En France, l’enfermement comme sanction pénale a une longue histoire, mais ses conditions d’application continuent d’évoluer. Malgré des progrès, la surpopulation carcérale demeure une réalité préoccupante. Les établissements pénitentiaires, souvent saturés, peinent à offrir un cadre de vie décent, ce qui compromet la dignité humaine des détenus.
Cette situation limite l’accès aux soins, aux activités éducatives et aux programmes de réhabilitation, rendant la réinsertion plus complexe. La promiscuité et le manque de moyens aggravent les tensions et accentuent les effets négatifs de la privation de liberté.
Yvon Leray, Président de la CEDEF
Jusqu’au 18e siècle, les prisons étaient tristement célèbres pour leurs conditions de détention inhumaines. C’était des lieux surpeuplés et insalubres. On y enfermait les fous, les pauvres et les endettés. Il s’agissait de punir les coupables.
Toutefois, plusieurs grandes figures du mouvement humaniste vont accorder de l’importance au bien-être des prisonniers et contribuer à changer leur vie.
• John Howard (1726-1790) publie L’état des prisons (1779). Ses enquêtes vont jouer un rôle déterminant dans l’adoption de lois pénitentiaires dans toute l’Europe.
En France, la Révolution abolit les supplices de l’Ancien Régime (1791), mais la moralisation des détenus reste un échec. Vers 1850, le portrait type du prisonnier reste toujours celui d'un homme pauvre et illettré condamné pour de petits délits, comme le Jean Valjean dépeint par Victor Hugo dans Les Misérables.
• Elizabeth Fry (1780-1845), en Angleterre, s’alarme du sort des femmes et des enfants emprisonnés. Ses observations conduisent à l’accès à l’éducation, à la promotion du travail productif et à l’abandon de l’isolement strict. Elle demande : « de la lumière, de l’air, le privilège d’apercevoir autre chose que les murs monotones d’une cellule ». Son combat sera poursuivi par Mathilda Wrede (1864-1928), pionnière de la réinsertion.
À la fin du 19e siècle, la IIIe République envoie en Guyane les détenus marginaux et jugés irrécupérables.
• Charles Péan (1901–1991) qui dirige l’Armée du Salut en Guyane dans les années 1930, s’y oppose, à la suite du journaliste Albert Londres. Il estime que la peine n’empêche pas les crimes et ne transforme pas les individus. Mais il faut attendre l’après-guerre pour que les derniers relégués quittent enfin la Guyane.
Au 20e siècle, les tentatives de réforme – comme la création du juge d’application des peines – sont stoppées par la guerre d’Algérie. Dans les années 1970, les grandes révoltes de détenus amènent à plus de réalisme. La France est lanterne rouge en Europe pour le taux d’incarcération et la durée de la détention préventive.

Aujourd’hui encore, la précarité des établissements, la surpopulation et les conditions de vie des détenus nécessitent une grande réforme. Elle est malheureusement remise en question régulièrement par des choix politiques à court terme et le « tout sécuritaire ».
L’histoire de l’enfermement reste donc inachevée et on peut encore rêver d’une politique pénitentiaire respectueuse de la dignité des hommes avec une gestion qui serait la meilleure possible.