La promesse de s’aimer « jusqu’à ce que la mort nous sépare » est certainement la parole la plus folle que puisse prononcer un couple le jour de son mariage. Ceux et celles qui osent s’engager aussi solennellement le font souvent avec une grande sincérité et un réel désir d’absolu. Puis les années passent avec leurs lots de joies et de peines, de bonheurs et de désenchantements, de rêves et de renoncements. Les réalités de la vie, le quotidien avec ses contraintes... laissent finalement de nombreux couples sur le carreau.
La question pourtant demeure : peut-on aimer une même personne sans être gagné par l’usure des années et l’effilochement des sentiments ? Voici des idées simples pour lutter contre les « maladies de l’amour » et résister à la morosité ambiante. En effet, chaque jour, des couples sont la démonstration vivante que cet amour durable est possible.
Accepter les différences
Pour beaucoup, aimer signifie seulement éprouver des sentiments. Ceux-ci sont évidemment importants, mais ils ne suffisent pas. Aimer, c’est d’abord accepter l’autre tel qu’il est et non pas tel qu’on voudrait qu’il soit. L’amour renonce au désir de posséder l’autre, il reconnaît sa spécificité sans chercher à la gommer ou à le neutraliser. Aimer, c’est accepter les différences de l’autre et s’en réjouir. Ceci est très important quand on sait que la tentation majeure dans une relation d’amour est de transformer l’autre à son image. Dans l’amour passion par exemple, on finit par confondre son partenaire avec le personnage magnifique et « sur mesure » que l’on crée de toutes pièces dans son imagination. Ce n’est pas un vis-à-vis que l’on aime, mais un autre soi-même. Et on cesse d’aimer quand on n’a plus assez d’imagination pour projeter ses rêves en l’autre.
Un amoureux, ça sert...
Cela vous choque-t-il de parler de l’amour sous l’angle utilitaire ? Ne risque-t-on pas de perdre en spontanéité, en poésie et en charme ? Je dois dire que la lecture de la Bible a profondément changé ma façon de voir. Ses premières pages affirment en effet que le mariage commence par une rupture avec les solidarités anciennes : « L’homme quittera son père et sa mère. » Cela ne signifie pas seulement quitter le domicile familial, décider d’emporter quelques affaires et d’en laisser d’autres. Cela veut dire également quitter l’espace psychique de l’enfance, faire le tri entre ce que l’on conserve de la transmission familiale, quitte à le transformer, et ce qu’on abandonne... Oui, un amoureux ou une amoureuse sert à se séparer de ses parents. Le couple est, consciemment ou pas, un processus de séparation d’avec ses parents qui permet à chacun de définir qui il est. Pour cela, j’ai besoin d’un « facilitateur » – un amoureux adulte – qui va m’aider à grandir sans regretter l’enfance et son immaturité. Choisir d’aimer de manière adulte est l’une des forces des couples durables. Ils ont compris que leurs relations ne peuvent pas être sur le mode « enfant-immature », « enfant- gâté » ou « enfant-tyran ».
Communiquer
Même si l’environnement social est très différent selon que l’on est en Afrique, en Asie, en Europe ou ailleurs, la communication au sein du couple sera toujours le gage d’une vie conjugale épanouie. Partout, les couples qui durent ont compris que l’amour vrai est étroitement lié à une bonne communication entre les conjoints. Il y a tant à dire sur la communication.
Il faut donc encourager les couples à se parler, à ne rien laisser tomber dans l’oubli ou les cris muets. C’est un véritable travail. Plus nous tardons à écouter et à dire ce que nous ressentons, plus les messages s’embrouillent et plus nous souffrons. Soyons conscients qu’en restant sourds aux mots de nos émotions, nous aggravons les maux de notre esprit.
L’intimité sexuelle : une fête !
Le Cantique des cantiques dit très clairement que la sexualité est un ciment du couple. C’est parce que l’intimité sexuelle entre un homme et une femme est un don de Dieu que ces dialogues amoureux imprégnés d’érotisme et de spontanéité ont leur place dans la Bible. La Bible n’a pas honte de parler des émotions et des sentiments d’un couple, de sa tendresse et de ses désirs...
Faire la fête, c’est accepter la fantaisie et ouvrir les portes à l’imagination. On oublie l’ordre, la loi, l’économie... Il n’y a pas de scandale, ni de honte car tout peut arriver quand on s’aime, y compris d’échapper un court moment à la réalité pour courir dans les champs de l’imaginaire. Quand on fait la fête, il faut être prêt à briser la somnolence et à surmonter la fatigue pour aller à la rencontre de l’autre dans le dévoilement de la nudité, l’émotion et le sourire, la spontanéité des gestes. Une telle fête se prépare et s’improvise tout à la fois. L’acte sexuel devient alors une ode à la vie, à la fois intense et dynamique, un temps fort de la vie commune, une union de deux présences : tout l’art consiste à ne pas lui laisser perdre ce caractère d’élan et de liberté.
Tous les observateurs du couple pourront compléter ces principes. Ils ne font pas des couples parfaits, mais permettent de faire durer l’amour, ce qui est loin d’être négligeable.