Texte de prédication : Aimer en action et en vérité

Extrait Texte de prédication 1 commentaire

Mattieu 5.38-48, 1 Jean 3.16-18, Luc°10.29-37

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Texte de prédication : Aimer en action et en vérité

Le problème, avec Martin Luther King, c'est qu'il est un extrémiste.
Le problème avec Jésus, c'est que c'est aussi un extrémiste... Le texte que nous venons de lire le montrent bien. Tendre l'autre joue à celui qui vous frappe, laisser son vêtement à celui qui vous prend votre chemise, donner à celui qui vous demande. Aimer ses ennemis, prier pour ceux qui vous font souffrir. Comment, nous qui sommes des gens raisonnables, sérieux, modérés, pouvons-nous entrer dans de tels excès ? Et d'abord, si tout le monde faisait comme cela, que se passerait-il ?

Nous savons tous que Jésus nous a beaucoup parlé d'amour. Et, dans notre esprit, il n'y a pas de discours plus consensuel. Qui pourrait être contre ? Aimer son prochain comme soi-même. Si tout le monde faisait cela, le monde irait mieux. Voilà ce que l'Église devrait prêcher. Et, en fait, c'est souvent cela qu'elle prêche effectivement. Vous vous rappelez sans doute ce maître de la loi, dans l'évangile de Luc qui posa cette question à Jésus : « Et qui est mon prochain ? » Cela voulait dire : « D'accord, j'ai bien compris que je devais aimer mon prochain comme moi-même, c'est d'ailleurs ce que dit la loi, mais de qui s'agit-il, jusqu'où va ce commandement ? À partir de quand puis-je ne plus aimer en toute bonne conscience ? Qui est digne d'être mon prochain ? » Et Jésus lui répond par la parabole du bon Samaritain. Et la réponse va faire exploser la question. Vous vous souvenez : un homme, sur la route de Jérusalem à Jéricho, se fait agresser par des brigands qui le laissent pour mort. Des gens très bien passent sur cette route et ne font rien. Un Samaritain passe à son tour, s'arrête, lui donne les premiers soins, met le blessé sur son âne et l'amène à la maison des voyageurs. Là, il donne même de l'argent pour l'on prenne soin de lui. Ce que nous oublions, c'est qu'il s'agissait d'un Samaritain. Ou, du moins ce que cela veut dire, car ce mot ne signifie plus pour nous ce qu'il signifiait pour les auditeurs. La scène n'est composée que de Juifs : le maître de la loi, les auditeurs, Jésus lui-même, tout le monde appartient au peuple d'Israël. Et pour ces gens-là, un Samaritain, c'est un hérétique et quelqu'un d'impur. On faisait de grands détours pour ne pas traverser cette contrée par peur de se souiller. Or, Jésus prend comme modèle un Samaritain qui va se comporter mieux que les prêtres et les lévites. C'est un peu comme si, à nous, Jésus nous présentait cette parabole : un pasteur évangélique passait sur la route et ne fit rien, un prof de la faculté de théologique évangélique passa à son tour et ne fit rien. Un musulman de passage, lui, s'arrêta, prit le blessé dans sa voiture, etc. Et Jésus conclut : « À ton avis, lequel des trois voyageurs a été le prochain de l'homme attaqué par les bandits ? Le maître de la loi répond : c'est celui qui a été bon pour lui ». Alors Jésus lui dit : « va et, toi fais la même chose ».

La question n'est donc plus « et qui est mon prochain », mais : « comment devenir le prochain de celui que nous rencontrons et qui a besoin de nous, quel qu'il soit ».

Les limites que l'on pourrait mettre à l'amour sont donc pulvérisées. Et on comprend mieux alors cet autre enseignement de Jésus dans le sermon sur la montagne : « aimez vos ennemis, priez pour ceux qui vous font souffrir ». L'amour du semblable, du proche, nous est plus naturel ; il faut bien le reconnaître. C'est vrai, mais Jésus lui-même remarque : « si vous aimez ceux qui vous aiment, que faites-vous de plus que n'importe qui ? » C'est en effet ainsi que tout le monde se comporte. Vous direz peut-être : mais comment est-ce possible ? Jésus ne nous demande-t-il pas quelque chose d'inaccessible ? Martin Luther King a répondu aussi à cette question : comment aimer les membres du Ku Klux Klan, ceux qui lynchent les noirs, font sauter leurs maisons ?

Comment aimer ses ennemis ? Il répond ceci : « Le mot amour n'a rien à voir ici avec une quelconque émotion tendre ou sentimentale. Il serait absurde d'exiger des gens qu'ils éprouvent une chaude affection pour leurs oppresseurs. Dans notre contexte, amour signifie compréhension, bonne volonté rédemptrice [...] C'est un amour débordant, qui jaillit spontanément et sans raison, gratuit, créateur. Les qualités ou les fonctions de celui qui en est l'objet n'entrent pas en ligne de compte » (Prier 15 jours avec Martin Luther King, p. 64). Aimer, c'est donc vouloir du bien parce que Dieu est amour et parce que l'autre est, comme je le suis moi-même, un pécheur qui a besoin du pardon de Dieu.

Selon Jésus, en aimant son ennemi, on se comporte comme Dieu lui-même qui aime les hommes, les bons et les méchants et alors qu'ils sont encore ses ennemis. C'est une invitation à être parfait comme notre Père dans les cieux est parfait. Vous vous souvenez bien que cela ne veut pas dire tout supporter sans rien dire, le mal que l'on vous fait ou le mal qui est fait à d'autres devant nous. La recherche de la justice est un devoir, de même que la dénonciation des injustices que d'autres peuvent subir devant nous. Mais ce refus de la violence est le signe de ce qui est cherché en profondeur. Ce n'est pas la victoire des uns sur les autres, des noirs contre les blancs en l'occurrence pour Martin Luther King, ou des bons contre les méchants, mais le but est la recherche d'une communauté réconciliée dans laquelle les uns et les autres pourront vivre ensemble. Le but est le changement de l'adversaire, sa conversion et non son écrasement ou même sa défaite. Voilà ce que nous sommes appelés à vivre. Nous sommes invités par le Christ à le vivre entre nous dans l'Église comme l'apprentissage de ce que nous aurons à vivre plus largement. Mais ensuite, justement, nous sommes appelés à vivre cet amour radical (extrémiste) dans le monde, le bon Samaritain étant l'exemple-même que cet amour concerne tous les hommes autour de nous et tout particulièrement les petits et les blessés.

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Commentaires

koflikodjo

29 April 2014, à 21:19

j'aime les cahiers de l'Ecole Pastorale pour les sujets importants qu'ils traitent; cela nous illucide et nous apporte un plus chaquefois

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