
« Je suis la vigne, vous êtes les rameaux. Celui qui demeure uni à moi, et à qui je suis uni, porte beaucoup de fruits, car vous ne pouvez rien faire sans moi. » (Jean 15.5)
Des images de disciples
Être disciple de Jésus, c’est être proche de lui au point que sa vie déborde en nous et autour de nous. Il ne s’agit pas de la façon dont les autres reçoivent ce fruit (avec joie ou méfiance, il n’y a qu’à regarder les réactions autour de Jésus, où se mêlent admiration et haine), mais du fruit porté qui découle de la relation avec Dieu par Jésus et dans l’Esprit. Comment évaluons-nous ce « fruit » porté par un disciple ? Qu’est-ce qui nous fait dire : « Oui, vraiment, cette personne brille pour le Seigneur ? »
Si la vigne et ses fruits sont une image, il en existe d’autres, notamment celle du serviteur : qui est le bon serviteur ? Pensez à ceux que vous connaissez : qui mettez-vous dans cette catégorie ?
Souvent, nous y mettrons ce membre d’Église qui s’investit dans la communauté. Cet homme ou cette femme qui s’engage auprès des jeunes, qui est à la sono tous les dimanches, celui qui prend le temps de passer un coup de fil aux personnes qui ne peuvent plus venir au culte, qui assume de lourdes charges administratives ou qui vient à toutes les rencontres de prière. Ces personnes consacrées, disponibles pour le service du Seigneur, sans qui l’Église aurait bien du mal à fonctionner. Et au-delà des actions ou des projets : le « fruit », pour revenir à la première image, peut renvoyer au caractère des personnes, à leur façon d’être en relation avec les autres, à leur capacité à chercher le bien même quand la situation est tendue.
Malheureusement, notre conception du bon serviteur se base souvent sur le peu de temps que nous passons avec les autres (quelques heures dans la semaine), mais nous avons peu d’idées de ce que nos frères et sœurs vivent le reste du temps. C’est une vision limitée ! C’est normal, nous avons un biais quelque peu empirique : nous nous basons sur ce que nous voyons. Et, comme nous voyons nos frères et sœurs lorsque nous sommes ensemble, nous nous formons une image qui repose en grande partie sur ce que nous vivons lorsque nous sommes ensemble. Mais comment nos frères et sœurs portent-ils du fruit au quotidien, dans ces 90-95, voire 99 % du temps où nous ne sommes pas rassemblés en Église ? Comment sont-ils témoins de la présence du Christ en eux, sur les chemins qu’ils empruntent au quotidien, sur les différents terrains d’engagement qui forment leur vie ? À l’extérieur de l’Église (bâtiment ou groupe), dans ce que certains appellent l’Église dispersée – c’est-à-dire lorsqu’ils sont dispersés dans leur vie quotidienne (on dit « Église » quand même, car l’Église ne s’arrête pas d’exister hors de nos rassemblements visibles !) –, les disciples dispersés se rassemblent en communauté, avant de se disperser à nouveau, comme dans un mouvement de respiration : recevoir/rassembler, envoyer/disperser).
La notion de disciple qui porte du fruit est aussi plus large que la notion de disciple faiseur de disciples, même si elle inclut le témoignage et l’évangélisation. Il y a dans l’idée de porter du fruit le fait que la présence du Christ en nous par l’Esprit va déborder de la sphère spirituelle, immatérielle, de notre relation avec Dieu, pour déboucher sur des manifestations concrètes (actes, paroles, postures). Et dans ce fruit qui honore Dieu, il y a un témoignage rendu à Dieu qui peut interpeller ceux qui nous entourent.
En effet, ne serait-ce que pour inviter votre voisine ou un collègue à un « Parcours Alpha », il vaut mieux que cette personne ait un minimum d’estime pour vous ! Son chemin avec Dieu ne dépend pas de vous, c’est le chemin de son cœur, mais pour entendre votre invitation à aller plus loin avec Dieu (peu importe le lieu), il vaut mieux que vous ayez du crédit à ses yeux ! Si cette personne vous évite, c’est impossible de l’inviter ! Plus notre évangélisation se vit auprès des proches – donc une évangélisation relationnelle –, plus le fruit que nous portons en tant que disciples du Christ, le fruit aux multiples facettes, est important pour donner du crédit au message que nous annonçons.
C’était un des accents du texte du CNEF sur l’élan missionnel commun : porter la mission du Christ dans une vie incarnée, crédible, même si nous avons nos failles.
1 % – 99 %
Michael Oh, directeur général du Mouvement de Lausanne, a pris conscience de l’étendue du champ de mission et de la place de nos frères et sœurs dans ce champ, notamment en comprenant que les seuls missionnaires, pasteurs et évangélistes ne suffisent pas pour irriguer l’ensemble des domaines de la société(1). Par contre, les membres de nos Églises, eux, de par leur profession et leurs engagements sociaux, démultiplient les points de contact. C’est ce qu’il appelle les 1 % (ministères rémunérés et officiels) et les 99 % (membres de nos Églises).
Cette prise de conscience rappelle l’affirmation de Paul dans la lettre aux Éphésiens :
« C’est Christ qui a fait des dons particuliers aux hommes : des uns il a fait des apôtres, d’autres des prophètes, d’autres encore des évangélistes, des pasteurs ou des enseignants. C’est ainsi qu’il a rendu le peuple de Dieu apte à accomplir son service, pour faire croître le corps du Christ. »
De quelle façon nos frères et sœurs, les 99 % du peuple de Dieu, accomplissent-ils leur service qui fait croître le corps du Christ ? Il ne s’agit pas seulement là d’édification, mais aussi de ...