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Les progrès en neurosciences durant le dernier demi-siècle ont été remarquables, souvent impulsés par de puissantes nouvelles techniques, de la biologie moléculaire jusqu’à l’imagerie cérébrale. Où ceci nous mènera-t-il ? 

Il n'y a qu'une petite partie de la recherche neuroscientifique qui s'est focalisée sur les origines cérébrales de la spiritualité et de la religion. La plupart des travaux ont abordé la question plus générale du rôle du cerveau dans le comportement, y compris dans la pensée. Un but majeur de la recherche a été de comprendre les bases du fonctionnement du cerveau : ce qui se passe aux niveaux moléculaire et cellulaire, et au niveau du réseau des neurones, dans la vision, l’audition ou dans la mémoire etc. Plus d’efforts encore ont été consacrés à la compréhension des maladies neurologiques et psychiatriques, dans le but de trouver des thérapies.

Les neurobiologistes ne sont en général pas aussi triomphalistes que ne le donne souvent à penser la presse populaire. Oui, sans doute, les neurosciences progressent, mais pas aussi vite que nous le voudrions. Pour prendre l'exemple de mon domaine de recherche, plus de 70.000 articles ont été publiés dans les 30 dernières années sur la question de savoir ce qui fait vivre ou mourir les neurones, et sur les moyens de les empêcher de mourir dans des situations telles que l’attaque cérébrale, l'asphyxie et les maladies neurodégénératives. Les progrès ont été réels, et une "neuroprotection" efficace a été réalisée chez des animaux soumis à une attaque cérébrale artificielle (fermeture d’une artère cérébrale), mais malgré ces avancées nous n'avons toujours pas de méthode fiable pour empêcher la mort neuronale. Pour donner un autre exemple, des milliers d'articles ont été publiés sur la neurobiologie du sommeil et des découvertes importantes accomplies, mais nous n'avons toujours pas de réponse claire à la question apparemment simple de savoir pourquoi nous avons besoin de dormir.

La plupart de mes collègues neuroscientifiques seront sans doute d'accord avec moi pour dire que nous considérons l'avenir avec un optimisme prudent. Des avancées seront réalisées, et des questions entièrement nouvelles seront posées et clarifiées, mais nous n'avancerons pas aussi rapidement que nous le voudrions. C’est avec acharnement, que nous poursuivrons nos efforts pour trouver des remèdes aux maladies neurologiques et psychiatriques… 

Personnellement, je trouve cela normal. Ce monde n'est pas un parc de plaisance mais plutôt une montagne accidentée où nous pouvons grimper et nous fatiguer. En tant que chrétien, je veux me consacrer corps et âme à aimer Dieu et mes semblables, à découvrir la vérité sur la création de Dieu. Je considère que c'est un privilège d'avoir pu passer ma vie professionnelle à contribuer à la découverte de la vérité concernant, le cerveau, cet aspect si fascinant de cette création. Pour moi, chaque découverte scientifique révèle une nouvelle facette de l'œuvre de Dieu. Les neurosciences y contribuent.

Une des aspects passionnants de la recherche scientifique est que nous ne savons pas à l'avance ce que nous trouverons. Les croyances les plus chères peuvent être confirmées ou contestées. Cela peut être déconcertant quand une découverte scientifique remet en question nos convictions au sujet de notre propre nature - notre psychologie ou notre spiritualité. Quand nous entendons ou lisons des rapports d'une telle découverte, il convient de chercher un équilibre entre la prudence critique et l'ouverture.

La prudence critique est essentielle à la science. Dans mes premières années de recherches doctorales et postdoctorales, j'ai été désagréablement surpris de constater que j'étais naïf, acceptant trop facilement de nouveaux résultats et interprétations scientifiques sans suffisamment d'esprit critique. Chaque scientifique doit apprendre à penser de façon critique, à chercher à déceler des difficultés expérimentales et les ambiguïtés d'interprétation. Cette attitude n'est que rarement naturelle pour le jeune chercheur. Mais pour les scientifiques chevronnés, l'attitude critique devient instinctive. Un jour, après avoir assisté à une conférence neuroscientifique qui me semblait excellente, j'ai entendu un prix Nobel scientifique dire « Je n'y crois pas ! » Lorsqu'on lui a demandé pourquoi, il répondit : «Je ne crois pas à mes propres résultats, alors pourquoi devrais-je croire aux siens ?" Pris à la lettre, sa réponse était bien entendu illogique, mais il voulait dire qu'il devait réfléchir à la question, analyser les détails, et attendre la confirmation expérimentale d'un autre groupe de recherche avant d'accepter les nouveaux résultats. Les bons scientifiques sont très prudents quant à l'acceptation de nouvelles données.

Mais la prudence critique n'implique pas un esprit fermé. En tant que chrétien, je crois que l'adoration du Dieu de la vérité devrait me rendre ouvert à de nouvelles conclusions. Chaque affirmation scientifique concerne le monde créé par Dieu. Cela m'amène à la fois à être prudent quant à l'acceptation de revendications prématurées, mais aussi ouvert et même serein face au progrès scientifique. Au moment de la révolution scientifique, dans les 16ème et 17ème siècles, de nombreuses personnes craignaient que la nouvelle science expérimentale remette en question la foi traditionnelle. Mais les scientifiques de premier plan tels que Galilée ont fait valoir que l'Écriture et les découvertes scientifiques concernant la nature ne pourraient jamais se contredire, parce que Dieu est l'auteur des deux. Pour Galilée « l’Écriture Sacrée et la nature procèdent également du Verbe divin, celle-là comme dictée par l'Esprit Saint et celle-ci comme exécutrice très fidèle des ordres de Dieu. » (Galilée, Lettre à Christine de Lorraine, 1615) ». J'y crois aussi.

Auteurs
Peter CLARKE

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