Le mois d’août est bien entamé et Marceau va maintenant de mieux en mieux. Je me suis reposé un peu plus ces derniers temps. Bien entendu, nous allons rendre visite à notre fils chaque jour. Cette nuit a été très bonne et il a ressenti très peu de douleurs, 1-2/10.
Vous savez quoi ? Ce matin, pour la première fois, Marceau me dit qu’il a faim ! Il peut s’asseoir dans le fauteuil maintenant pour prendre son petit-déjeuner. C’est le premier que nous prenons en tête-à-tête. Normalement, je mange rapidement, mais en cet instant, je savoure chaque seconde. Mes yeux sont sur lui et ce que je ressens est impossible à exprimer. Il y a quelques jours, je n’aurais pas pensé vivre ce temps avec lui. Nous le savons, le petit-déjeuner de l’hôpital n’est pas terrible, mais celui-ci à une saveur d’exception. Le chirurgien passe à ce moment-là. Il nous dit que l’infection n’est plus là et que tout rentre rapidement dans l’ordre.
Une page se tourne enfin
Il insiste sur le fait que Marceau doit bien manger pour reprendre des forces et pouvoir envisager sortir de ce lieu. Son état s’est tellement amélioré ces derniers jours qu’on pourrait envisager un rapatriement dans les dix jours. C’est formidable de voir comment cela a basculé tout à coup. Il insiste aussi sur le fait que Marceau doit marcher pour éviter de reproduire une infection pulmonaire. Le fait de faire des efforts physiques fait davantage fonctionner les poumons et, par voie de conséquence, les sécrétions s’évacuent. Je me rends compte que, maintenant, notre rôle doit changer. Il va falloir le faire sortir de son lit. En insistant, nous partons marcher dans les couloirs. Le médecin aperçoit Marceau et lui dit : « Tu peux même aller dans le parc, à l’extérieur, ça te fera du bien. »
Mais Marceau n’a pas encore les forces ni le courage. Nous retournons à la chambre et nous jouons à de petits jeux de société. À cet instant, je réalise que je vis les plus beaux moments avec mon fils. Ma fille et mon épouse nous manquent pour vivre cela ensemble.
Mes collaborateurs en Belgique nous appellent pour nous informer qu’ils ont organisé les cultes pour tout le mois d’août. Ils nous déchargent ainsi de toute responsabilité. Quel privilège d’avoir ce soutien des membres de notre communauté dans ce domaine !
Ce soir, je resterai encore la nuit car Marie est très fatiguée. Il faut absolument que Marceau mange un peu. Il n’a croqué qu’une seule fois dans sa biscotte. Il me faut trouver une solution car il déprime. Je décide alors d’appeler le papa de son ami Mathéo. Les deux camarades sont très complices. Ils ont joué dans le même club de basket. Ils se sont entraînés tous les jours par vidéo pendant le confinement. Ils sont inséparables et sont dans la même classe (Sport étude - basket). Le papa de Mathéo et sa famille sont tellement éprouvés par ce qui s’est passé. Eux aussi nous soutiennent bien. Alors nous avons une idée. Comme Mathéo n’a plus le courage de faire du sport à cause de l’accident de son copain et que Marceau ne mange plus, nous décidons de provoquer un appel téléphonique entre les deux sportifs. Tous deux prennent le temps de discuter et se font alors une promesse : si Marceau mange bien, Mathéo reprendra son entraînement sportif.
Après l’appel, Marceau veut aller marcher dans le parc. Je sens qu’il retrouve un élan de motivation. En passant près de la machine à café, il me demande un sandwich. Je n’hésite pas. Nous allons le manger, assis sur un banc, à l’ombre, alors qu’il fait terriblement chaud. Je suis tellement heureux. Nous appelons la famille, prenons des photos… Marceau mange presque tout. C’est le genre d’instant qu’on ne veut pas voir passer trop rapidement. Marceau est fatigué. Nous remontons dans la chambre.
Un travail d’équipe
L’équipe de nuit arrive et deux chirurgiens, accompagnés d’une infirmière, viennent voir comment se porte notre garçon. Je me tiens entre les deux hommes devant Marceau. Sur les deux, il y a le médecin qui avait répondu « Amen, Amen ». Je leur parle des centaines de personnes qui ont prié dans le monde pour que leurs gestes soient conduits. Ils sont touchés par ces mots à tel point que l’infirmière qui rédige le rapport s’arrête et se sent émue de ce partage.
Marceau prend soin de les remercier, il parle de mieux en mieux et je sens que l’appel téléphonique avec son copain l’a débloqué....