Lorsque j’ai pris mon poste de directrice d’IME (Institut Médico-Éducatif) qui accueille des enfants déficients intellectuels, j’ai réalisé un diagnostic sur l’établissement. J’ai rencontré des parents pour les écouter et recueillir leurs idées pour améliorer l’accompagnement proposé à leurs enfants.
L’état des lieux
Ce qui est vite apparu, c’était le manque de formation des professionnels et des parents autour de l’autisme, alors que l’IME en accueillait quelques-uns. En réalisant une enquête sur le territoire, j’ai réalisé que plusieurs enfants avec TSA restaient chez eux sans solution.
Il est déjà compliqué de devenir parent. Lorsque son bébé se comporte différemment des autres, se cabre lorsqu’on veut lui faire un câlin, refuse de manger des aliments de couleur rouge, verte ou jaune, refuse de parler… et sans diagnostic, les parents se retrouvent complètement démunis.
Pour répondre à ce besoin, nous avons lancé un chantier de trois ans avec l’objectif d’ouvrir un accueil spécifique pour ces enfants. Nous avons monté le projet en rencontrant différents spécialistes des troubles autistiques, visitant des établissements spécialisés et en échangeant avec le conseil d’administration de l’association qui gérait l’IME.
Une offre de formation
La meilleure décision que nous avons prise a été de proposer des formations gratuites sur les troubles du spectre autistique à toutes les personnes qui travaillaient dans l’établissement (du personnel de nettoyage au personnel administratif en passant par les éducateurs et les chauffeurs…). Nous avons aussi ouvert ces formations aux parents, concernés ou pas par les troubles du spectre autistique, que leur enfant soit accueilli dans notre IME ou pas. Nous avons également proposé ces formations aux professionnels des autres structures médico-sociales du territoire ! Ouvrir ces formations à tout le monde était très important pour nous.
Travailler ensemble
À l’intérieur de l’établissement, il fallait que tous les salariés comprennent ce qu’était l’autisme et ce qu’il ne fallait pas faire… Intégrer les parents était nécessaire : ils sont au quotidien avec leur enfant et ont développé une expertise de comment vivre avec lui. Cela nous a permis de mieux travailler ensemble pour le mieux-être des enfants. Enfin, avec les autres professionnels, nous avons pu tisser des liens et des échanges d’expériences, mieux nous connaître et améliorer la prise en charge globale des enfants accueillis à l’IME.
Il nous aura fallu trois ans pour tout faire, y compris adapter une partie des locaux aux besoins des enfants. Nous avons accueilli quatre nouveaux enfants avec des TSA en plus des deux déjà présents. Un projet réussi pour toute notre équipe et un espoir de mieux-vivre pour les enfants accueillis.