Texte de prédication : À l’Église d’Éphèse Ap 2.1-7

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Christophe Paya nous propose une prédication semi narrative sur la première des Lettres aux Églises du livre de l’Apocalypse.

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Texte de prédication : À l’Église d’Éphèse  Ap 2.1-7

L’homme qui marche

L’homme marche au milieu des chandeliers d’or. L’homme – il ressemble en tout cas à un homme – porte une longue tunique ornée d’une ceinture d’or. Il a les cheveux blancs, blancs comme de la neige ; mais ses yeux brillent comme une flamme ardente. Il tient dans sa main des étoiles. Des astres lumineux. Mais on a l’impression que ces étoiles ne brillent que parce qu’elles sont dans sa main. De même que les chandeliers n’éclairent que parce qu’il se tient au milieu d’eux. La lumière semble venir de lui. Son visage est d’ailleurs éblouissant comme le soleil. Même ses pieds étincellent comme du bronze.

Les étoiles et les chandeliers semblent bien fragiles. Que se passeraient-ils si l’homme renversait un chandelier sur son passage, ou s’il lâchait une des étoiles de sa main. Les chandeliers éclairent, les étoiles brillent : c’est bien la même lumière que celle qui jaillit de ses yeux et de son visage. C’est bien de lui que les chandeliers et les étoiles tirent leur éclat.

Alors l’homme se met à parler. Sa voix a l’amplitude des eaux d’un torrent. Il parle, et lorsqu’il parle, sa voix sonne comme celle des officiers romains qui étaient chargés de faire, au nom de l’empereur, des proclamations solennelles. À moins que ce ne soit plutôt la voix prophétique, celle qui sort de sa bouche, la voix des prophètes d’autrefois : « ainsi parle le Seigneur… » Par sa bouche, c’est l’Esprit qui parle aux Églises.

Cet homme est la pierre angulaire de l’engagement de l’Église. Mieux que quiconque, il connaît sa conduite ; comme personne, il sait la réalité de son engagement ; si l’Église souffre, c’est à cause de lui ; si l’Église vit, c’est parce qu’il lui donne du fruit de l’arbre de vie. Il est la pierre angulaire de l’engagement de l’Église.

N’aie pas peur

Le jeune scribe qui est en train de rédiger le texte que lui dicte Jean l’ancien pose sa plume.

– Quelle description effrayante !
– Peut-être, dit Jean, mais tu as tort d’avoir peur. Moi-même, lorsque j’ai eu cette vision, je suis tombé sur le sol comme mort. Je me suis senti transpercé par la flamme de ses yeux. Je me suis senti condamné par les paroles de sa bouche. Je me suis senti écrasé par ses pieds de bronze incandescent. Et j’ai pensé : et s’il renversait un des chandeliers sur son passage… Et je me suis dit : et s’il lâchait une des étoiles de sa main.

Que serions-nous s’il ôtait notre chandelier de sa place ? Que serions-nous si nous tombions de sa main ? Alors j’ai eu peur et je suis tombé comme mort. Mais j’ai eu tort d’avoir peur. Il a posé sa main sur moi… et je n’ai pas été écrasé. Il m’a parlé… et je n’ai pas été condamné. Il m’a relevé, il m’a encouragé, il m’a exhorté.

Beaucoup de choses peuvent nous faire peur. Mais pourquoi aurions-nous peur de celui qui se tient au milieu de nous, qui nous connaît, qui nous parle par son Esprit, qui nous relève et nous exhorte ?

– Maintenant, continue à écrire, et note bien ceci. Écris à la communauté d’Éphèse… et à toutes les Églises qui ressemblent à celle d’Éphèse et qui sauront entendre dans ces paroles ce que l’Esprit dit aux Églises.
– Écris ceci :
« J’ai un reproche à te faire. Tu as abandonné l’amour que tu avais au début. Allons ! Rappelle-toi d’où tu es tombé ! Change et reviens à ta conduite première ! » (2.4).

Ton premier amour

« Tu as perdu ton premier amour ». On croirait entendre la conversation d’un couple. « Tu ne m’aimes plus comme avant. Tu m’aimes moins qu’avant. » « Oui mais Seigneur, l’amour change avec le temps. Je ne peux pas t’aimer toujours pareil ».

Oui, l’amour change, mais pas en qualité. Il s’exprime différemment, c’est sûr, mais doit-il pour cela être moins intense ? Il y a la période poétique des commencements, puis il y a d’autres périodes. Mais l’amour doit-il, en évoluant, perdre de sa qualité ? Le Christ fait partie de ceux qui pensent que l’amour peut durer.

Le scribe tient sa plume en l’air pendant qu’il écoute Jean l’ancien qui réfléchit à haute voix.

– C’est quand même un sérieux reproche que le Seigneur fait à l’Église d’Éphèse.
– Je crois que c’est ce qu’il a de plus important à lui dire. Mais ce n’est pas la seule chose qu’il veut lui dire. Note, un petit peu avant :
« Je connais ta conduite, la peine que tu prends et ta persévérance. Je sais que tu ne peux pas supporter les méchants : tu as mis à l’épreuve ceux qui se prétendaient apôtres et qui ne le sont pas, et tu as décelé qu’ils mentaient ».

Ajoute encore ceci :

– Il y a une chose que tu as en ta faveur : tu détestes les œuvres des Nicolaïtes, tout comme moi.

Le scribe relève la tête d’un air interrogateur.

– Les Nicolaïtes ? Qui sont ces gens ?

Jean l’ancien interrompt le fil de ses pensées.

– Les Nicolaïtes ? Ce n’est pas la peine que tu saches. Ce ne sont pas des gens très recommandables. Pas plus que ces faux apôtres qui ont tenté d’entraîner l’Église dans la mauvaise direction.

Mais le jeune scribe n’est pas satisfait.

– Quand même, l’Église d’Éphèse ne s’est pas laissée prendre au piège des faux apôtres ; elle a persévéré dans la bonne direction ; même si c’était difficile. Elle déteste les Nicolaïtes comme le Seigneur les déteste. C’est bien ! Pourquoi lui reprocher cette histoire de premier amour. On ne peut pas garder le premier amour…

Je connais ta conduite… répète Jean l’ancien. Je sais que tu as mis à l’épreuve les faux apôtres… Tu détestes les œuvres des Nicolaïtes… Tu es en phase avec mes pensées. Tu n’aimes pas plus que moi ce que font les Nicolaïtes. Tu as su repérer ceux qui se présentaient comme des apôtres mais qui n’en étaient pas. C’est bien. Mais ce n’est pas suffisant.

La foi ne peut pas se définir par quelque chose de négatif. Avoir la foi, ce n’est pas détester ce que fait quelqu’un. Ce n’est pas rejeter les menteurs. Ce n’est même pas persévérer malgré la souffrance. Oh, le Seigneur prend en compte cette attitude, il la connaît, il l’estime à sa juste valeur. Mais la foi, c’est « tu aimeras » : « tu aimeras le Seigneur ton Dieu et tu aimeras ton prochain ».

Il y a beaucoup de choses qui peuvent prendre la place de l’amour ; peut-être parce qu’elles sont plus faciles à pratiquer… Mais l’amour est la qualité sans laquelle toutes les autres choses perdent leur valeur. C’est la marque de l’Église, sans cette marque, l’Église s’éteint.

Le souci de vérité, qui est une bonne chose, ne peut pas prendre la place de l’amour ; le rejet du mal, qui est une bonne chose, ne peut pas prendre la place de l’amour ; la persévérance, qui est une bonne chose, ne remplace pas l’amour.

L’amour est la marque de l’Église. Sans l’amour, l’amour pour le Seigneur, l’amour pour les frères et sœurs dans la foi, l’amour pour le monde, sans l’amour, le chandelier de l’Église n’éclaire plus rien. On peut l’enlever, il ne sert plus à rien. Il s’est éteint tout seul. Il est comme du sel qui aurait perdu son goût. À quoi serviraient ces petits cristaux blancs de sel s’ils n’avaient aucune saveur ? À faire joli ?

Mais nous ne savons pas aimer. Et puis, lorsque nous y arrivons, l’amour s’abîme tellement vite.

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Auteurs
Christophe PAYA

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Commentaires

winding

23 May 2014, à 07:57

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