Texte de Prédication : «Eunuques pour le royaume des cieux» ?

Extrait Texte de prédication 3 commentaires

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Texte de Prédication :  «Eunuques pour le royaume des cieux» ?

Quelques éléments d’analyse de la prédication :

– Les versets 11 et 12 de Matthieu 19 sont des versets difficiles à interpréter. On ne facilitera pourtant pas la lecture si on les extrait de leur contexte. C’est pourquoi le texte biblique de la prédication, et donc le texte qui sera lu avant la prédication, est étendu à Matthieu 19.3-12. Le texte difficile bénéficie ainsi du contexte rassurant de textes mieux connus.

– La section choisie (Mt 19.3-12) a l’avantage de concerner tout le monde, puisqu’elle envisage toutes les situations maritales possibles : mariage, célibat, parentalité. Ainsi, la prédication pourra viser un auditoire d’Église ordinaire, dans lequel toutes les catégories sont représentées.

– Néanmoins, en mettant en avant les versets 11-12, on attire l’attention de l’auditoire qui n’a pas l’habitude d’entendre prononcer de telles paroles. Peut-être peut-on donc commencer par lire les versets 11-12, pour souligner le choc des paroles de Jésus, puis recommencer la lecture du verset 3 au verset 15, pour leur donner du relief et un contexte.

– Le plan de la prédication est le suivant : (1) Montrer pourquoi tous sont concernés par les exigences du royaume telles qu’elles apparaissent dans ces paroles de Jésus ; (2) interpréter l’image de l’eunuque ; (3) poser la question des disciples : qu’est-ce qui est le plus avantageux ? Dans la conclusion, on reprend encore une fois le texte au début, et on parcourt les différentes catégories en abordant la manière dont peut se vivre pour chacune d’elles le service chrétien.

Introduction

Il y a de bonnes raisons de penser qu’un texte qui se termine par cette formule : « que celui qui peut comprendre comprenne », et qu’un texte qui parle d’eunuques, peut légitimement prétendre faire partie des textes difficiles de la Bible, sur lesquels on ne prêche pas très souvent.

Voilà donc un texte qui est difficile, pour des raisons exégétiques, à cause du sujet dont il parle, mais aussi à cause du rôle qu’il a joué dans l’histoire de l’Église, puisqu’il a souvent été utilisé, et qu’il l’est encore, pour défendre le célibat dans le contexte catholique.

1. Mariage, célibat et parentalité

Tout commence par une histoire de mariage. C’est la première chose que je voudrais noter. Et plus précisément par une question sur le divorce. Ce qui n’est pas tout à fait pareil. Mais disons que Jésus répond à ceux qui souhaitent prendre toutes leurs précautions, c’est-à-dire qui souhaitent s’engager, dans le mariage… à condition qu’ils aient une porte de sortie… Jésus répond en rappelant l’attachement initial : s’il y a détachement dans le mariage, c’est de son père et de sa mère, mais pas de son conjoint. « L’homme quittera son père et sa mère et s’attachera à sa femme… »

Je ne sais pas pourquoi, mais les commentateurs ne font pas le rapport avec l’histoire des enfants, qui vient juste après. Le mariage, les enfants, et au milieu cette question d’eunuques à laquelle nous allons nous intéresser.

Voilà donc comment les choses se présentent :

• Le contexte est celui d’une juste compréhension de ce qu’est le mariage et de ce que sont les responsabilités des conjoints, l’un à l’égard de l’autre et à l’égard de leurs enfants, s’ils en ont ; ça c’est le cadre précis de cette parole de Jésus, son environnement immédiat.

• Mais il faut noter que le point de vue de Jésus, lorsqu’il parle du mariage et du célibat, c’est le point de vue du royaume des cieux, c’est-à-dire de la manifestation de la volonté de Dieu en Jésus-Christ, volonté de Dieu qui est céleste, donc distincte de la volonté humaine, terrestre. Le royaume des cieux apporte du nouveau, certes, mais il est aussi une réaffirmation de ce qui avait déjà été révélé au commencement, au moment de la Création, lors de l’institution du mariage.

Ce qui veut dire que le message d’ensemble de ce texte concerne tout le monde ; ce ne sont pas les seuls célibataires qui sont visés. Il est question de mariage, de ce qu’est fondamentalement le mariage et donc de ce qui fait la beauté du mariage, mais aussi des difficultés du mariage avec la question de divorce ; il est question de célibat ; il est question d’enfants. Ce n’est pas parce que c’est difficile à comprendre que tous ne sont pas appelés à confesser et à vivre le message du royaume tel que ce texte le met en lumière.

Je note toutefois que ce texte envisage l’existence de célibataires ; ce qui est peut-être une évidence aujourd’hui, mais qui l’était moins au 1er siècle ; le célibat, d’ailleurs, aujourd’hui encore, n’est pas toujours une situation facile à vivre, dans des Églises où l’on valorise énormément la présence d’enfants, la famille, etc. Le célibat fait partie de la réalité humaine ; ce célibat peut avoir plusieurs explications, motivations, justifications ; comme le mariage d’ailleurs je suppose.

Tous, donc, sont concernés. Pourtant, ce message n’a pas l’air d’être compréhensible par tous : « Tous ne comprennent pas cette parole », dit Jésus, « mais seulement ceux à qui cela est donné ». Cela pourrait poser problème… si nous ne savions pas que nous avons tous besoin d’être éclairés pour comprendre. Nous avons tous besoin que les choses nous soient données pour que nous puissions les comprendre et les accepter. Il faut que la compréhension nous soit donnée par Dieu.

Depuis plusieurs décennies maintenant, les éminents spécialistes de la critique rédactionnelle ont pensé pouvoir dire que l’Évangile de Matthieu mettait en avant la compréhension des disciples, contrairement à Marc pour qui les disciples étaient incurablement obtus. La réalité est en fait plus nuancée. Mais ce qu’il est important de remarquer, c’est que si les disciples comprennent, c’est parce que Jésus leur explique. Ce n’est pas qu’ils aient une capacité de compréhension particulière. Ce n’est pas qu’ils soient particulièrement brillants. Nous avons besoin que cela nous soit donné, en général et en particulier : pour comprendre et pour accepter une parole du royaume qui ne correspond pas à la logique des raisonnements humains. Et cela est donné à qui ? À ceux qui sont engagés pour le royaume, qui ont répondu à l’appel de Jésus et qui se sont attachés à lui.

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Auteurs
Christophe PAYA

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Commentaires

Olivier Carrérot

22 October 2019, à 21:48

bonjour,
je voudrais savoir où et comment lire la suite de cette exégèse de Matthieu 19, 11-12, svp ? le début m'a beaucoup intéressé, et...je reste sur ma faim ? comment avoir accès à la suite de l'article ?

Manu

23 October 2019, à 15:20

Bonjour, je ne peux que vous encourager si vous voulez connaître la suite de cet article, à commander le numéro 71 des CEP en allant à la rubrique "je m'abonne ou j'achète"

Francis

15 December 2020, à 17:51

Bon courage. Que la paix du Christ vous accompagne

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