Les malades sont des êtres humains

Complet Dieu et mon travail
Un professeur de médecine témoigne. Gisèle interviewe Philippe Casassus.

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Les malades sont des êtres humains

Vous étiez « PUPH ». Que se cache-t-il sous ce sigle ?

« C’est simple, avant de prendre ma retraite, j’étais Professeur d’Université et Praticien Hospitalier. J’exerçais pour partie en hôpital (ma spécialité est l’hématologie) et de l’autre, j’enseignais en faculté de médecine et formais les étudiants au concept thérapeutique.
J’ai toujours considéré que le rôle du médecin s’appuie sur deux piliers : la science (être à jour de ses connaissances) et l’humanisme (la relation avec le malade). »

Comment conciliez-vous ces deux notions ?

« Quand un malade arrivait dans mon box, je lui faisais d’abord ressentir qu’il était primordial pour moi. Si je devais annoncer une maladie grave, j’usais de précautions et il m’arrivait de me tourner moi-même vers l’Évangile pour savoir que faire dans ce cas-là.
En réunion hebdomadaire de décision thérapeutique, je n’appréciais pas, par exemple, que des collègues s’appuient uniquement sur l’argumentation purement médicale pour faire entrer le malade dans un protocole d’essai thérapeutique, alors qu’ils restaient indifférents à ses choix, à sa spécificité, à son caractère humain. »

Et parmi vos expériences douloureuses ?

« Dans mon service, nous faisons face à des maladies graves, souvent mortelles et c’est douloureux pour nous aussi. Il s’est ajouté parfois un sentiment d’ingratitude quand l’équipe s’est battue pour quelqu’un d’incurable, qui au bout d’un an, a fini par décéder et que la famille nous a accusés de l’avoir laissé mourir !
D’autre fois, on m’a reproché de n’avoir rien dit. Mais la famille était dans une telle sidération qu’elle n’a pas entendu la gravité que je lui annonçais. »

Que souhaitiez-vous transmettre aux étudiants ?

« Pour les cours ‘’Annonce d’une maladie grave’’, j’utilisais le jeu de rôle pour les aider à se mettre dans la peau du malade et du médecin. Je faisais aussi allusion à la spiritualité du malade et j’annonçais en passant ce à quoi je crois. »

Une expérience qui a illuminé votre carrière ?

« Une jeune fille de 20 ans, atteinte de la maladie d’Hodgkin, au stade 4. Le traitement d’alors l’a guérie mais la laissait dans un état de ménopause. Cinq ans plus tard, les menstruations sont revenues et elle a pu avoir un enfant. Toute la famille a débarqué pour venir me présenter le beau bébé ! »


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