez connu ce rejet, vous savez combien cela arrache les tripes.
Cette situation est d’autant plus singulière que David est le premier responsable de cette situation. Par son péché, il a engendré cette chaîne d’événements douloureux. Le monde devient difficile, hostile pour lui.
Cette prière nous invite à faire un constat similaire. La réalité, c’est que notre chemin est tordu. Nous trébuchons. Notre comportement est marqué par l’égoïsme, la colère ou le manque d’amour. Et le péché fait son chemin. Des années plus tard, on fait face à ses conséquences.
Le constat : notre monde est hostile
« Éternel, qu’ils sont nombreux mes adversaires ! Nombreux ceux qui se lèvent contre moi ! Nombreux ceux qui disent à mon sujet : Point de salut pour lui auprès de Dieu ! (Pause) » (Psaume 3.2-3)
David fait un constat honnête, et il le dit à Dieu. Il est entouré d’adversaires plus nombreux que lui. Il n’a que 600 hommes à ses côtés. La situation est pathétique, et il le dit au Seigneur. Vous avez noté la répétition ? « Nombreux ». Nous avons parfois une fausse pudeur dans notre relation avec Dieu. Nous n’osons pas verbaliser les difficultés ou les souffrances ressenties dans la vie :
- Par crainte de manquer de foi – il est vrai que ce serait le cas sans la suite du Psaume…
- Par crainte de se plaindre – la ligne est fine !
- Par impression qu’on dérange la ligne divine – mais la bande passante de la prière est large vers le ciel !
- Par la réalisation qu’on mérite notre sort – mais seul Christ peut porter notre péché. Nous ne pouvons que reconnaître nos fautes (ce que David fait avec les Psaumes 32 et 51) et nous confier en celui qui pardonne.
Beaucoup d’hommes de Dieu ont verbalisé ce constat de l’hostilité de la vie et de l’universalité de la souffrance : ...