Si tu guéris ma sœur je te donne ma vie

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Selon les dires de mes parents, il fait très chaud lorsque je nais le 26 juin 1976 à Mons en Belgique. Mon père a perdu son père très jeune, probablement à cause des ravages de l'alcool. De son côté, il ne faut pas parler de foi. Quant à ma mère, elle a eu une éducation chrétienne, mais à 17 ans, elle a quitté l'Église et a passé ses soirées dans les bars pour faire la fête ou oublier les douleurs de son père, lui aussi ancien alcoolique mais converti. C'est dans ce contexte qu'elle rencontre mon père et qu'elle tombe enceinte.

Une enfance difficile à situer Michael

Mon enfance est un mélange de bonheur et de drames. Les problèmes de dépendances de mes parents ne facilitent pas mon éducation. Je me souviens être allé à l'école les vêtements sales, souvent fatigué par le manque de sommeil et les violences conjugales qui animent la maison.
Parfois, je vais chez mes grands-parents maternels. Une vraie bouffée d'oxygène. Chez eux, je me sens en sécurité. J'ai à manger, un lit propre ; on prend soin de moi. Cet amour est animé par leur foi chrétienne. Je sais qu'ils prient pour moi.
L’école devient elle aussi mon refuge. J'y rencontre une professeure de religion protestante, membre de l’Armée du Salut dont les actions et les paroles ouvrent pour moi une nouvelle voie empreinte d’amour et de compassion.
À 8 ans, je surprends mon père en train d'embrasser sa maîtresse. Il m'explique que cette dame est ma vraie maman et qu'il m'en dira davantage quand je serai grand. Mais je ne le crois pas. Quand je le raconte à ma mère, il me traite de menteur et me culpabilise. C'est dur, mais mon père m'a appris à encaisser.

Un contexte de violences

Mes parents se séparent. Je vis alors avec ma mère et je ne veux plus voir mon père. Quand je le croise, je l'appelle par son prénom, je n'arrive plus à dire papa.
Ma mère tente de refaire sa vie mais, comme on dit chez nous, elle va d'un borgne à un aveugle. Les violences sont de plus en plus fortes. Un jour, ma mère se retrouve dans une mare de sang parce que son compagnon l'a blessée au couteau. J'ai prié ce soir-là en attendant les secours. Et voilà que j'entends une voix qui me dit : « Je poserai mes regards sur toi comme je l'ai fait pour Noé. » Étrange, mais je n'ai jamais oublié cet instant. Cet homme a tenté plusieurs fois de me tuer en fonçant sur moi avec sa voiture. Pour faire face, je fais le clown en classe.

La dégringolade

Je commence à fumer quand j'ai 10 ans. Je fume ensuite mon premier joint mais je n'accroche pas vraiment. Par contre, je bois. Je tiens alors mon petit commerce de boissons, de chips et d'alcool dans la cave.
J'ai 12 ans lorsqu'un nouveau compagnon de ma mère lui met des coups de poing au visage. Je deviens fou. Inspiré par le film Rambo II, je saisis l'arc à flèches laissé par mon père, déterminé à le tuer. La flèche part ! Je vise son cœur, mais je touche son épaule.

L'arrivée de Jessica

Deux ans plus tard, ma mère est enceinte de cet homme. J'ai 14 ans quand Jessica naît prématurément à la suite de coups de pieds dans le ventre de ma mère. Jessica ne pèse que 1,520 kg et est polyhandicapée, avec des difficultés à respirer, marcher et parler. Cette enfant fragile est pourtant devenue pour moi le signe tangible de la puissance de Dieu. Je vous explique.
Quelque temps plus tard, maman m'envoie dans une colonie de vacances en Alsace avec l'Armée du Salut. Je suis de retour le 2 janvier 1992. J'arrive à la maison à 17 h. Ma mère est chez la voisine. L'hôpital a appelé pour dire que Jessica vit ses derniers instants. Ma maman s'organise pour aller à Bruxelles avec son compagnon. Moi, je décide d'aller chez ma grand-mère en vélo pour lui demander de prier. Je me dis que Dieu l'entendra certainement puisqu'elle a tant de foi. Arrivée chez elle, elle me dit : « Michaël, c'est toi qui vas prier en premier. Dieu n'a rien à me prouver, mais à toi, oui. »

Dieu a exaucé ma demande

J'écris alors ma prière car je ne sais pas comment m'y prendre. Ma grand-mère me fait ajouter sur mon papier : « Seigneur, si tu guéris ma sœur, je te donne toute ma vie. » Que dire ? Alors que tout le monde attendait la fin de Jessica, ses poumons ont repris vie. Aujourd'hui, elle marche, certes avec difficulté, mais le miracle est là ! Elle entend, elle parle et rigole de tout cœur. En plus, elle aime le Seigneur. Je me souviens du docteur qui a dit à la famille : « Cet enfant est un miracle. » Ceci me travaille pendant des mois, mais je ne donne pas pour autant ma vie au Seigneur tout de suite.
Je continue à traîner avec des copains à faire des bêtises, voler des voitures, conduire sans permis, jusqu'à me faire arrêter par la police. À l'époque, j'admire les copains qui font des braquages et qui finissent en prison. Pour moi, eux, au moins, on les voit exister. D'autres camarades sont plus calmes. Cela m'apporte un certain équilibre.

Le vrai tournant

Un jour, je suis invité à écouter en visioconférence une prédication de Billy Graham, un pasteur américain. À la fin, j'ai l'impression qu'on lui a raconté ma vie. Il a ciblé précisément ce que je devais entendre du message de Dieu. Pour ne pas montrer que je pleure, je sors, je vole un vélo sur le côté de l'Église et je rentre chez moi. Cette histoire me travaille. Quelques jours après, sous la douche, je ressens un amour que je ne peux pas exprimer. J'ai aussi comme une vision dans laquelle je me vois tout petit au milieu de nulle part et j'entends encore cette voix qui me redit : « Je prends soin de toi comme je l'ai fait pour Noé. » Je repense à toutes mes bêtises, toutes les fois par exemple où je suis entré de nuit chez des personnes pour leur faire peur. J'ai fait tant de bêtises dans ma jeune vie pour évacuer mes peines. Je sens à ce moment-là, pour chaque chose à laquelle je pense, non seulement une page se tourner, mais aussi tout l'amour de Dieu qui guérit mon cœur de toute culpabilité. Je me sens totalement pardonné de tout. Je me souviens de cette image semblable à un tableau qui s'efface et devient transparent. C'est à cet instant que je me suis donné à Jésus, me rappelant de la prière faite avec ma grand-mère.

Changement radical

Mes amis commencent à m'appeler Jésus car j'ai beaucoup changé. Certains m'accompagnent aux réunions de jeunes de l'Église pour essayer de voir ce que cela fait. Un certain vendredi soir, je vais à la réunion, accompagné d'une trentaine de jeunes du quartier. Le responsable n'a pas oublié qu'ils y sont allés avec leur couteau de survie et leur joint. De mon côté, je commence à fréquenter régulièrement les réunions du dimanche. Ma chambre devient rapidement un espace d'études bibliques. Moi qui n'aimais pas lire, je suis devenu un passionné de la Bible. Lors d'un camp de jeunesse, quelques mois plus tard, je suis touché par l'appel à devenir serviteur de Dieu. Ce jour-là, j'ai dit oui au Seigneur dans les sanitaires de la villa où nous nous trouvions. Drôle d'endroit, n'est-ce pas ?

Désormais au service des laissés-pour-compte

Quelques mois plus tard, je rencontre Marie, celle qui deviendra mon épouse. Je dis souvent que notre histoire ressemble à celle de Disney « La belle et le clochard ». Je vous autorise à rire. Marie et sa famille m'ont beaucoup apporté, ils m'ont appris à me tenir, à parler, à écouter.
Aujourd'hui, Marie et moi avons deux beaux enfants qui cheminent dans la foi. Nous sommes tous deux officiers de l'Armée du Salut* et nous contribuons à la mission de Christ en apportant de l'amour et de la joie aux personnes qui en ont besoin.
Il y aurait tellement de choses à raconter. Ce qu'il faut retenir de cette histoire, c'est que Dieu est capable d'ouvrir des portes que personne ne peut fermer. Pour ma vie, il a ouvert la porte de la joie, de la grâce et de la vie en abondance. Qu'il soit béni.

Auteurs
Michaël DRUART

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Pour aller plus loin
*L'Armée du Salut, mouvement international, fait partie de l'ensemble des Églises chrétiennes. Son message se fonde sur la Bible. Son ministère est inspiré par l'amour de Dieu. Sa mission est d'annoncer l'Évangile de Jésus-Christ et de soulager, en son nom, sans discrimination, les détresses humaines.


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