Je connais celui qui tient mon destin

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Je connais celui qui tient mon destin

Je suis née en 1992, à Singapour, où j'ai grandi dans une famille dont les membres faisaient profession d’être bouddhistes… de nom. C’était le cas de mes parents, de mon petit frère mais aussi de mes grands-parents, de mes oncles et tantes, de mes cousins et cousines et de moi-même. Par contre, au-delà de ce cercle restreint, ma famille était catholique.

Une exception, cependant, dans ma « famille proche » : une tante chrétienne qui se déclarait évangélique. Un jour, j’avais alors trois ou quatre ans, sans que je sois vraiment consciente de ce qui se passait, elle m'a expliqué l'Évangile à partir d'un prospectus et m'a ensuite demandé de répéter après elle une prière où l’on reconnaît ses fautes et où l’on demande à Dieu son pardon. J'ai écouté, j’ai prié... Plus tard, lorsque je me suis rendue compte de la pression qu’elle avait exercée sur moi, j'étais assez contrariée. À cette époque, je n’avais qu’une seule identité, celle que le bouddhisme avait forgée en moi. Jamais je n’aurais pu la renier.

Il y avait de la littérature bouddhiste chez mes parents, mais elle était assez légère et peu sérieuse. Je me souviens, entre autres, d’un petit livret sur la Loi de cause à effet telle que les bouddhistes l’envisagent (loi du karma) pour expliquer les réincarnations.

Nous avions également une grande Bible d'étude en anglais. Mon père avait passé un peu de temps à l’étudier. Il m’arrivait aussi de l’ouvrir, je la feuilletais ou y lisais un passage qui avait attiré mon attention. Lorsque je ne comprenais pas quelque chose, j’en discutais le plus souvent avec mon père. Mais, à cause de notre méconnaissance de la Bible, nos discussions n’étaient vraiment pas profondes ; je n’en garde pas un souvenir marquant.

Nous avions l'habitude d'aller dans les temples bouddhistes lors des jours de fête sino-bouddhistes et de prier les bouddhas et bodhisattvas pour qu'ils nous donnent ce dont nous avions besoin. C’était là l’essentiel de notre pratique du bouddhisme. Un jour de fête, dans les années 2000/2002, je me revois agenouillée devant les idoles, en train de les prier, quand cette phrase m'est venue à l'esprit : « This doesn't make any sense » (en français : « ceci n'a aucun sens »).

Suite à cela, j'ai relu le petit livret Loi de cause à effet. Intuitivement, je savais qu’il n’y avait pas de logique dans les affirmations de ce livre. 

En voici un exemple :

Question : « Pour quelle raison avez-vous aujourd’hui une forte odeur corporelle ? »

Réponse : « Parce que vous avez vendu de l'encens de façon malhonnête dans une vie antérieure ».

Profondément dégoûtée par ce que je lisais, j'ai décidé de renoncer au bouddhisme.

Je ne me souviens plus de la réaction de mes parents, mais celle de mon frère a été forte : « Tu ne peux pas renoncer au bouddhisme, ma sœur ! Tu es née bouddhiste et tu le resteras ! ». Il a commencé par me le dire gentiment, puis en m'implorant et finalement en insistant, au point de crier... À chaque fois, je lui ai dit « non ».

Toutefois, ce n'est pas à cette époque que j’ai découvert Jésus-Christ ou plutôt qu’il s’est fait connaître à moi. Je n’ai pas tout de suite perçu qu’il me parlait. Il me parlait néanmoins, parfois par les paroles de chants que je chantais dans la chorale de l’école, parfois au travers d’invitations de mes amies et connaissances à venir à l’église.

Ma conversion a emprunté un chemin surprenant. Un an auparavant, au printemps 2007, une amie chrétienne du collège, Priscia, venait de perdre son appareil photo. Elle voulait s’adresser à Dieu pour le retrouver. Elle m’a alors invitée à prier avec elle. Qu’elle ne fut pas ma surprise, et peut-être aussi mon malaise. Je ne croyais pas en Dieu et on me demandait de m’adresser à lui. J’essayais toutefois de bien disposer mon cœur. Nous avons prié… et nous avons retrouvé l’appareil avant de rentrer chez nous. Cela a été un jalon dans mon parcours personnel. Je me suis alors dit que si nous avions pu retrouver l’appareil de mon amie suite à cette prière, alors pourquoi ne pourrais-je pas prier Dieu aussi pour ce qui me tenait le plus à cœur ?

C’est ainsi qu’au printemps 2008, je me suis mise à prier Dieu pour mes résultats scolaires, pour qu’il m’aide à obtenir de bonnes notes au collège et rester ainsi avec mes amies. J’admets que ma motivation n’était sans doute pas la meilleure, mais Dieu a tout de même répondu. Il faut ajouter que je lui avais aussi demandé de m’aider à le connaître. 

J’ai commencé à lire la Bible, d’abord la Genèse et ensuite les Évangiles. Je demandais à Dieu si telle ou telle interprétation était bonne ou non. C’étaient les meilleurs moments que j’avais eus depuis longtemps. Je savais que Dieu était là et qu'il voulait être mon ami, même s’il ne m’a pas toujours donné les bonnes notes que j’espérais. Aujourd’hui, j’ai l’impression que Dieu voulait me dire que ma vraie valeur se trouvait en lui et non dans mes résultats scolaires.

Je savais que les chrétiens priaient, lisaient la Bible et se retrouvaient pour des célébrations communes. J’ai donc rejoint une assemblée chrétienne. J’avais été invitée, cinq ans auparavant, par Jane, une ancienne amie d’école primaire à un moment où je m’étais retrouvée tout particulièrement seule. Je me suis fait baptiser à Pâques 2011 pour témoigner de ma foi en Jésus-Christ. Cette nouvelle a été accueillie assez paisiblement par ma famille. Mon père, qui s’était davantage engagé dans le bouddhisme m’a fait une seule remarque : « reste toujours tolérante à l’égard des autres ».

Je me suis ensuite inscrite à l’université à Lyon en Sciences du langage.  

Aujourd’hui, si je m’efforce de suivre Jésus-Christ, c'est parce que je sais qu'il m'aime. Il m’écoute quand je prie, ce qui fait toute la différence par rapport aux idoles de mon enfance. Je me rends compte que dans sa souveraineté, il m’a préservée des pires aspects de l’influence de nos médias modernes et délivrée aussi de certaines dépendances. Il renouvelle mon regard sur les incidents du passé. Plus encore, il m’accompagne chaque jour, même quand je ne pense pas à lui. Il me rappelle les mots exacts de la Bible ou les pensées qu’elle m’a inspirées sous forme paraphrasée, dans les chants, par exemple. À chaque fois que je suis troublée et que je crie à Lui, il me donne sa paix. Il me révèle des choses de lui-même qui me poussent à le louer. Dans mes luttes, quand parfois je doute qu’il m’accepte telle que je suis ou bien quand je fais face à des difficultés trop grandes pour moi, je sais que j’ai des frères et sœurs en Christ vers qui je peux me tourner. Ils me donnent des conseils et m’encouragent. Certains, plus qualifiés, m’accordent une aide plus spécifique pour avancer malgré les difficultés de la vie.

Même s’il m’arrive de me sentir seule à certains moments, je ne le suis pas vraiment et je ne le serai plus jamais grâce au regard de Dieu sur ma vie. Maintenant, je l’affirme et je le réaffirmerai toujours, comme j’en ai témoigné un jour devant mes camarades de lycée : « Je connais celui qui tient mon destin et il me tient la main ». Il m’aimait avant même que je ne sois née, d’un amour qui dépasse infiniment tout amour humain que je pourrais expérimenter ou même imaginer. Dieu, selon sa décision éternelle, m’a adoptée comme son enfant et cela me paraît infiniment préférable à l’extinction de la personne (dans le nirvana) proposée dans le bouddhisme.

Si le bouddhisme nous propose d’échapper à ce monde et à ses souffrances, Christ, lui, a vaincu le péché, le mal et la mort. Maintenant je peux faire face à la futilité rencontrée parfois dans ce monde ainsi qu’aux souffrances qu’entraînent le péché, le mal et la mort. J’ai l’espérance qu’un jour, ces maux vaincus à la croix disparaîtront définitivement. 

Si je comprends bien le bouddhisme, Siddhârta Gautama ou Bouddha, ont cherché le moyen d’éviter les souffrances. Dans le bouddhisme, celles-ci sont associées à un mauvais karma ou à une mauvaise perception de la vie. Pour ma part, j’ai observé que la souffrance atteint aussi ceux qui n’ont pas commis le mal de manière particulière. Les souffrances attestent d’un mal-être dans ce monde et en cela, elles gardent leur sens. Tout comme nos nerfs nous signalent quelque chose de trop chaud et qui peut nous brûler, la souffrance renvoie vers l’origine du mal dans le monde. Le bouddhisme veut abolir la souffrance, mais il y a encore plus grave que la souffrance : ce mal qui gangrène notre monde et que Jésus est venu vaincre. En outre, dans la perspective bouddhiste, le monde est perçu comme illusoire, trompeur et sans commencement. Je crois, pour ma part, et avec bien des scientifiques, qu’il est réel et qu’il a une origine. 

Auteurs
Pénélope WEE

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