Frères et sœurs,
Vendredi, nous lançons le programme “Elle & Lui”. Ce programme a pour intention d’apporter un supplément de vie aux couples. Ce n’est pas un programme pour les couples en difficultés. Il est pour tous les couples désireux de renouveler leur vie conjugale. C’est un bon investissement. Ce programme ne se justifie pas parce que le couple serait un idéal que l’Église devrait promouvoir, mais parce que la réalité est que nombre d’entre nous formons des couples, que ces couples peuvent recevoir une puissance de renouvellement en s’enracinant mieux dans l’Évangile.
Mais, je veux le dire clairement : l’état conjugal, le fait d’être un couple, n’est en rien un accomplissement supérieur au regard de l’Évangile. Ce n’est qu’une responsabilité supplémentaire. La Bible parle aussi de célibat : je vous propose donc que nous écoutions quelques paroles souvent délaissées.
Écoutons d’abord Jésus :
Lecture de Matthieu 19.10-12 :
« Ceux qui se font eux-mêmes eunuques pour le Royaume de Dieu » !!!
Cette parole résulte d’une remarque préalable non moins étrange de la part des disciples, après que les Pharisiens aient cherché à piéger Jésus avec cette fois-ci une question à propos de la répudiation.
Suite à la réponse de Jésus aux pharisiens (v.9), les disciples expriment leur perplexité : « Si telle est la condition de l’homme envers sa femme, il n’y a pas intérêt à se marier ».
Si je comprends bien, ils disent à Jésus : « ce que tu demandes là, la fidélité à une unique épouse, c’est trop demander, mieux vaut ne pas se marier ! ».
Certains courants du judaïsme avaient développé toute une argumentation permettant à un homme de divorcer pour convoler avec une autre. Jésus évoque cette question dans le sermon sur la Montagne, chapitre 5,31-32.
Maintenant Jésus répond aux disciples : est-ce que je vous demande trop en vous demandant cette fidélité ? Il évoque alors les eunuques, ceux qui le sont de naissance et ceux qui le sont devenus par violence afin d’obtenir des castrats. Nous connaissons l’Eunuque éthiopien (Ac 8), – mais peut être était-ce seulement un titre évoquant une ancienne pratique païenne : rendre eunuque un serviteur auquel on voulait confier de grandes responsabilités afin de lui éviter trop de convoitise vis à vis du harem de son maître.
À ces catégories, Jésus en ajoute une nouvelle : ceux qui se rendent volontairement eunuques à cause du Royaume des cieux.
Pour certains il évoquerait ici des pratiques d’ermites du type essénien.
Le sens de la réponse de Jésus serait alors : « Si je vous demande la fidélité et l’attachement, ce que je vous demande est moins exigeant que ce que vivent volontairement certains ermites ».
Je privilégie une autre lecture.
Qu’est-ce alors qu’être eunuque pour le Royaume des cieux ?
C’est une métaphore, je vous rassure – à ma connaissance les mutilations volontaires, en relation avec l’Évangile, ont été rarissimes. Ce langage métaphorique est illustré par une figure majeure : Paul.
Lecture de 1 Corinthiens 7.25-36 :
Métaphoriquement, Paul s’est fait eunuque pour le Royaume. Paul a délibérément choisi le célibat afin d’avoir une plus grande disponibilité pour servir Jésus-Christ. La prière qu’il fait monter vers le Seigneur 3 fois à propos de « son écharde dans la chair », pourrait avoir trait au combat qu’il mène pour se maintenir dans cet engagement malgré le désir qu’il éprouve en sa chair ? C’est là une hypothèse parmi d’autres.
Les Corinthiens posaient des questions sur ce qu’un chrétien devait envisager comme le juste avenir au regard de Dieu : célibat ou mariage ?
Paul les conseille. Il les conseille avec beaucoup de sensibilité. Il ne leur impose rien. Il leur brosse les avantages et les inconvénients de chacune des situations.
Son enseignement nous conduit à réfléchir sur l’engagement que nous avons pris, ou sur celui qui est encore ouvert.
Paul lui même à fait un choix, le célibat et, contrairement à ce que l’on entend parfois, ce n’est pas par misogynie. Il a fait le choix du célibat pour être totalement disponible dans le service de l’Évangile. Il n’a pas les préoccupations et les obligations légitimes d’un homme marié, lequel ne pourra pas prendre une décision lourde de conséquences sans avoir réfléchi et discuté avec son épouse des conséquences de ces décisions dans leur vie conjugale et familiale. Paul l’exprime ainsi : « Celui qui n’est pas marié a souci des affaires du Seigneur : il cherche comment plaire au Seigneur ». Cela ne veut pas dire que les mariés ne cherchent pas à plaire au Seigneur aussi, mais que leur liberté de servir est nécessairement et légitimement réduite au regard du service de celui qui a choisi le célibat pour cette disponibilité.
Ce qui nous gène avec Rome, ce n’est pas le célibat des prêtres. C’est l’obligation de ce célibat.
Au chapitre 9, verset 5 Paul évoque son droit d’avoir à son côté, une « femme-sœur ». La TOB traduit : « une femme chrétienne » et la NBS : « une sœur en tant qu’épouse », ainsi que le font les autres Apôtres, les frères du Seigneur et Céphas (Pierre). Paul pourrait ne pas être célibataire, mais c’est un choix fait pour un service plus disponible.
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