Luc Olekhnovitch - pasteur. Il a présidé pendant 20 ans la Commission d’Éthique Protestante Évangélique et a notamment dirigé l'ouvrage « Bioéthique et fin de vie » qui présente, à partir de situations réelles, une réflexion à hauteur humaine et chrétienne sur des questions difficiles de notre temps.
Les témoignages collectés dans ce dossier donnent, sans nier ses difficultés, une image étonnamment positive, voire joyeuse de la vieillesse, y compris dans le grand âge. Oui, il y a une bonne nouvelle d’une vieillesse encore féconde en relations, où la personne, même dépendante, peut donner et recevoir de la joie que prennent ses aidants dans leur travail. Cependant, cette fécondité et cette joie ne sont possibles qu’en acceptant les pertes liées à l’âge pour la personne elle-même et ses proches. Il est possible d’accueillir ces pertes comme une taille qui nous oblige à faire le tri dans notre vie et nous amène à nous recentrer sur l’essentiel. À partir de là, il y a la possibilité d’une vie nouvelle avec de nouvelles joies. Cela me rappelle mon olivier en pot envahi par un champignon (le noir de l’olivier), auquel j’ai dû faire une taille sévère. Je me suis demandé si la vie repartirait - eh bien oui, l’olivier a reverdi et fait de nouvelles pousses !
Pourquoi ce regard social souvent négatif sur la vieillesse ?
Alors que, dans les sociétés anciennes et traditionnelles, la personne âgée était considérée avec respect, aujourd’hui, dans nos sociétés occidentales, elle est bien souvent vue comme un poids et un coût. Il faut dire que, dans les siècles passés, la mortalité était importante et la personne âgée rare. Atteindre un grand âge était donc considéré comme un signe de la bénédiction divine. L’élévation de la qualité de vie et les progrès de la médecine font qu’en Occident nous vieillissons plus longtemps et en bonne santé.
En France, suivant le site sante.gouv (chiffres pour 2021) : « La majorité des personnes âgées vieillissent dans de bonnes conditions d’autonomie. Seuls 8 % des plus de 60 ans et 20 % des plus de 85 ans (1 personne sur 5) sont dépendants. L’âge moyen de perte d’autonomie est de 83 ans. »
Il conclut en soulignant l’apport positif des personnes âgées : « Les âgés sont plus de 5 millions à être investis dans le milieu associatif. Ils sont aussi un fervent soutien de la solidarité familiale(1). » La vieillesse est donc aujourd’hui un temps de vie supplémentaire qui peut être investi fructueusement dans les relations sociales et familiales.
Alors, pourquoi ce regard négatif ? Pourquoi cette crainte de l’avenir ? Il y a certes des enjeux sociaux et financiers avec l’accroissement des dépenses de santé, mais une autre approche de santé publique plus humaine et pas forcément plus coûteuse est possible. C’est ce que défend le Comité consultatif national d’éthique dans un avis invitant les pouvoirs publics à sortir d’une politique de mise à l’écart dans des institutions des personnes âgées dépendantes, à revaloriser les métiers du soin et à donner aux familles et aux soignants les moyens de prendre le temps de la concertation et de la réflexion pour trouver des solutions personnalisées et plus éthiques, respectueuses de la dignité des personnes(2).
Mais le regard social qui marginalise les personnes âgées et les voit uniquement comme un coût, ne révèle-t-il pas d’abord un manque d’amour pour ces personnes ?
Que vaut ma vie ? Suis-je digne d’être aimé ?
La lecture de ce dossier fait du bien à l’heure où l’on sent une culpabilisation sociale des vieux. J’ai par exemple ...