Les héroïnes de la foi

On parle de plus en plus aujourd’hui des violences faites aux femmes. La Bible n’est pas en reste, mentionnant des femmes prises au piège des mœurs de leur temps, victimes impuissantes de la volonté des hommes : telle l’histoire tragique de Dina, violée par Sichem ; la fille de Jephté, condamnée à une mort injuste par le fait d’un vœu irréfléchi de son père ; ou Bath-Shéba, victime de la convoitise adultère du roi David. Et puis, il y a aussi des femmes qui font face à une autre forme de violence, celle de la stérilité, véritable malédiction dans une société où être femme signifie être mère. Par leurs servantes, mères-porteuses de l’époque malgré elles, plusieurs cherchent à s’assurer une descendance. Ce sont de longues périodes de vie douloureuses pour ces femmes. Certaines néanmoins voient leurs prières exaucées par Dieu et peuvent enfin concevoir : Sarah, Rébecca, Rachel, Anne, Élisabeth.

Dans un monde patriarcal où les hommes seuls sont héritiers, cinq sœurs qui n'avaient pas de frère, bousculent les us et coutumes de leur époque après le décès de leur père. En faisant valoir leurs droits à leur héritage auprès de Moïse, celui-ci leur donne raison après s’en être référé à Dieu. Ce même Moïse doit d'ailleurs la vie à sa mère Jokébed et sa sœur Myriam, qui le cachent d’une manière ingénieuse pour le sauver. Grâce à leur courage, il a non seulement échappé à la mort, mais il est devenuun des personnages les plus importants de la Bible.

Dans un autre registre, Yehoshèva parvient à sauver son neveu Joas du massacre de leur famille royale et à le cacher jusqu'au moment opportun où il peut être consacré roi.

La Bible met aussi en avant la foi et le courage de Rahab, sans cacher qu’elle est prostituée. Grâce à son action, elle devient un maillon indispensable dans le plan de Dieu pour son peuple.

Certaines femmes jouent un rôle important dans l’histoire biblique. Outre la prophétesse Myriam, sœur de Moïse, qui entraîne le peuple dans la louange, il faut aussi citer la prophétesse Houlda par laquelle le roi consulte Dieu dans une période très critique. La plus connue de ces femmes de la Bible en position de leadership est certainement la prophétesse Déborah : juge reconnue par le peuple hébreu, devenue cheffe des armées suite à la démission du général Barak. Spectaculaire est aussi l'action de Yaël, qui vient à bout, par la ruse, du chef des armées adverses. La belle Esther, elle, devenue reine et leader malgré elle, accepte de risquer sa vie pour sauver son peuple.

Bien qu’il n’y ait pas eu de femmes au nombre des douze disciples de Jésus, ce dernier est pourtant révolutionnaire pour son époque en permettant que des femmes l’accompagnent, les plaçant ainsi sur un pied d'égalité avec les hommes.

Au cours de ses rencontres, il déploie sa compassion pour toutes les femmes, sans distinction, qu’elles soient victimes d'injustice ou d'abus, méprisées, adultères, étrangères, pauvres, malades, ou bien insérées dans la société.

Après l’avoir restaurée spirituellement, il fait d’une étrangère, au lourd passé, une messagère de la Bonne Nouvelle du salut.

On voit aussi Jésus s’attarder chez ses amies Marthe et Marie. Il valorise l’attitude de Marie qui est avide de ses paroles, montrant ainsi que la femme est en mesure de recevoir son enseignement.

Certaines de ces femmes restent fidèlement à ses côtés jusqu’à sa mort sur la croix. Premières à le voir ressuscité, elles sont envoyées par lui pour témoigner de sa résurrection.

Au jour de la Pentecôte, s'accomplit ce qu'avait annoncé le prophète Joël : les fils et les filles du peuple de Dieu se mettent à prophétiser. C’est ainsi que dès les premiers jours de l’Église, des femmes sont citées comme étant prophétesses, disciples, diacres, implanteuses d’églises, apôtres, et collaboratrices, notamment de l’apôtre Paul.

On voit donc que, par le ministère terrestre de Jésus, sa mort et sa résurrection, le plan originel de Dieu est restauré : « Il n'y a plus ni Juif ni non-Juif, il n'y a plus ni esclave ni libre, il n'y a plus ni homme ni femme, car vous êtes tous un en Jésus-Christ. » De cette restauration découle une réciprocité dans le couple chrétien. L’homme et la femme s’y retrouvent en vis-à-vis, d’égal à égal, tous deux appelés à se soumettre l'un à l'autre.

Tout au long de son ministère, Jésus et, par la suite, ses apôtres, réhabilitent donc les femmes, et leur redonnent leur juste valeur, faisant d’elles des disciples, et les équipant pour transmettre les enseignements et le message d'amour de l’Évangile.

Dieu choisit des femmes de foi dont il se sert pour son œuvre : rôle visible pour certaines ou femmes de foi de l'ombre pour d’autres, elles ont toutes leur importance dans l'accomplissement du dessein de Dieu. Souvent victimes des traditions de leur temps et du pouvoir des hommes, elles peuvent être, malgré tout, utilisées par Dieu et placées en position de leadership, apportant par là-même un changement salvateur pour leur entourage.

De même que le peuple hébreu a reconnu l'appel de Dieu sur la vie et le ministère de Déborah, le peuple du 21e siècle est appelé à reconnaître et écouter les « Déborah » d'aujourd'hui.