Au nez et à la barbe des soldats féroces…

Extrait La prédication

Comment (ne pas) rater le miracle de Pâques ?

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Au nez et à la barbe des soldats féroces…

Comment le message est né !

Apporter un message lors d’une fête chrétienne est à la fois facile – le sujet se présente sans avoir à le chercher – et difficile – justement, tous connaissent déjà le sujet. Tout prédicateur est face au défi de présenter un thème connu d’avance, tout en gardant une mesure de suspense. Il me semble que l’approche narrative est la plus prometteuse en la matière. Cela veut dire que je me situe, moi, dans le récit, et que j’essaie de vivre l’histoire relatée, avec mes questions, mes émotions, mes observations, mes préoccupations. Une telle lecture suscite de l’imagination, permettant de redire l’histoire d’une manière nouvelle, en sorte qu’elle soit personnalisée, actualisée. 

Si cette imagination permet de jeter un pont entre l’histoire et l’auditoire, elle nécessite une certaine discipline, afin de ne pas se laisser aller à des fantaisies, ni de prêter le flanc à des interprétations sans bien-fondé dans le texte.

La prédication suivante est le fruit d’une lecture narrative d’une histoire trop bien connue, dans laquelle je me suis attardé sur un détail souvent passé sous silence : les gardes romains étaient là quand le Seigneur est sorti du tombeau, mais ce miracle leur a complètement échappé. Quand je me suis imaginé à leur place, je me suis posé la question : « Comment ça ? Pourquoi n’ont-ils rien vu ? » À ce moment-là, l’idée d’un message est née.

Je devais préparer un message pour le culte de Pâques. Je savais que toutes les générations de notre modeste communauté seraient réunies, et pendant la prédication également. Il fallait donc s’adresser à tous les âges. Pas facile ! Mais la Bible ne nous rend pas la tâche trop compliquée, puisqu’elle nous présente les vérités les plus profondes, que l’on n’aura jamais fini de sonder et d’expliquer dans des ouvrages savants, sous forme d’histoires vraies, que tout le monde peut comprendre, et dans lesquelles chacun trouvera un personnage avec qui s’identifier. Soldats romains, femmes perturbées, incrédules, disciples… allons les rejoindre, le temps d’une prédication de Pâques.

Lecture

Matthieu 27.62-28.10, Ésaïe 25.7-9.

Prédication

Ce matin de Pâques, je ne veux rien dire de mal ni des veilleurs de nuit, ni des agents de sécurité, ni des policiers. Leur métier est honorable. Sécuriser les personnes à risque, protéger les biens précieux, c’est tout à fait nécessaire, dans un monde où l’avidité et la violence ont libre cours.

Dans l’Évangile de Pâques, il est également question de quelques veilleurs de nuit, une garde romaine. Mais il faut bien reconnaître qu’ils sont les plus malheureux dans toute l’histoire de Pâques.

Ils n’ont rien vu

Les pauvres, ils n’ont rien vu. Et pourtant, ils étaient des professionnels, formés à repérer tout ce qui est suspect, tout ce qui présente un danger. Des soldats sans scrupule, des gaillards prêts à tuer sur le coup toute personne qui n’avait rien à faire dans le jardin du tombeau. 

Mais ils n’ont rien vu.

Le corps qu’ils avaient l’ordre de protéger contre toute tentative de vol, est sorti du tombeau, au nez et à la barbe des féroces soldats. 

Ils ne se sont aperçus de rien.

Et pourtant, ils ne se sont pas endormis. Au contraire, ils ont bien fait attention, ayant les yeux rivés sur la pierre devant le tombeau. Tant qu’elle ne bougeait pas, tout était tranquille, se disaient-ils – le crucifié dans sa tombe d’un côté, et tout Jérusalem de l’autre côté. Mais alors qu’ils pensaient que tout était tranquille, le plus grand exploit dans l’histoire de l’humanité se produisait sous leurs yeux, la plus grande victoire jamais remportée, à quelques mètres seulement de leur poste. Et ils n’ont rien vu, les pauvres !

Pourquoi étaient-ils là ?

Parce que les chefs religieux du peuple juif croyaient vraiment que ce Jésus, qu’ils avaient fait crucifier par les Romains, pourrait bien se réveiller après trois jours. Jésus l’avait fait comprendre de son vivant. Après trois jours, il reviendrait d’entre les morts. Selon le Sanhédrin, cette possibilité n’était pas à exclure. Et si ce Jésus réapparaissait, alors, tout Jérusalem l’acclamerait comme le Messie. Voilà ce dont il avait une peur bleue !

Au lieu de s’appuyer sur la science et l’expérience humaine qui nous disent qu’une pareille chose n’arrivera sûrement pas, que les hommes ne sortent pas du tombeau comme ça, ils tenaient compte d’un miracle. Juifs religieux pratiquants, ils croyaient aux miracles.

Mais cet éventuel miracle de résurrection, ils voulaient l’éviter à tout prix.

Ils ont donc demandé à la préfecture romaine de mettre le tombeau sous haute surveillance. Quelques gaillards redoutables ont été dépêchés sur place, armés d’épées et de glaives. Si le défunt était si malin pour revenir à la vie, ces veilleurs de nuit l’empêcheraient de sortir de sa grotte tombale. Certainement.

Non seulement les Juifs, mais les Romains, eux aussi, croyaient que Jésus était bien capable de revenir à la vie. N’avait-il pas ressuscité un jeune homme en Galilée, et un certain Lazare dans la banlieue de Jérusalem ? 

Que s’est-il passé ?

Ce que les prêtres craignaient, et que les gardes romains étaient censés empêcher, s’est bel et bien produit : le Fils de Dieu est ressuscité. Personne n’a vu le Fils de Dieu revenir à la vie, personne ne l’a vu ôter ses bandages funèbres, personne ne l’a aidé à enlever la pierre pour sortir.

Le Seigneur de la vie n’en avait pas besoin, d’ailleurs !

Il est sorti sans que personne ne l’ait vu, et sans que la pierre n’ait bougé d’un pouce. Voilà le miracle pascal : une réalité qui va au-delà de la condition humaine.

Ce qui s’est passé à ce moment-là, est unique dans l’histoire de l’humanité. Dans aucune religion, un homme s’est montré plus fort que la mort. Toutes les religions espèrent en un au-delà, après la mort. Seuls, les chrétiens affirment que la mort en tant que telle est vaincue. Toutes les idéologies espèrent un monde meilleur, mais elles ne peuvent enlever le règne de la mort. Un chrétien croit au Seigneur qui a vaincu la mort, un chrétien est entré dans le Royaume de Dieu, un monde nouveau où la mort ne règne plus en maître. Tous les grands philosophes et tous les réformateurs du monde sont morts, Jésus est vivant pour toujours.

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